La barre des 2 000 morts liés au coronavirus a été franchie mercredi 19 février en Chine. Mais le nombre de cas de contamination supplémentaires, lui, est en recul pour le deuxième jour consécutif. Les autorités chinoises cherchent désormais à améliorer le traitement des personnes atteintes du coronavirus.
Désormais, les autorités sanitaires du pays cherchent par tous les moyens à combattre le Sars-CoV-2, notamment dans la province du Hubeï, le foyer de départ de l’épidémie. Pour cela, elles comptent s’appuyer sur les personnes ayant guéri de cette maladie et leur don de sang pour y extraire le plasma, explique notre correspondant à Pékin, Zhifan Liu.
Selon les autorités, le plasma des anciens patients contient des anticorps qui pourraient permettre de diminuer la charge virale chez les malades dans un état grave. Pour l’instant, cette technique n’a été utilisée qu’avec parcimonie et devrait s’étendre à d’autres provinces comme celle du Guangdong. Mais elle avait déjà fait ses preuves lors de l’épisode de la grippe aviaire, il y a quinze ans. L’utilisation du plasma avait permis de faire baisser le taux de mortalité chez les patients.
S’il est encore trop tôt pour observer l’efficacité de cette méthode en 2020, les experts sont engagés dans une course contre la montre alors qu’il n’existe aucun vaccin contre ce coronavirus. D’après l’Organisation mondiale de la santé, il faudrait attendre au moins dix-huit mois avant qu’un antidote ne voit le jour.
Pour se donner tous les moyens dans la lutte contre l’épidémie, la Chine a supprimé les droits de douane punitifs à destination de produits médicaux américains, imposés dans le cadre de la guerre commerciale.
Contestation sur les réseaux sociaux
La gestion de cette crise par les autorités a provoqué une vague de mécontentement et de critiques sur les réseaux sociaux. Un phénomène nouveau de par son amplitude impossible à endiguer par la censure.
« La défiance de la population vis-à-vis des cadres, c’est un phénomène permanent en République populaire. La seule chose, c’est que le plus souvent, on ne réussit pas à la voir parce que les posts mécontents sont presque immédiatement effacés. Mais cette fois-ci, la gravité de la situation fait que les réseaux sociaux étaient entièrement inondés de ce mécontentement et il n’a pas été possible de l’endiguer », analyse le sinologue Jean-Philippe Béja, directeur de recherche au CNRS.
Dans cette défiance des autorités chinoises qui apparait au grand jour, on voit que le Chinois réclament avec vigueur une plus grande liberté d’information et de réunion. L’opposition farouche à la politique de contrôle de l’information provoque une vive contestation, notamment depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping. « Notamment depuis son deuxième mandat, en 2017, on a véritablement une grande reprise en main de l’information. Les gens sont très en colère contre ces limitations de la liberté d’expression et ils voient les conséquences dramatiques que ce contrôle de l’expression a », estime M. Béja.
Le phénomène, incontrôlable par Pékin à cause de son ampleur, révèle également une hostilité directe au dirigeant chinois. « D’autre part, on voit sur les réseaux sociaux un certain nombre de critiques à l’égard du numéro 1, de Xi Jinping. C’est un très bon test de l’opinion publique, pour une fois, mais rappelons-le ça a été déjà repris en main très sérieusement », conclut le sinologue.
Source: Rfi.fr