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Crises successives au Mali : Refonder ou périr !

Les membres du Groupe de réflexions, d’analyses et d’initiatives novatrices (GRAIN) ont organisé une table ronde sur la refondation au Mali, du 2 au 3 octobre 2020, à l’hôtel Azalaï Salam de Bamako. L’objectif général de cette table ronde est de contribuer à la réflexion sur les pratiques politiques et institutionnelles dans le pays et proposer des pistes pour le renouveau de la gouvernance au Mali. Il ressort de la cérémonie d’ouverture de cette table ronde que pour une sortie de crise au Mali, il s’agira de « refonder ou périr ». Et selon l’ancien ministre, Ousmane Sy, cette crise doit être une opportunité pour amorcer une véritable refondation du Mali. « Aujourd’hui, la maison Mali est fissurée. Cette maison Mali a besoin de refondation parce qu’elle est fissurée », a précisé l’ex ministre Ousmane Sy.

Cette table ronde a rassemblé plusieurs personnalités dont Birama Sidibé, Baba Dakono du GRAIN, l’ancien ministre Ousmane Sy, l’ancienne ministre, Mme Diallo Dédia Mahamane Kattra, Me Abdourhamane Mamata Touré, Mossadeck Bally, Mme Derremaux, Bréhima Ely Dicko, les responsables des Mouvements armés (Me Harouna Toureh de la Plateforme et Sidati Brahim de la CMA). Quatre thématiques ont été débattues par les participants (La République et ses fondements en question. Quel modèle d’État et de démocratie pour le Mali plus uni et en paix ? Quelles options et stratégies de développement pour un Mali souverain et prospère ? Quelle place pour la coutume et la religion dans le Mali moderne ?). Après les mots de bienvenue de Birama Sidibé, une présentation a été faite par l’ancien ministre, Ousmane Sy sur la refondation.  « Il est temps de faire cette crise une opportunité », a souligné Ousmane Sy. Selon lui, il ya une crise de confiance entre l’Etat et les communautés de base. A l’en croire, il y a eu 4 coups d’Etat et 3 rebellions au Mali. « Ce n’est pas la crise qui est grave mais c’est plutôt ne pas savoir sortir de la crise qui est grave », a-t-il dit. Pour Ousmane Sy, la perte progressive du contrôle de l‘Etat de ses territoires est évidente. « La crise est profonde. Le Mali est dans une rupture permanente. Aujourd’hui, la maison Mali est fissurée. Cette maison Mali a besoin de refondation parce qu’elle est fissurée. Le Pays est né avec ses problèmes. Chacun a fait le combat de son temps… », a déclaré Ousmane Sy. Il a mis l’accent sur l’instabilité chronique, l’émiettement du territoire. « Nous avons du mal à contrôler ce territoire », a-t-il dit. A ses dires, ce qui se joue aujourd’hui, c’est la cohésion et le vivre ensemble. Pour preuve, dit-il, la région de Mopti (6ème région administrative du Mali) est en train de se perdre. « Il faut aller vers une République plus inclusive. Il faut un Etat rassembleur », a conclu le présentateur Ousmane Sy. Dans un document sur la refondation remis à la presse, il est écrit noir sur blanc qu’une 4ème  République s’impose pour reconstruire le Mali nouveau. «Toute sortie durable de la crise par le haut demandera du temps et de l’endurance, et exigera de s’attaquer sans réserve à toutes ses causes. Pour ce faire, il faut avoir conscience qu’en raison de sa profondeur, la crise actuelle a révélé la grande fragilité de l’État, de ses institutions, et même de la société malienne. Il y a un consensus sur l’état de la crise, cependant une unanimité sur son étendue et sa profondeur ne veut nécessairement pas dire, pour autant, une unanimité sur les solutions à y apporter…Il faut oser engager un processus courageux de co-construction du changement politique, économique et social en impliquant toute la population et à toutes les échelles du territoire national », révèle le document sur la refondation de l’Etat au Mali. Ce document indique que le pouvoir judiciaire doit être sous l’autorité d’une institution composée d’élus dont il faut définir la composition, le mode d’élection et l’organisation. « La Cour constitutionnelle doit redevenir un Conseil de sages et non uniquement un lieu de pouvoir des seuls magistrats et assimilés. Il s’agira plus pour elle de chercher à préserver l’unité et la stabilité de la nation que de juger ou chercher à plaire à un quelconque pouvoir en place. Enfin, il est nécessaire et urgent de réduire le nombre des institutions de la République et de veiller à la modestie de leur train de vie. Ce train de vie doit se conformer aux possibilités réelles du pays si nous voulons être souverains et respectés par les autres », indique ledit document. Le document prône également la réduction des coûts des élections. « Pour conforter la légitimité des élus, il faut donc aller à l’inscription volontaire sur les listes et fixer un taux de participation minimum en dessous duquel le résultat du vote n’est pas validé. Le vote doit devenir obligatoire. L’organisation des élections par un organisme indépendant aura le double avantage d’éviter les accusations de manipulation réelle ou imaginaire des agents de l’administration et enlève la passion politicienne aux débats sur l’organisation administrative du territoire », précise le document. Le Mali est à un tournant décisif de son avenir. « Quelqu’un a déjà écrit, concernant la sortie de crise au Mali, qu’il s’agit de « reformer ou périr ». Je dirais moi de « refonder ou périr », car l’existant politique et institutionnel est dépassé et même détruit en raison des évolutions internes du pays et du monde. Le maintien du statut quo en cours est intenable car il n’est pas améliorable. Aucun retour aux systèmes du passé n’étant possible, il faut donc oser aller de l’avant vers le changement, la sortie de crise nous en donne l’opportunité. Évitons, encore une fois, d’installer notre pays dans un immobilisme accommodant. C’est un signe de paresse et de dépendance intellectuelles en laissant aux autres le soin de penser et décider du futur du Mali à la place des Maliennes et Maliens. Prenons courageusement en main le destin du pays en allant de l’avant vers un véritable dialogue refondateur (cette fois-ci national et inclusif) de l’action publique qui reste la seule alternative pour le sauver durablement », conclut le document sur la refondation élaboré par GRAIN.

Aguibou Sogodogo 

Source: Le Républicain-Mali

 

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