Suivez-nous sur Facebook, Telegram, WhatsApp pour ne rien rater de l'actualité malienne

Crise à la plus grande mine d’or du Mali : l’État prend le contrôle temporaire du complexe Loulo-Gounkoto, Barrick contre-attaque en arbitrage international

Une décision historique secoue actuellement le secteur minier malien. Le Tribunal de commerce de Bamako a tranché ce lundi 16 juin 2025 : la mine d’or de Loulo-Gounkoto, détenue à 80 % par le géant canadien Barrick Gold Corporation et à 20 % par l’État malien, est placée sous administration provisoire pour une durée de six mois. Un coup de théâtre judiciaire qui marque un tournant dans le bras de fer juridique et économique entre le Mali et l’un de ses plus anciens partenaires miniers.

Un site stratégique paralysé depuis janvier

Bamada.net-Le complexe Loulo-Gounkoto, situé dans la région de Kayes (Ouest du Mali), constitue l’un des plus vastes gisements aurifères du continent africain, avec une contribution majeure aux recettes fiscales du pays. Mais depuis janvier 2025, l’activité minière y est complètement à l’arrêt, conséquence directe des tensions croissantes entre l’État et Barrick.

Le gouvernement malien, évoquant un blocage prolongé des activités d’extraction, a saisi la justice pour placer le site sous gestion publique temporaire. L’objectif affiché est clair : relancer au plus vite la production aurifère, face à un manque à gagner significatif pour les caisses de l’État. À cet effet, le magistrat Zoumana Makadji a été désigné administrateur provisoire avec pour mission de « rouvrir la mine dans les plus brefs délais ».

Un bras de fer juridique à l’échelle internationale

Quelques heures seulement après la décision du tribunal de Bamako, Barrick Gold Corporation a publié un communiqué virulent depuis Toronto, dénonçant une « confiscation de facto » de ses droits d’exploitation. La société canadienne rappelle qu’elle a saisi le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), une instance d’arbitrage de la Banque mondiale, pour faire valoir ses droits contre ce qu’elle qualifie d’actions unilatérales et illégales du gouvernement malien.

À Lire Aussi : Tensions grandissantes entre Barrick et l’État malien : Un bras de fer aux lourdes conséquences économiques

 

À Lire Aussi : Etat malien – Barrick Gold : Jusqu’où le désaccord ?

 

Dans son texte, la firme affirme que la mine reste sa propriété légale, bien que le contrôle opérationnel ait désormais été transféré à un administrateur externe. Elle reproche à l’État malien d’avoir bloqué ses exportations, saisi ses stocks d’or et détenu arbitrairement certains de ses employés, sans motif crédible ni justification légale.

Une crise aux multiples dimensions : économique, politique et diplomatique

La situation autour de Loulo-Gounkoto dépasse de loin un simple conflit contractuel. Elle met en évidence les tensions croissantes entre les intérêts souverains de l’État malien et les exigences des investisseurs internationaux opérant dans un secteur stratégique.

Pour Bamako, cette décision est un signal fort : le Mali veut exercer un contrôle renforcé sur ses ressources naturelles, dans un contexte de transition politique et de redéfinition de ses relations économiques. Ce positionnement s’inscrit dans une volonté plus large de révision des conventions minières, de meilleure redistribution des richesses, et de renforcement de la souveraineté nationale.

Pour Barrick, c’est une remise en cause brutale de l’environnement juridique stable sur lequel elle prétend s’être appuyée pendant plus de 30 ans d’investissement. Le groupe martèle qu’il a toujours joué un rôle moteur dans le développement économique du pays et le soutien aux communautés locales, et déplore que ses tentatives de dialogue n’aient pas trouvé d’écho.

Un précédent dangereux pour l’attractivité du Mali ?

Dans son communiqué, Barrick avertit : ce litige pourrait sérieusement entacher la crédibilité économique du Mali, déjà fragilisée par les récentes tensions diplomatiques et les changements de gouvernance. La société évoque une inquiétude croissante parmi les autres investisseurs du secteur minier, qui pourraient percevoir ce bras de fer comme un signal de risque accru pour la stabilité des affaires.

L’administration provisoire du complexe minier s’ouvre ainsi dans un climat de forte incertitude, tant pour les employés que pour les communautés riveraines, dont les activités dépendent largement de la mine. À cela s’ajoutent les enjeux liés à l’arbitrage international : si le Mali est reconnu responsable d’une rupture de contrat, il pourrait être condamné à verser des centaines de millions de dollars de compensation à la multinationale.

Entre ouverture au dialogue et fermeté nationale

Malgré l’escalade, Barrick assure vouloir maintenir le dialogue, soulignant que le recours à l’arbitrage n’exclut pas une solution négociée. Elle appelle à un règlement basé sur « le respect mutuel, la gouvernance et un partenariat durable ».

De son côté, le gouvernement malien reste discret après la décision du tribunal, misant sur la légitimité de sa démarche souveraine pour justifier l’administration provisoire. Une source proche du ministère des Mines affirme que « le Mali ne saurait continuer à être simple spectateur de l’exploitation de ses ressources sans un contrôle réel des retombées économiques ».

Un dossier à suivre de très près

Le dossier Loulo-Gounkoto pourrait faire jurisprudence dans les relations entre États africains et entreprises minières étrangères. Il illustre les dilemmes entre souveraineté nationale, impératifs de développement et respect des accords contractuels internationaux.

Dans les semaines à venir, l’évolution de cette affaire — tant sur le terrain que devant le CIRDI — sera scrutée à la loupe par les partenaires économiques du Mali, les observateurs de la gouvernance minière, mais surtout par les citoyens maliens, de plus en plus sensibles à la gestion transparente de leur patrimoine naturel.

 

NB : Toute reproduction, intégrale ou partielle, sans une autorisation explicite de notre part est strictement interdite. Cette action constitue une violation de nos droits d’auteur, et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour faire respecter ces droits.

 

Fatoumata Bintou Y

 

Source: Bamada.net

Suivez-nous sur Facebook, Telegram, WhatsApp pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance Les plus bas prix du Mali Acheter à bas prix au Mali Achat terrain à Bamako Terrain à vendre Bamako Immobilier titre foncier TF à Bamako ORTM en direct, RTB en direct RTN tele sahel niger ne direct