A écouter la radio, à regarder la télévision, je crois qu’il y a une prise de conscience. Mais comme en toute chose, il y a toujours des récalcitrants. Il va falloir continuer de sensibiliser, utiliser des psychologues en mesure de nous dire quels sont les canaux de communication les plus appropriés pour atteindre le maximum de personnes. La sensibilisation est la clé de cette lutte.
Le confinement est-il réalisable alors que la survie d’une large partie de la population dépend de son travail quotidien ?
C’est une réalité qui peut s’avérer une limite. Il est difficile de demander à quelqu’un qui doit travailler pour se nourrir de ne pas sortir. Il y a un accompagnement qui doit donc être fait par les autorités politiques des pays pour que soit supportée cette restriction.
La jeunesse du continent, où 60 % de la population a moins de 25 ans, peut-elle être un atout ?
On a vu dans les autres pays que les personnes âgées, mais aussi les personnes qui ont une comorbidité importante, sont les plus à risque. En Afrique, malgré la pyramide des âges, la comorbidité existe aussi. Sur cette question de l’âge, on peut émettre des hypothèses, mais il ne faut pas se reposer sur cette idée que nous sommes préservés par la jeunesse de notre population. Il faut éviter ce type de facilité et se préparer au pire en prenant toutes les mesures nécessaires. Je redis que la prévention est un élément crucial tout comme le respect des mesures édictées.
Quels enseignements peut-on tirer de la lutte contre Ebola et appliquer à l’épidémie actuelle ?
L’enseignement que l’on a tiré d’Ebola est que cette épidémie n’était pas uniquement médicale. Il y a tout un volet socio-anthropologique et de communication. La riposte doit être communautaire. Le monde médical donne des directives, mais c’est la communauté qui est au centre de la lutte. Au début de l’épidémie d’Ebola, la réponse reposait sur le tout-médical et nous nous sommes rendu compte que cela ne marchait pas. Il est toujours extrêmement important de savoir à quelle communauté on s’adresse et comment nous lui adressons le message. C’est le premier enseignement de la lutte contre Ebola à laquelle j’ai participé.
Propos recueillis par Cyril Bensimon
LE MONDE