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Contrôle physique du personnel de l’État : À LA RECHERCHE DE LA VITESSE DE CROISIÈRE

Les choses se passent moins rapidement que prévu et les contrôleurs apprennent à s’adapter 

moussa Bocar Diarra ministre fonction publique

Le contrôle physique du personnel de l’Etat et des contractuels émargeant au budget d’Etat se poursuit. Mais non sans certaines difficultés que les organisateurs essaient de surmonter au fur et à mesure qu’elles se présentent. L’opération qui permet à l’Etat d’identifier l’effectif de ses agents et donc de moraliser un important poste de dépenses a effectivement commencé le lundi de la semaine dernière. Elle a notamment installé ses quartiers au ministère de l’Economie numérique, de l’Information et de la Communication.

Vendredi dernier, le couloir du rez-de-chaussée de la direction générale de l’Agence malienne de Presse et de Publicité était inhabituellement bondé : les éléments du personnel de ce service qui sont catégorisés comme agents de l’Etat étaient alignés à la queue leu leu, attendant d’accéder à la salle de réunion où s’étaient installés les contrôleurs. Mme Guèye Aminata Traoré, chef de la mission, paraissait par moments débordée. Il est vrai que la fluidité des procédures d’identification laissait à désirer, malgré la bonne volonté déployée par la demie douzaine de contrôleurs. L’équipe de Mme Guèye est à pied d’œuvre depuis le 20 octobre dernier, date officielle du démarrage de l’opération et un constat s’est vite dégagé. Le chronogramme établi pour le personnel du cabinet du département chargé de l’Economie numérique et des services centraux ne pourrait pas être strictement observé. En effet, entre les prévisions et les réalités du terrain, la différence est souvent de taille. Par exemple l’Office de radiodiffusion télévision du Mali où tout devait être bouclé en une après-midi a mobilisé les contrôleurs pendant trois jours.

La déprogrammation-reprogrammation des opérations met souvent sur les nerfs les agents qui attendent d’être contrôlés. « C’est la désorganisation totale. En principe, on devait passer depuis mardi dernier, mais les contrôleurs ne sont venus qu’aujourd’hui vendredi. En plus, on constate que des agents d’autres services viennent gonfler les rangs de notre personnel. C’est vraiment frustrant.» confie non sans agacement Moussa B. Diallo, imprimeur à l’AMAP. A vrai dire, la surcharge de travail qui s’est installée par la force des événements n’est pas non plus du goût de la patronne des contrôleurs. Mais Mme Guèye est obligée de s’adapter aux circonstances et pour cela, la gestion au « cas par cas » s’impose inévitablement.

UNE IMPORTANCE SOUS-ESTIMÉE. Le chef d’équipe a expliqué qu’à l’Office de radiodiffusion et télévision du Mali par exemple, la très grande mobilité des agents n’a pas facilité les choses. C’est pourquoi un grand retard a été accusé dans cette structure pour laquelle le contrôle des agents s’est achevé pratiquement vendredi dernier dans les locaux de l’Agence malienne de presse et de publicité. « Aujourd’hui encore, ils viennent avec leurs dossiers jusqu’ici », a indiqué notre interlocutrice. Mansour N’Diaye de l’ORTM-Koulikoro s’est dit obligé de venir  à l’AMAP pour passer son contrôle. Il s’est dit handicapé par deux faits, celui d’être obligé de faire le déplacement à partir de son lieu d’affectation à la capitale et celui de ne pouvoir se détacher facilement des contraintes liées à son poste de régisseur. « Par ailleurs, je n’était pas informé que la mission passerait dans les régions », a avoué le fonctionnaire qui a dénoncé un manque d’organisation.

Le retard dans l’exécution de l’opération est aussi lié à une autre difficulté dont l’importance avait été sous-estimée. « Le paiement des fonctionnaires est un peu lent. Tous les matins, les payeurs doivent passer dans les banques pour retirer les fonds nécessaires. S’il reste de l’argent en fin de journée, il faut obligatoirement le reverser pour le retirer encore une fois le lendemain matin », a indiqué Mme Gueye qui a ajouté aux problèmes rencontrés les réticences montrées par certains agents qui ne comprennent pas l’objectif de cet contrôle. Or, a-t-elle indiqué, cette opération permet non seulement d’assainir la ligne affectée aux salaires par les finances publiques, mais aussi de disposer d’archives fiables.

Détail étonnant, l’un des constats inattendus faits par les contrôleurs concerne le nombre élevé de fonctionnaires en congés, en formation ou encore malades. Pour ce dernier cas qui est traité comme une situation de « force majeure », le chef d’équipe a instauré le principe d’une courte présentation physique. « La personne concernée peut même rester dans la voiture qui l’a amenée, nous nous déplacerons pour vérifier son identité», a-t-elle précisé. C’est sans doute en restant dans cet esprit pragmatique que les contrôleurs atteindront un rythme de croisière satisfaisant. Pour le moment, ils se contentent de gérer les difficultés l’une après l’autre.

A. M. CISSÉ   

SOURCE / ESSOR

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