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Cour d’assises de Bamako : c’était l’autre, le coupable

Une bande d’adolescents l’agresse sexuellement et par malheur elle se trompe du vrai coupable. Faute de preuves solides, la Cour relaxe celui qui est présenté comme le principal suspect.

 

« Viol en bande ». C’est l’infraction criminelle imputée à DS, apprenti- chauffeur, la vingtaine et MK son complice. Ils ont comparu devant la Cour d’assises. KT en est la victime.

Les faits remontent à mars 2016, à Niamakoro, quartier populeux de la Commune V du District de Bamako. Ce jour-là, aux environs de 16 heures, KT revenaitd’une visite de chez sa grand-mère dans ledit quartier. Pendant qu’elle faisait sa route, un groupe de jeunes étaient assis devant une maison.

Lorsque la jeune fille est arrivée à leur niveau, l’un des jeunes du groupe, précisément DS se lève brusquement et se dirige vers elle. Puis, d’un geste éclair, il saisi KT par le bras. KT n’a rien compris de cette attitude de ce jeune homme. Sans réfléchir par deux fois, elle se débat pour se libérer de l’étreinte du garçon. Mais rien à faire ? Le rapport de force n’était pas équilibré. Le garçon la traîna de force dans une chambre de la maison devant laquelle le groupe était assis. Avant, le futur bourreau de KT avait usé de moyens solides pour l’empêcher de crier.

Immobilisée de force

Une fois qu’il l’a entraînée de force dans la chambre, DS a violemment installé sa victime sur une natte qui était là. Plusieurs dizaines de minutes, la jeune fille a été violée par le groupe.

Dans le feu de l’action, la victime semble avoir formellement identifié DS et MK comme étant incontestablement ses véritables bourreaux. Ainsi, les policiers ont été saisis. Dans la foulée, ces derniers ont mis la main sur les deux individus. Ils ont été entendus et une information judiciaire a été ouverte contre eux. D’où leur inculpation pour « viol en bande ».

Cependant, durant la procédure, l’innocence de MK a été prouvée. Avant que les actions n’évoluent, la victime elle-même avait jugé nécessaire de retirer sa plainte contre lui. Par la suite, seul son complice DS s’est retrouvé dans le boxe des accusés. Mais avant, les juges s’étaient prononcés sur le « non lieu » de MK, selon la procédure normale en la matière.

Après l’ouverture du procès, le président a rappelé l’article 226 du code pénal. Cet article stipule que « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelle que nature qu’il soit, commis sur la personne d’autrui par violence, contrainte, menace ou surprise, est un viol.. ..».

En dépit de ce rappel utile, l’inculpé DS a nié les faits. Il a catégoriquement rejeté l’accusation et s’est défendu bec et ongle pour prouver son innocence. Comme justification, il n’a pas hésité à affirmer haut et fort à la barre que celle qui a été présentée comme la victime de cette histoire était consentante au moment des faits. Mieux, pour éclairer la lanterne de la Cour, il a détaillé que la jeune fille était sa copine. Le jour des faits, cette dernière lui aurait même demandé de lui donner dix mille francs CFA.

C’est face à son incapacité de satisfaire à ce besoin, qu’elle a décidé de lui créer des problèmes. « Un soir, elle est venue me trouver chez moi pour demander de lui donner dix mille francs CFA. Je lui ai dit que je n’avais pas cette somme sur moi. Elle m’a menacé et m’a mis en garde de me vilipender en criant au viol si jamais je ne lui donnait pas cette somme », a clairement dit le jeune homme.

Apparemment, ce dernier semblait s’agripper à un seul moyen de défense à partir duquel il entendait convaincre les jurés pour se sortir d’affaire. La Cour a rejeté ces allégations au motif qu’au moment des faits, la victime ne connaissait pas son bourreau.

Elle a préciséque le jour où les faits se sont passés, l’accusé avait clairement appelé sa victime pour soi-disant l’envoyer dans une boutique pour acheter des cigarettes. Mais l’accusé n’a pas varié dans sa stratégie de défense en niant être le responsable d’un quelconque viol.

Zones d’ombre

L’avocat de la partie civile a rejeté les propos de l’accusé qui tendent à faire croire à la Cour qu’ils (la victime et son bourreau) vivaient ensemble alors qu’il n’en est rien. Le ministère public a fait référence au certificatmédical dont le résultat démontre qu’il y a eu une agression sexuelle dont la jeune fille a été sans conteste victime. Il a demandé à la Cour de maintenir le jeune homme dans les liens de la culpabilité.

Le conseil de son côté a émis des doutes sur la culpabilité de son client. « Je doute fort de la culpabilité de mon client quant aux faits qui lui sont reprochés », a dit l’avocat, qui soutient mordicus que son client et la fille se connaissaient très bien. Mieux, poursuit l’homme à la robe noire, ils ont à plusieurs reprises entretenu des relations sexuelles sans problème. Reste à savoir si c’était lui le vrai coupable de cette histoire de viol en bande, s’est-il interrogé.

Partant de là, l’avocat a rejeté toute idée allant dans le sens de la culpabilité de son client. Pour soutenir ses propos,le conseil est revenu sur un fait qui lui semble clair. Selon lui, s’il y a un coupable, c’est bien sûr le nommé MK, l’autre mis en cause qui n’a pas comparu à l’audience pour avoir bénéficier du « non-lieu ».Ainsi, vu les nombreuses zones d’ombre dans le dossier, et de l‘absence dans le boxe des accusés de celui qu’il a considéré comme le coupable, l’avocat a plaidé l’acquittement de son client.

Après plusieurs heures de débats le doute semble avoir profité à l’accusé. Ainsi, celui-ci a été déclaré non coupable par la Cour. C’est ainsi que DS est sorti libre de la salle à la satisfaction de ses proches.

Yaya DIAKITÉ

Source : L’ESSOR

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