Tribune. Bien qu’il soit plutôt difficile de généraliser compte tenu de la diversité des contextes sur le continent africain, comparativement aux pays d’Europe de l’Ouest, aux Etats-Unis ou au Brésil, une grande partie des Etats africains a été plutôt épargnée par le Covid-19 lors des précédentes vagues de l’épidémie, à l’exception de l’Afrique du Sud et du Nigeria. Les raisons qui peuvent expliquer que certains pays aient plus rapidement réagi que d’autres ? Leur relative bonne préparation face aux pandémies (Ebola, tuberculose, sida…), comparés aux pays d’Europe de l’Ouest, doublée d’une grande réactivité dans les mesures prises. Cependant, depuis décembre, l’épidémie semble hors de contrôle dans certains pays d’Afrique de l’Ouest. Au Nigeria, fin décembre 2020, le nombre de cas s’élevait à 92 000, 54 000 au Ghana, 7 000 au Mali, et ces chiffres sont probablement bien en deçà de la réalité, les capacités en dépistage étant particulièrement limitées.
Dans les pays d’Europe de l’Ouest, pourtant dotés de systèmes de santé très performants, seuls des confinements stricts ont permis aux systèmes de santé de faire diminuer le taux de reproduction du virus pour permettre d’éviter l’implosion des systèmes de santé ; et même avec ces mesures drastiques, les systèmes de santé ont souvent été dépassés et des tris de patients ont parfois été nécessaires. Des patients touchés par d’autres pathologies ont quant à eux été pris en charge avec beaucoup de retard, faisant exploser les pertes de chance.
Les pays d’Afrique à bas revenus comptent parmi les systèmes de santé les plus fragiles et les plus pauvres au monde. Dès lors, à un taux de reproduction du virus dans certains de ces pays similaire à celui connu en Europe au pic des deux premières vagues, les conséquences pourraient être absolument dramatiques, dans la mesure où les services de réanimation sont immédiatement saturés par à peine quelques malades.
« Bien commun »
Ainsi, en dépit d’une première vague globalement plutôt bien contenue, de nombreux Etats africains se trouvent aujourd’hui face à une potentielle crise majeure : devoir tenter de contenir cette nouvelle vague, avec des infrastructures hospitalières et des services de réanimation fragiles et sous-dotés en moyens humains, en lits et en équipements. Fin décembre 2020, des témoignages recueillis à l’hôpital du Mali, à Bamako, montraient par exemple que les services de réanimation se trouvaient dans une situation catastrophique, et ce alors que le pic de la vague au Mali n’a pas encore été atteint.
Source: lemonde