Mais le gros des financements n’a pas été géré par l’Etat. Il l’a été par les donateurs eux-mêmes et les ONG
La cinquième et dernière réunion de suivi de la conférence internationale des donateurs « Ensemble pour le renouveau du Mali », tenue la semaine dernière, a fait le bilan des financements du Plan pour la relance durable du Mali (PRED) au 31 décembre 2014.
Le rapport final de l’évaluation des financements établit que 28 partenaires techniques et financiers (PTF) ont renseigné un questionnaire de confirmation des annonces faites à Bruxelles pour un montant de 1965 milliards de Fcfa. Les conventions signées se chiffrent à 1856,5 milliards de Fcfa (soit 94,48%). Sur l’ensemble des conventions, les dons (d’un montant de 1478 milliards de Fcfa) représentaient 75% et les prêts 25%.
Il faut rappeler qu’à la conférence de Bruxelles tenue le 15 mai 2013, 56 bailleurs bi et multilatéraux avaient promis 2154,952 milliards de Fcfa d’aide pour soutenir notre pays dans la réalisation des activités du PRED pour 2013-2014. Le gouvernement et ses partenaires avaient alors convenu d’effectuer un suivi rigoureux des annonces faites à Bruxelles.
Les analyses ont montré que 1411,3 milliards de Fcfa ont été décaissés au 31 décembre 2014 par les PTF impliqués dans le suivi, soit un taux d’exécution de 71,82% par rapport à leurs annonces et 65,49% par rapport aux annonces totales.
Par ailleurs, le document de l’évaluation établit que le gros du financement n’a pas été géré directement par l’Etat. Ainsi, sur les décaissements réalisés sur la période 2013-2014, 937,5 milliards de Fcfa (soit 66,43%) ont été utilisés hors budget d’Etat. Et sur ce montant, 252,7 milliards de Fcfa l’ont été via des PTF. Les 684,8 milliards restants ont transité par des ONG. Cette situation, qui a été relevée par le gouvernement, résulte d’un manque de clarification à la conférence de Bruxelles sur les modalités de livraison de l’aide.
L’appui budgétaire général n’a représenté que 281,9 milliards de Fcfa soit 19,97% du total des décaissements. Sur ce montant, 188,9 milliards ont été décaissés en 2013 et 93,0 milliards en 2014. Cette baisse drastique de l’appui budgétaire général en 2013 et 2014 est due essentiellement à la crise de 2012 et de la suspension momentanée de la coopération par la plupart des PTF. Quant à l’appui budgétaire sectoriel, il se chiffre à 20,7 milliards de Fcfa soit 1,47% du montant total des décaissements. Le reliquat, soit 171,2 milliards de Fcfa (12,13% du montant des décaissements) représente l’aide-projets inclus dans le budget d’Etat.
Autre constat : les différentes thématiques n’ont pas bénéficié d’un financement équitable du PRED : les thématiques liées aux urgences humanitaires, à la paix et à la sécurité, à la santé, à l’organisation des élections, ont été surfinancées tandis que d’autres ont manqué de financement. Cette situation dénote certainement d’une faiblesse de la coordination d’ensemble des interventions, estime le document qui met l’accent sur le fait que la problématique des décaissements en rapport avec la mise en œuvre du PRED est liée à des difficultés conjoncturelles et structurelles. Ainsi, sur la période, le taux de décaissement par rapport aux engagements s’élève à 76.02%. Un taux relativement bon. Mais qui, si on se réfère aux annonces faites à Bruxelles, tombe à 65,49%, ^note le rapport.
En ce qui concerne les difficultés conjoncturelles, le document met l’accent sur le fait que la situation d’insécurité persistante au nord affecte le niveau de confiance des intervenants dans ces régions et limite les mouvements professionnels. Ce qui, par conséquent, réduit le volume des activités et par corollaire le niveau des décaissements. La crise de gouvernance, de son côté, a en 2014, affecté le niveau des décaissements, surtout en ce qui concerne l’appui budgétaire général.
Quant aux difficultés structurelles, elles sont multiples et essentiellement liées à la lourdeur des procédures administratives, à la faible capacité d’absorption de l’Etat qui est de seulement 10% avec la Banque mondiale contre 25% dans la zone Afrique. Il y a aussi la faiblesse de la coordination dans la gestion des dossiers de projets, la durée limitative du PRED pour la mise en œuvre de projets d’envergure ainsi que l’instabilité des structures nationales.
Le document propose la mise en place d’un instrument de suivi et de capitalisation des engagements et réalisations effectuées par les différents acteurs. Ce dispositif servira d’outil d’information et d’aide à la décision dans le cadre des initiatives à mettre en œuvre pour assurer l’efficacité attendue des engagements de l’après PRED.
Par ailleurs, pour une meilleure mobilisation des ressources extérieures, il recommande la création d’un nouveau cadre institutionnel de coopération, fusionnant les trois documents (CSCRP/PAG/PRED).
Si l’évaluation a conclu qu’en matière de paix et de sécurité, de grand progrès ont été réalisés, elle déplore cependant, que des parties du territoire, particulièrement dans la région de Kidal, demeurent toujours sous le contrôle des groupes armés ainsi que le fait que l’insécurité continue d’être une préoccupation importante, dans les régions de Gao, Tombouctou, Mopti et Ségou. Des progrès importants sont été également notés dans le redéploiement de l’administration sur l’ensemble du territoire, mais le retour n’est également pas effectif dans toutes les régions du Nord.
F. MAÏGA
source : L Essor