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Covid-19 : Le devoir de vigilance

« Après avoir gravi une colline tout ce que l’on découvre, c’est qu’il y en a encore beaucoup d’autres à gravir », Nelson Mandela

 

Par son caractère inédit et coercitif, le confinement imposé en raison de la pandémie du coronavirus  a créé des frustrations chez bon nombre d’entre nous. Bien souvent, c’est le cas dans les situations inattendues et contre-nature. Aussi, si le déconfinement est perçu comme le temps de la liberté retrouvée, d’une parenthèse fermée de la maladie vaincue, alors il risque d’être source d’embarras. L’un ne doit pas être l’inverse de l’autre.

Il faut se garder de baisser la garde en temps de déconfinement et de croire autorisé tout ce que son pendant, le confinement, interdisait : sorties récréatives, promiscuité sociale, culturelle ou religieuse, regroupement sportif, absence de distanciation, laisser-aller et laisser-faire incontrôlés. Le déconfinement doit servir à amortir l’impact des conséquences sociales, psychologiques, économiques, culturelles et même cultuelles. En le pratiquant progressivement, il ajoute à nos autres raisons de vivre.

Certes, par une conjonction de facteurs multiples sur lesquels se penchent les scientifiques, les pays africains demeurent encore  relativement épargnés par la pandémie en comparaison de celle qui frappe d’autres nations du monde. Mais les taux de létalité ne doivent pas faire illusion et amoindrir notre vigilance car nous sommes moins bien lotis pour faire face à la Covid-19. L’indigence de nos structures sanitaires et notre dépendance à l’aide financière extérieure nous le rappellent chaque jour.

Nous ne sommes pas à l’abri de l’explosion tant redoutée de la maladie, même si nous avons eu notre part de douleurs et de malheurs éloignée pour le moment de la catastrophe prédite par certains professionnels de l’alarmisme. L’orage n’est pas encore passé. Comme ailleurs, nos secteurs d’activités ont été plombés par cette crise.

Un chiffre indique bien l’ampleur du phénomène : avec moins de 1,5% des cas de Covid-19 au niveau mondial, un mois de confinement coûte à l’Afrique 2,5% de son PIB (Produit intérieur brut) soit 65 milliards de dollars indique la CEA (Commission économique des Nations unies pour l’Afrique).

De même, la Banque mondiale prévoit que le taux de croissance en Afrique subsaharienne, qui était de 2.4% l’année dernière, sera négatif entre -2.1% et -5.1% en 2020. L’Uemoa (Union économique et monétaire ouest-africaine) redoute un recul de 4% du taux de croissance, selon son président en exercice, le chef de l’État ivoirien, Alassane Ouattara. Ces chiffres, dans leur sécheresse,  annoncent  davantage de précarité pour les Africains.

La maladie à coronavirus est donc toujours parmi nous. Vivre avec n’induit pas sa banalisation à l’image de notre vieux compagnonnage avec le paludisme ou d’autres maladies toujours mortelles. Elle ne doit pas nous priver du confort de citoyen du 21è siècle mais au contraire nous inciter à renforcer notre arsenal de protection.

Les mesures pour la combattre, à présent qu’elles sont allégées, doivent être plus exigeantes et plus strictes. Nous devons rester en alerte même si la pression a baissé  en certains endroits de la planète, et conserver un sens de responsabilité. S’interroger sur notre civisme et notre sens de l’intérêt général au regard de ce véritable enjeu n’est pas un exercice superfétatoire. Nos habitudes ancrées qui font de notre seule conscience la force qui nous rappelle à l’ordre en témoignent.

Même partiel, le déconfinement est un pari optimiste sur la capacité de l’homme à se prendre en charge en dehors de l’obéissance à l’autorité. C’est également un pari sur ses ressorts intellectuels et psychologiques, ses capacités à transformer son environnement pour mieux vivre. Les mesures barrières ne sont pas une fantaisie médicale. Elles sont les nouveaux mots d’ordre d’un monde en devenir et les directives de l’après Covid-19.

Les premiers instants du temps d’après sont comme une phase d’évaluation de la distance prise vis-à-vis de nos vilains comportements d’avant Covid-19. Nous devons prouver que la période d’arrêt a été bénéfique en matière d’acquis de bonnes pratiques concernant notre hygiène quotidienne de vie, y compris le port du masque, ce nouveau bouclier qui a clos nos sourires et ouvert nos yeux.

L’Afrique doit agir dans le déconfinement comme elle l’avait fait lors de l’irruption de la pandémie en adoptant les bonnes pratiques mises en œuvre ailleurs mais adaptées aux réalités locales. Un des plus grands défis sera la gestion des frontières à l’aune de laquelle se mesurera l’engagement de nos autorités à protéger les populations et en privilégiant  leur intérêt avant celui des autres. Parallèlement, la pédagogie du déconfinement doit s’appuyer sur une  communication simple et claire, constituer une action en amont des mesures au lieu de rester au niveau d’un simple catalogue d’informations quotidiennes sans implication de la cible principale.

De cette façon, les populations cesseront d’avoir l’impression d’obéir à des instructions qu’elles ne comprennent toujours pas, avec la fâcheuse impression d’une gestion de leur avenir sans consentement. Ainsi, s’estomperont les actes de défiance et la résistance silencieuse aux directives de l’autorité. La dénonciation du caractère superflu des restrictions et la violation du  couvre-feu font partie des comportements trahissant le même esprit frondeur.

Aussi, faut-il aller au déconfinement avec une extrême prudence en s’imprégnant de l’expérience de ceux qui s’y sont engagés avant nous pour tirer les leçons de leur expérience et évoluer en conséquence. Car, en la matière, rien n’est définitivement acquis, et selon les cas, rien n’interdit de revenir au confinement si le laxisme prend le pas sur la  responsabilité et la maturité. Avec cette maladie, nous entrons dans une nouvelle phase de longue haleine jalonnée d’obstacles prévisibles à chaque étape cruciale. Comme nous l’apprend  l’icône Mandela. «Après avoir gravi une colline tout ce que l’on découvre c’est qu’il y en a encore beaucoup d’autres à gravir».

Le chemin est encore long, sans doute escarpé. Le maintien des précautions préconisées dès l’éclatement de la pandémie et la maîtrise de nos réalités nous permettront de gravir ces collines sans dommages.

Par Hamadoun Touré
Journaliste
tahamadoun@
yahoo.com

Post Scriptum :
Un général d’Armée de mes amis m’a dit qu’il fallait dire et écrire la Covid-19 et non le Covid-19 comme je le faisais. Vérification faite, il avait raison, en plus avec l’Académie française de son côté. Donc la maladie et non le virus dicte le genre féminin de l’acronyme anglais. Mea Maxima Culpa.
Question aux grammairiens maliens : doit-on dire Commune un ou Commune une ?

Source : L’ESSOR

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