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Conférence d’Addis Abeba sur l’agriculture : NEUF ETAPES POUR ASSURER LA SECURITE ALIMENTAIRE EN AFRIQUE

Une contribution de Kofi Annan au sommet de Davos

Kofi Annan ex secretaire general organisation nations unies onu

Les dirigeants qui se réunissent à Davos cette semaine sont confrontés à certains défis fondamentaux. L’un d’eux est de réaliser de manière concrète l’énorme potentiel de l’agriculture africaine. Les investissements dans ce secteur ont doublé au cours des dix dernières années, les gouvernements reconnaissant l’importance capitale de l’agriculture pour le bien-être des individus, la stabilité sociale et la croissance économique. Malgré tous les progrès de ces dernières années, la faim reste largement répandue et l’Afrique est le seul continent qui ne peut pas se nourrir.
Il est difficile de comprendre comment un continent qui possède 60 % des terres arables non cultivées mondiales souffre encore toujours autant de malnutrition et de dénutrition et dépense chaque année 35 milliards de dollars en importation alimentaire.  Quelles sont donc les barrières qui empêchent l’Afrique de réaliser son potentiel – à savoir nourrir ses habitants et également commencer à exporter vers le reste du monde ? Comment pouvons-nous faire de l’Afrique le nouveau grenier à blé du monde ?
Peu de temps après le Sommet de l’Union africaine à Malabo où ont été pris des engagements audacieux pour mettre un terme à la famine d’ici 2025 en accélérant la croissance et la transformation de l’agriculture, j’ai rencontré des leaders des secteurs public et privé au cours de l’édition 2014 de l’AGRF (African green revolution forum) pour élaborer des stratégies et rendre cela possible. Cette semaine, nous publions le rapport final de ces discussions.
Il s’agit d’un rapport détaillé, mais il est clair qu’une action urgente est nécessaire dans certains domaines fondamentaux si l’Afrique souhaite atteindre son potentiel agricole.

1 – Le rôle des petits exploitants agricoles, qui forment la grande majorité des agriculteurs, est essentiel. Les gouvernements et le secteur privé peuvent développer des partenariats et renforcer les liens avec les organisations de petits exploitants et de producteurs, comblant ainsi les lacunes importantes accumulées tout au long de la chaîne de valeur du système agro-alimentaire. Afin d’atteindre le meilleur résultat, les exploitations plus importantes devront partager l’accès au marché, les technologies et le savoir-faire avec les plus petits exploitants.

2 – Sans surprise, on retrouve à la seconde place l’importance d’avoir en place des infrastructures rurales de meilleure qualité. Il faut s’assurer que le pays entier bénéficie de la croissance économique via un réseau routier viable, un réseau électrique, des systèmes d’irrigation et des infrastructures fiables. Un gouvernement investissant dans ces domaines augmentera ses rendements de manière considérable.

3 – Afin de créer un environnement propice à la croissance de la productivité agricole, les gouvernements doivent mettre en place des institutions et des politiques de long-terme susceptibles de perdurer au-delà des mandats de certains élus et promouvoir les bénéfices au long terme plutôt que les gains au court terme.

4 – Accroître l’accès à l’assistance financière pour les agriculteurs et les entreprises agricoles en pleine croissance. Sans cela, nous ne pouvons aspirer à des rendements plus élevés ou à une nutrition de meilleure qualité. Permettre aux agriculteurs d’acquérir de bonnes graines et de renforcer la fertilité du sol est la première étape pour sortir de la pauvreté.

5 – Aujourd’hui, et d’autant plus dans les années à venir, les exploitants agricoles qui réussissent sont et seront ceux qui parviennent à trouver des solutions viables pour faire face au changement climatique.  Ce dernier a déjà un impact sur les phénomènes météorologiques et les saisons plus longues en Afrique et à travers le monde. Il existe des solutions ingénieuses pouvant améliorer la sécurité alimentaire agricole en augmentant la productivité de façon significative par rapport aux approches conventionnelles.

6 – Les barrières régionales, allant des régulations douanière aux cartels des transports, limitent les échanges commerciaux. Si un agriculteur ne peut pas vendre sa production dans le pays voisin, il devient plus difficile de développer une activité rentable.

7 – Mobiliser nos jeunes et responsabiliser les femmes. Lorsqu’un continent possède a la fois le taux de chômage le plus élevé chez les jeunes et un secteur agricole qui a désespérément besoin de plus de main d’œuvre, un changement est nécessaire. Les femmes représentent la grande majorité des petits exploitants agricoles dans la plupart des pays d’Afrique. Ce sont elles qui trouvent de quoi se nourrir, et elles doivent être soutenues de manière bien plus efficace. Il est également nécessaire d’investir davantage  dans la formation et le support technique ciblant la jeune génération d’Afrique.

8 – Offrir à ceux qui travaillent dans le secteur agricole un meilleur accès à l’information, via les téléphones mobiles et Internet. C’est par cela qu’ils trouveront les moyens de révolutionner l’agriculture, la production alimentaire et l’économie rurale de la même manière que la technologie et le pouvoir d’achat ont transformé le secteur bancaire en Afrique.

Enfin, il faut accroître les rendements sans nuire à l’environnement en investissant dans la recherche. En développant des variétés adaptées localement, qui sont également résistantes à la sécheresse, nous nous attaquerons aux grandes priorités dans un contexte où les impacts du changement climatique deviennent plus importants.
L’objectif doit être une révolution verte propre à l’Afrique, qui s’adapte avec succès aux bonnes et mauvaises expériences globales, ainsi qu’aux conditions locales. C’est une vision qui permet un passage décisif de l’agriculture de subsistance à une activité de plus en plus rentable. Elle place les petits exploitants à son cœur et comprend que les grandes entreprises ont également un rôle important à jouer. Relever ces défis permettra non seulement de nourrir la population africaine, mais également de transformer un continent autrefois affamé en une grande puissance agricole mondiale.

source : Essor

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