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Dans la perspective de l’après- présidentielle 2018 : Le défi d’améliorer la gouvernance et faire oublier le quinquennat passé

Avant les résultats provisoires de ce second tour de la présidentielle 2018, qui a opposé, comme en 2013, IBK à Soumaïla Cissé, les regards commencent à se tourner vers l’avenir du pays. Et le moins qu’on puisse écrire est de plaider pour que la gouvernance du pays s’améliore afin que de faire oublier le quinquennat 2013-2018.

Le second tour de l’élection présidentielle 2018 a vécu le 12 août dernier. Ce scrutin s’est tenu, de l’avis de tous les observateurs, dans des conditions nettement améliorées que le 1er tour. D’environ 800 bureaux privé du vote le 29 juillet (1er tour), l’on est passé à près de 500 bureaux de vote fermés. En plus, les cas de bourrages d’urnes semblent peu nombreux, de même que des achats de conscience. On en déduit que le second tour est largement plus acceptable que le premier. Ce qui doit conduire à un sursaut patriotique à accepter les résultats pour remettre le pays sur les rails de la sortie de crise et du développement. Même si les deux camps se réclament la victoire, il est presque certain que IBK ne lâchera pas prise et va finir par se succéder à lui-même. N’en déplaise aux éventuelles manifestations de rue, que le pouvoir sortant menace, du reste, de réprimer. Ceci, eu égard au discours menaçant du président IBK le vendredi dernier sur les berges du Djoliba et la posture du ministre de la Sécurité en tenue militaire lors de sa récente sortie face à la presse. Le pays a-t-il besoin aujourd’hui d’une déflagration sociopolitique ? Rien n’est moins sûr. L’on ne peut que plaider pour que les résultats soient des plus authentiques reflétant la volonté réelle des populations et que la Cour constitutionnelle fasse preuve de professionnalisme avéré pour rassurer les uns et les autres. Cap donc sur l’avenir du Mali, encore meurtri par la crise sécuritaire et son lot d’affrontements interethniques dans le centre et ailleurs.

Il faut avouer que le plus grand défi qui pointe à l’horizon est la capacité de la future nouvelle équipe dirigeante d’améliorer la gouvernance du pays. Il y a un besoin chez les Maliens de voir leur pays géré de façon saine, sans des cas de scandales, de corruption, de népotisme et de favoritisme. C’est en cela qu’il faut comprendre la grande soif de changement exprimée à travers ce scrutin présidentiel.

En effet, le grand nombre, 24, de prétendants à la présidence est le symbole d’un désir ferme de mieux faire. Les 23 postulants qui affrontaient tous IBK au premier tour est l’expression d’un appel à changer la méthode de gestion des affaires publique. Même si le candidat Soumaïla Cissé ne parvenait pas à impulser ce changement, il est de notoriété qu’IBK est loin d’avoir combler les attentes de ses concitoyens. Nombreux sont ceux qui ont voulu qu’IBK rempile non par conviction, mais faute d’une meilleure offre, faute d’une meilleure assurance fédératrice des forces politico-sociale du pays. C’est ce qui transparent dans le refus de consigne de vote des nombreux candidats surtout les deux faiseurs de rois, Aliou Diallo et Dr Cheick Modibo Diarra. Ils ont craint un éventuel remplacement d’IBK par Soumaïla. En clair, ils aspirent à changer mais hésitent à faire propulser le chef de file de l’opposition au palais de Koulouba pour relayer l’actuel locataire des lieux…

Cette phase de choix politique montre que le Mali est aujourd’hui très divisé. Le prochain président doit gouverner comme chef d’orchestre d’une transition politique qui ne dit pas son nom. Il devra rassembler les bords politiques éprouvés, instaurer une charte de bonne gestion, châtier d’éventuels fossoyeurs des deniers et enclencher une nouvelle dynamique de résolution de la crise sécuritaire. Ce chantier passera par les prochaines élections législatives, qui risque de ne pas être aisées pour le camp du président sortant. Même si IBK se fait réélire, sa coalition de soutien Ensemble pour le Mali (EPM) pourrait perdre des plumes en termes de représentativité parlementaire. Des pôles politiques comme l’ADP-Maliba d’Aliou Diallo, l’alliance YELEMA-RpDM autour du Dr Cheick Modibo Diarra pourraient émerger à l’Hémicycle. Sans compter le bloc URD-PARENA qui pourrait se durcir… Bref, l(on peut assister à une nouvelle recomposition de la classe politique, qui ne facilitera pas nécessairement l’action des gouvernants.

Par ailleurs, les Maliens seront plus exigeants et n’hésiteront pas à développer des réflexions de contestation et de défiance du pouvoir. Cette attitude sera plus prononcée si c’est IBK qui est réélu et sera dans son ultime mandat. En même temps, il n’est pas exclu que dans ce schéma, la gouvernance néglige son devoir de rendre compte, le président étant assuré qu’il n’a plus rien à perdre. Dans ce cas, le chef de l’exécutif, le Premier ministre et/ou l’éventuel dauphin et certains leaders politiques enclencheront rapidement la bataille de positionnement et de succession. Toute chose accentuera les défis d’une meilleure gouvernance du pays. D’ores et déjà, le moins qu’on puisse dire est que le président malien du quinquennat 2018-2023 aura plus que du pain sur la planche.

Boubou SIDIBE

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