Quitter ce luxe ostentatoire, en laissant derrière soi femmes et enfants, des maisons à coût de milliards, un lit douillet, l’odeur agréable et envoûtante de l’encens en cette saison pluvieuse, l’amour et la bonne ambiance familiale…. pour dormir dans une cellule à quatre ou plus, dans une prison, de surcroît dans un lit, une place en fer, avec des matelas usés, dans une solitude qui déchire l’âme….Tel est le sort des nouveaux locataires VIP de la MCA de Bamako.
Je sais ce que vous vous dites : cette privation de liberté suffit-elle déjà comme prix à payer pour regretter cet argent détourné ? La mauvaise gestion ? Cette modique somme dépensée comme le prix du privilège et de la notoriété communément appélé ” tôkôsongon” aux djelis VIP de Bamako ? Ou encore ces liasses de billets filées à des hommes, pour classer l’affaire dans les oubliettes ; même si des preuves irréfutables d’irrégularité, traînent encore ça et là ? Ou encore cette décision jamais prise, qui aurait pu construire des vies, des routes, des hôpitaux, améliorer le cadre de vie des Maliens, sauver des vies…. Et pourquoi pas les conditions de détention dans les prisons ? Je ne saurais le dire. Mais je sais que :
Le commun des Maliens ne mesure pas forcément l’impact psychologique d’une détention, de la privation de liberté sur un individu. C’est d’autant plus grave quand on est habitué à diriger des vies; j’en sais quelque chose pour avoir, dans le cadre de mes activités sociales et religieuses, accompagné des détenus dans le milieu carcéral.
Détenu, à moins d’être le plus célèbre maire de la MCA, on perd sa dignité, à l’instant où les pieds franchissent les portes de la prison, estampillé d’un numéro x ou y, de la cellule x, y etc., même si, on le sait, les délinquants aux cols blancs ont tout fait pour ne pas être traités de la même manière et dans les mêmes conditions que les petits délinquants créés par leur système exclusiviste. Mais une chose est sûre : « Tout détenu appréhende l’espace, le temps et son propre corps de façon biaisée. Son imaginaire, son psychisme et son identité s’en trouvent affectés » (Jérôme Englebert).
Tout ça pour vous dire d’être en parfaite équation avec votre conscience dans votre travail, fonction ou responsabilité, et ce, quel que soit votre domaine. Et, s’agissant du bien commun, soyez en harmonie avec vous-même, car la forfaiture rattrape toujours, tel un volcan son géniteur.
L’argent public est sacré !
Sa sacralité part du principe du bien commun, et s’impose en tant que telle à travers les différents canaux par lesquels il est mobilisé.
L’ARGENT PUBLIC ? C’est la sueur d’une part et d’autre part, le sang de ce soldat tombé pour la défense de la mère-patrie, dans son honneur, son intégrité, pour te permettre de vivre ta vie luxueuse et féérique. C’est l’orpailleur qui risque un éboulement, qui décide quand même de s’enfoncer dans les méandres de la terre pour nourrir sa famille et vivre ainsi dignement. Quid du boucher, du paysan, de la vendeuse de condiments au marché, du boutiquier du quartier, du fonctionnaire et même de la travailleuse de sexe… Tous payent, non seulement à travers leur profession, mais encore à travers chaque acte de consommation, qu’ils posent, des taxes et impôts qui alimentent le grenier public nommé : LE TRÉSOR NATIONAL.
L’ARGENT PUBLI C’est d’autant plus sacré qu’il est gage de stabilité et de paix, d’unité et d’équité, de sécurité, et de liberté. Tout part de sa gestion, de la dignité, la responsabilité et de l’engament avec lesquels on le prend et qu’on y met.
Si on veut bâtir un pays, la première marche de l’escalier est la mise en place des systèmes qui verrouillent cette saignée à laquelle nous avons tous été témoins vivants ces dernières années ;
Car, ne l’oublions pas, autant l’appartenance au même territoire dans l’espace géographique commun, dénommé Mali, fait de nous des concitoyens, autant une gestion concertée, équitable et transparente de L’ARGENT PUBLIC peut nous réunir autour d’une nation forte et solide.
La lutte contre la corruption commence par la mise en place des systèmes de verrous à tous les niveaux, mieux vaut prévenir que guérir !
Le Mali, ma patrie !
Citoyenne lambda
27 août 2021
Dr. Amité Roseline Dakouo
Source : Le National