Le président de la République, IBK, est soupçonné par les représentants de la communauté internationale de parler dans leur dos pour insinuer qu’ils sont de mèche avec les groupes armés. Dans ses adresses publiques en français, il prend soin d’entourer ses propos de toute la courtoisie diplomatique à leur égard, mais suivent le plus souvent un langage beaucoup plus critique en langue nationale. Le hic c’est que parmi les Américains de nombreux diplomates maitrisent le bambana.
Tissage dans l’indifférence
Le Rassemblement Pour le Mali, parti majoritaire depuis les dernières élections générales, est entré de plain-pied dans un processus de sa restructuration. Une œuvre qui consiste à sillonner le pays de long en large pour réveiller les sections, sous-sections et comités longtemps endormis et qui existaient à peine avant le sacre de la présidentielle et des législatives. Mais l’incongruité vient du fait que même la situation dramatique actuelle du pays ne fait observer une trêve aux Tisserands. Ils continuent à tisser comme si de rien n’était.
Le président Abdel Aziz à Kidal, comment le comprendre ?
La situation au nord du Mali enregistre en continue des développements tout à fait inattendus de mémoire d’homme.
La semaine dernière, plus précisément le 17 Mai 2014, les groupes armés désormais sous le contrôle du Mnla en territoire malien s’opposèrent farouchement à la visite du Premier ministre Moussa Mara avec à la clé une violence inouïe causant des morts parmi les civils et les militaires. Mardi dernier, c’est une seconde escalade avec en sus d’énormes pertes en vies humaines.
Les observateurs d’ici et d’ailleurs n’ont même pas encore fini d’évaluer les conséquences de cette mauvaise nouvelle donne que la visite du président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, 48 h après ces graves évènements, qui heurte l’amour propre des Maliens, survient comme un geste de solidarité envers un voisin en proie à un conflit interne séculaire.
D’emblée, il faut rappeler que le chef de l’Etat mauritanien est président en exercice de l’Union africaine. A ce titre, il porte une double casquette. Visiblement, les autorités maliennes voient là une implication susceptible d’influer favorablement sur la pourriture latente au Nord. Mais, il y a un détail troublant : le président mauritanien a pu se rendre facilement à Kidal, sans que la Minusma et le Serval ne se déclarent incapables d’assurer sa sécurité. Qui plus est, aucun groupe armé n’a levé le petit doigt pour protester. Alors que le président du Mali, Ibrahim Boubacar Keïta, a publiquement dit qu’il ne peut pas se rendre dans l’immédiat à Kidal pour raison de sécurité et il y envoya son palefrenier.
Vu les conséquences ayant sanctionné la visite du chef du gouvernement malien et la facilité avec laquelle le président mauritanien s’y est rendu, toute la communauté nationale et internationale ne peut pas ne pas se passer de certaines questions troublantes : Kidal est-elle encore dans le Mali ? Comment interpréter la venue de Mohamed Ould Abdel Aziz ? Est-ce le président en exercice de l’Union africaine qui est y accueilli pour donner une chance aux négociations de paix ? Est-ce le président d’un pays parrain du Mnla qui y est allé pour dire la vérité aux leaders du mouvement ?
Tout le monde sait que le président mauritanien, après avoir longtemps demandé aux autorités maliennes d’alors de s’opposer par la force à la présence des groupes armés, avait fini par se brouiller avec elles à juste titre. Cette réaction de dépit avait d’ailleurs amené la Mauritanie à tendre la main au Mnla. C’est ce qui leur avait permis de s’y réfugier avec armada et bagage, juste après avoir été balayé par leurs alliés d’hier, à savoir les islamistes d’Aqmi et du Mujao.
Aujourd’hui, les Maliens se demandent légitiment ce que Abdel Aziz à imposer à ses anciens protégés ? Le Mali peut-il se réjouir d’avoir son sort entre les mains d’un tel ami ?
L’autre disait souvent : «Lorsque la personne a certains types d’amis, elle peut se passer de ses ennemis». Tous les Maliens espèrent que les amis mauritaniens sont d’une autre nature.
Mamadou Diakité
SOURCE:L’Essor