Fraîchement réélu, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, a tablé sur la gestion transparente pour satisfaire la demande sociale. C’est ainsi qu’à la faveur de la formation, le 9 septembre 2018, du premier gouvernement du second mandat, des services clés comme le Commissariat au développement institutionnel (CDI), le Contrôle général des services publics (CGSP), l’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite (Oclei) ont été rattachés au tout nouveau ministère de la Réforme de l’administration et de la Transparence de la vie publique que dirige Mme Safia Boly.
Quelques mois plus tard, l’opinion fait le constat d’un silence total du chef département en charge de la Transparence de la vie publique. Les services susmentionnés, qui relèvent de ses compétences brillent aujourd’hui par leur absence. Cette situation s’explique selon les services centraux par le manque de volonté politique du ministre de tutelle systématiquement hostile à toute sollicitation.
Pour preuve, le Contrôle général des services publics (CGSP) serait en manque de ressource. Selon une source du département, ce service important n’a obtenu aucune ressource financière pour l’exécution de ses missions de contrôle.
Pourtant le CGSP est un service clé dans le dispositif de lutte contre la corruption et la délinquance financière, créé en 2000 en remplacement du Contrôle général d’Etat et rattaché à la Primature. Le rattachement de l’Oclei et le CGSP à un département a été certainement une erreur de casting du gouvernement.
Ces services servent d’outils de meubler le ministère en charge de la Réforme de l’administration et de la Transparence de la vie publique. Le CGSP n’est pas seul. L’Office central de lutte contre l’enrichissement illicite a constaté un début très difficile. Ce service a été boudé par les fonctionnaires à travers les syndicats. Mais le ministre n’a pas été à hauteur du débat.
Des services aussi importants et stratégiques dans la lutte contre la corruption qui gangrène le pays ne doivent pas être normalement placés sous la tutelle d’un simple ministère quand on sait que ce ministre n’est pas exempt de reproche en matière d’inexpérience. En les plaçant sous la coupe de ce département dirigé par l’apprentie Safia Boly, le gouvernement a créé les conditions d’un problème de leadership couplé de risques d’influence sur les missions de ces structures de contrôle.
Pour permettre à ces structures de jouer pleinement leur rôle dans la guerre contre la corruption et l’évasion fiscale, ils doivent être adossés à une tutelle forte et dotée de moyens adéquats. Tel ne semble pas être le cas. Ce qui handicape aujourd’hui le fonctionnement de ces services sensés mener des missions de contrôle sur le terrain.
“Ce n’est pas les délinquants financiers qui viendront vers nous. C’est nous qui devons aller les chercher là où ils se trouvent. Si nous ne faisons pas de missions, comment nous pourrons lutter contre la corruption”, estime un agent. Et un autre de préciser que le ministre n’aura certainement aucun résultat si elle continue à bloquer tout à son niveau au grand dam de la lutte contre la corruption. Au lieu d’être un catalyseur dans la lutte contre la corruption, le département s’est érigé en un handicap par manque d’initiative du ministre Safia Boly, ajoute-t-il.
C’est pourquoi, ceux qui ont un peu parcouru le rapport 2015 du Bureau du Vérificateur général, rendu public en 2017, le montant total des irrégularités financières constatées s’élevait à 70,10 milliards de FCFA, dont 32,67 milliards de F CFA au titre de la fraude et 37,43 milliards de F CFA au titre de la mauvaise gestion.
En tout cas, la lutte contre la corruption au Mali n’est pas pour demain. Puisque sept mois plus tard, le ministre en charge n’a toujours pas de cap.
Bréhima Sogoba
L’Indicateur du Renouveau