La capitale est devenue invivable pour beaucoup de personnes en raison de la cherté de la vie liée à des difficultés pécuniaires. Pour des raisons que seuls les économistes peuvent expliquer, l’argent a disparu de la circulation, ce qui ralentit les activités commerciales et économiques dont dépend la majeure partie de la population du Mali. En attendant un miracle, la situation devient une urgence.
Les commerçants sont les premiers à crier leur galère dans un pays où le tissu industriel est en lambeau. Ce secteur qui est une niche d’emplois pour les jeunes diplômés et non diplômés est le baromètre de la société malienne qui paye les frais de la déconstruction des grandes entreprises nationales. La crise qu’il traverse est donc ressentie par les Maliens de façon générale.
Les seuls secteurs qui marchent sont entre les mains d’investisseurs étrangers qui ne distribuent qu’une faible partie de leurs revenus. Les entreprises de télécommunications bénéficient d’une grande partie des dépenses individuelles et collectives, mais le nombre d’emplois créé n’est pas proportionnel à la somme d’argent collectées auprès des populations.
La crise pécuniaire actuelle n’est que le prolongement d’une aliénation économique que l’ancien président ATT qualifiait ironiquement de « volontaire ». En effet, chaque Malien dépense plus pour les sociétés de téléphonie mobile que pour les frais de nourriture. Ainsi les compagnies étrangères qui détiennent les trois entreprises de télécom au Mali s’enrichissent alors que la population se paupérise davantage. C’est le sauve qui peut !
L’autre facteur aggravant de la dèche est la crise qui secoue le pays depuis 2012 où les hordes coalisées de djihadistes et d’aventuriers du MNLA ont envahi le pays. Dès lors, le tourisme et le commerce dont dépendait l’économie des villes du Nord et du centre sont complètement ruinés à cause de la violence et des incertitudes de la gouvernance.
Les hôtels ont pu trouver une opportunité dans l’arrivée des forces étrangères engagées dans la lutte contre le terrorisme. Par contre, les agences de tourisme, les guides et autres professionnels vivant du tourisme sont devenus des laissés pour compte. Les ministres et les autorités qui sont censés donner l’exemple pour relever le tourisme à travers la consommation locale ont tourné le dos au « consommer malien ».
L’agriculture qui doit donner plus pour le bonheur national est encore dans des difficultés liées à la mauvaise gouvernance. L’Etat met près de 15 % du budget national pour l’agriculture, mais il ne fait rien pour promouvoir l’agro-industrie. Même si les subventions étaient utilisées à bon escient, le secteur agricole serait incapable de sortir les gens de la galère sans effort pour la chaine de valeur.
Bamako est dur, dur plus que cailloux, estime ce fonctionnaire à la retraite. Aliou Diallo pointe un doigt accusateur sur le système mis en place par l’actuel gouvernement. Comment se fait-il qu’une même personne dirige l’hôtel des finances et en même temps la primature, dans un pays en pleine crise. Il lui sera difficile de s’occuper de la crise intercommunautaire et en même temps mobiliser les ressources financières.
Source : La Sirène