Une alerte médicale aux allures de choc national : Mme Bouaré Fily Sissoko, ancienne ministre de l’Économie et des Finances, a été hospitalisée en urgence ce mardi 15 avril 2025 à l’Hôpital du Mali. Placée en détention préventive depuis plus de trois ans dans le cadre du dossier explosif lié à l’acquisition de l’avion présidentiel et à des achats d’équipements militaires, la santé de l’ancienne responsable s’est brusquement détériorée ces derniers jours.
Bamada.net-Selon plusieurs sources indépendantes consultées par Bamada.net, le pronostic vital de Mme Sissoko serait sérieusement engagé, ce qui a nécessité son transfert rapide depuis la prison pour femmes de Bollé vers le centre hospitalier national. Une évacuation qui survient dans un climat tendu, alors que la gestion des détenus malades par l’administration pénitentiaire fait de plus en plus débat au sein de l’opinion publique.
Une détention prolongée, une santé fragilisée
Depuis son incarcération en août 2021, Mme Bouaré Fily Sissoko a toujours rejeté les accusations portées contre elle, affirmant son attachement à la transparence dans la gestion publique. Mais derrière les murs de la prison, le temps a fait son œuvre. L’ancienne ministre aurait, selon nos informations, développé plusieurs pathologies chroniques non traitées adéquatement, faute d’un suivi médical spécialisé.
Son état aurait empiré récemment, poussant ses avocats à intensifier les démarches pour obtenir une prise en charge médicale appropriée. Sans succès jusqu’à présent, ces tentatives ont été marquées par des refus répétés des autorités judiciaires, arguant de la nécessité de maintenir la détention pour garantir le bon déroulement de l’enquête.
Une affaire aux résonances douloureuses
L’épisode ravive de tristes souvenirs dans la mémoire collective malienne. Le décès en détention de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga en mars 2022, après des signaux d’alerte restés lettre morte, hante encore l’institution judiciaire. À l’époque déjà, les critiques étaient virulentes contre une justice accusée de faire passer la sévérité avant l’humanité.
Dans le cas de Mme Sissoko, des ONG nationales et internationales ont récemment tiré la sonnette d’alarme, évoquant un risque réel de récidive du passé. Le Réseau malien pour les Droits de l’Homme (RMDH) a notamment dénoncé une « indifférence institutionnelle face à une urgence humanitaire », appelant à un changement de paradigme dans le traitement des détenus à risque médical.
Un possible tournant judiciaire ?
L’évacuation à l’hôpital pourrait marquer un tournant décisif dans le traitement de cette affaire sensible, tant sur le plan judiciaire que politique. D’après certaines indiscrétions relayées par nos confrères proches du palais de justice, une demande de mise en liberté provisoire pour raisons de santé serait à nouveau à l’étude.
Une telle décision, si elle est prise dans les prochains jours, ne signifierait pas la fin des poursuites, mais permettrait à l’ancienne ministre de bénéficier de soins en dehors du cadre carcéral, en attendant l’issue de son procès. Pour ses proches et ses défenseurs, ce serait un pas vers la reconnaissance de sa dignité humaine, au-delà des clivages politiques.
L’équilibre entre justice et humanité en question
Le cas Bouaré Fily Sissoko met en lumière un dilemme récurrent dans les États confrontés à des transitions judiciaires complexes : comment faire respecter le droit sans sacrifier la vie ? Le maintien en détention des personnes gravement malades, même lorsqu’elles ne sont pas condamnées, alimente un sentiment croissant d’iniquité.
« On ne peut pas parler de refondation si la justice continue de fonctionner sur la base de la vengeance ou du symbole », explique un analyste juridique interrogé par Bamada.net. « Dans un État de droit, la santé d’un détenu ne peut jamais être accessoire. »
Une onde de choc politique
Au-delà du volet judiciaire, l’évacuation de Mme Sissoko résonne aussi dans les cercles politiques, où certains y voient un test pour la crédibilité des institutions. Si les autorités persistent dans un refus de libération, malgré les alertes médicales, elles risquent de s’attirer les critiques de la communauté internationale déjà attentive au respect des droits humains dans la transition malienne.
En attendant, Mme Bouaré Fily Sissoko reste en observation à l’Hôpital du Mali, entourée d’un important dispositif sécuritaire. Son avenir, médical comme judiciaire, demeure incertain. Mais une chose est sûre : le traitement de son cas fera date dans l’histoire contemporaine de la justice malienne.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net