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Crise éducative au Mali : Comment en sommes-nous arrivés là ?

Au Mali, le secteur éducatif semble être un secteur « laissé-pour-compte ». La qualité reste peu admirable. Il importe alors de trouver à cette situation une solution rapide pour redorer l’image de l’éducation au Mali.

 

La fuite des responsabilités, la course au profit, le manque de contrôle… ont créé une situation peu reluisante pour l’éducation malienne. Tout le monde parle de crise scolaire sans en arriver à une proposition concrète de sortie. Un phénomène qui mérite pourtant assez d’attention.

Au Mali, tout porte à croire que les écoles sont devenues une fabrique de diplômes et non de formation de qualité. D’où l’usage de la « politique de chiffre », selon Dr Brema Ely Dicko. En effet, les autorités en charge de l’éducation misent plutôt sur le taux de réussite que sur la qualité de l’enseignement dispensé. Or, il n’est de secret pour personne qu’avec des effectifs pléthoriques dans les salles de classe et de la médiocrité cultivée chez les enseignants depuis des années, nul besoin dans ce contexte d’espérer sur la qualité, selon l’ex-Premier ministre du Mali Moussa Mara.

L’origine de toute cette situation est à rechercher auprès des premiers dirigeants de la démocratie malienne, notamment Alpha Oumar Konaré qui a initié la politique de « Un village, une école ». Cela pour dire que les portes des écoles ne doivent pas rester fermées à aucun enfant parce que tous les enfants ont droit à l’éducation,  une éducation de qualité surtout. À quoi bon de réunir des enfants dans des salles de classe si nous sommes incapables de leur donner le niveau adéquat pour analyser et comprendre leur monde comme l’a signalé Joseph Brunet-Jally, consultant et enseignant en Sciences Po à Paris, dans une de ses publications récentes ?

Selon Dr Bréma Ely Dicko, les problèmes cardinaux de l’éducation malienne constituent entre autres : la prolifération des écoles privées qui sont plutôt des lieux de business que de formation de qualité, le manque de contrôle soutenu de ces écoles, le manque de contrôle des parents d’élèves, l’instabilité des réformes de l’éducation, etc. Selon ce chercheur en sociologie, tous ces problèmes sont survenus suite à la démocratisation de l’école malienne qui a marqué la fin du monopole de l’État sur la formation au bénéfice des bailleurs de fonds.

Les écoles sont devenues du coup des moyens de commerce. N’importe qui est susceptible de devenir enseignant ou d’ouvrir une école. Conséquence, des écoles fictives font leur apparition. L’essentiel n’est plus de donner le niveau, mais tantôt de courir derrière le programme ou tantôt de faire les examens même si les cours dispensés restent assez minimes comme il nous a été donné de le constater cette année. Une situation qui ne peut que conduire l’éducation dans le chaos.

La question du volume horaire

Il convient de noter avec  le porte-parole des syndicats signataires de l’éducation du 15 octobre 2016, Adama Fomba, qu’au niveau du CAMES, pour qu’une année soit déclarée valide, il faut 25 à 32 semaines de cours. Un volume horaire qui est rarement atteint dans les écoles maliennes en raison des grèves intempestives. « […] La norme de 850 à 1 000 heures de cours effectives annuelles a été retenue par les instances internationales (UNESCO, Banque mondiale) comme la durée minimale nécessaire pour atteindre une éducation de qualité dans l’enseignement primaire », disait également Fatou Niang dans un article intitulé « La gestion du temps scolaire à l’école primaire au Sénégal : entre normes internationales, politiques nationales et logiques locales », revues Tiers Monde, 2015/3 N° 223 | Pages 127 à 146. Enfin, comment le gouvernement doit s’y prendre ?

Misons sur la qualité

Il importe face à toutes les images négatives que donne l’école malienne aujourd’hui de part et d’autre le monde que les autorités sortent de leur logique d’enrichissement au détriment de l’avenir des enfants pour instaurer une vraie politique d’éducation de qualité. Pour ce faire, le président du parti Yelema, le changement suggère, malgré la « massification de l’enseignement », d’encourager la compétitivité dans les écoles en ne faisant passer à la classe supérieure que les plus méritants et en redoublant voire excluant ceux qui ne travaillent pas.

En effet, devant des classes surchargées, rarement on fait redoubler des élèves notamment dans les écoles publiques. On voit comme une obligation de faire passer les uns à la classe supérieure pour céder la place aux arrivants.

L’État doit sortir de cette logique. Comme un acheteur ou un vendeur sur le marché, il doit imposer la qualité comme exigence pour prétendre atteindre l’excellence qu’il dit rechercher. Cela pourra faire de l’école malienne une école compétitive qui fera parler d’elle.

L’engagement de tous

Ce n’est pas tout. Il importe également pour la bonne cause de l’école malienne que tous les acteurs s’impliquent : parents, enseignants, partenaires techniques ou financiers, l’État, etc. Chacun doit jouer sa partition pour l’instauration de la qualité dans nos écoles. Comme souligné par le Pr Issa Ndiaye, Docteur en philosophie et auteur de deux livres sur la démocratie, les populations ne doivent plus être de simple receveur de programme ou de système tout fait, il faut les impliquer dans leur conception. En les responsabilisant, chacun saura que pour la bonne réussite de l’éducation, ils ont tous leur part à jouer.

Fousseni TOGOLA

Source : Le Pays

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