Lors de leur toute première plénière de la session ordinaire d’avril 2025, les membres du Conseil national de Transition (CNT) ont franchi une étape décisive pour la valorisation culturelle et linguistique du Mali. Cinq projets de loi, dont celui déterminant les conditions et modalités d’emploi des langues officielles, ont été adoptés. Une avancée historique qui marque l’ancrage de la volonté des autorités de la Transition à honorer les engagements issus des Assises nationales pour la refondation (ANR).
Une plénière sous le signe de la refondation
Bamada.net-Réunis sous la présidence du Général de corps d’armée Malick Diaw, les membres du CNT se sont penchés sur des textes fondamentaux pour la consolidation de l’État et la relance socioéconomique du pays. Parmi les dossiers majeurs figurait le projet de loi organique relatif à l’usage des langues nationales comme langues officielles du Mali, conformément aux prescriptions de la Constitution du 22 juillet 2023.
Défendu avec conviction par le ministre de l’Éducation nationale, Amadou Sy Savané, ce projet de loi vient donner vie à l’article 31 de la nouvelle Constitution, qui érige les langues nationales en langues officielles, reléguant le français au rang de langue de travail.
« Ce projet s’inscrit dans une dynamique de souveraineté culturelle et linguistique pour un Mali plus inclusif et respectueux de son identité plurielle », a soutenu le ministre devant un hémicycle attentif.
Une liste ouverte pour préserver la diversité linguistique
Le rapport de la commission Lois du CNT avait initialement énuméré treize langues nationales : le Bamanankan, le Bomu, le Bozo, le Dogozo, le Fulfuldé, le Hassanya, le Mamara, le Maninkakan, le Soninké, le Songhay, le Syenara, le Tamasheq et le Kassonkhé. Toutefois, soucieux de ne pas figer la richesse linguistique du Mali, les conseillers ont unanimement voté la suppression de cet article.
À Lire Aussi :Promotion des langues nationales : Le Soninké célébré désormais les 25 septembre suite à une décision de l’Unesco
À Lire Aussi :Valorisation des langues nationales : l’AGETIC au cœur du processus !
Ainsi, l’adoption du texte ouvre la possibilité d’intégrer d’autres langues nationales au rang des langues officielles, offrant une souplesse en adéquation avec la diversité ethnolinguistique du pays. Le projet de loi a été validé par 122 votants, enregistrant une seule abstention.
La Caisse des dépôts et consignations du Mali voit le jour
La plénière a également été marquée par l’adoption du projet de loi portant création de la Caisse des Dépôts et Consignations du Mali (CDC-Mali). Défendu par Moussa Alassane Diallo, ministre de l’Industrie et du Commerce, ce texte constitue une innovation majeure. Désormais, la CDC-Mali se substituera au Trésor public pour la gestion de certains dépôts administratifs, judiciaires et conventionnels. Elle jouera également un rôle stratégique dans le financement des investissements nationaux.
Adopté à l’unanimité par les 122 membres votants, ce projet est perçu comme un levier de modernisation du système financier malien.
Une coopération renforcée avec le Qatar pour soutenir le budget de l’État
Autre moment fort de cette journée : la ratification de la convention d’appui budgétaire signée avec le Fonds du Qatar pour le Développement. Par cette convention, le Mali bénéficie d’un soutien financier de 50 millions de dollars américains (environ 31,447 milliards de Fcfa), dont 45 millions sous forme de prêt et 5 millions sous forme de don.
Ce projet, défendu également par le ministre Moussa Alassane Diallo, a été approuvé à l’unanimité par 120 votants. Il vient renforcer la capacité du gouvernement à financer ses priorités stratégiques, notamment dans les secteurs de la santé, de l’éducation et des infrastructures.
Priorité à l’agriculture et au développement rural
Toujours dans un élan de consolidation de la souveraineté économique, les membres du CNT ont ratifié deux accords cruciaux dans le domaine agricole.
Le premier concerne la phase II du Programme de Développement de l’Irrigation dans le Bassin du Bani et à Sélingué (PDI-BS), pour lequel la BOAD accorde un financement de 30 milliards de Fcfa. Ce programme vise à étendre et à moderniser les infrastructures d’irrigation dans le Moyen Bani, un bassin stratégique pour la sécurité alimentaire nationale. Le texte a été approuvé par 122 votants, contre une seule voix défavorable.
Le second accord porte sur la création du Projet de mise en valeur des plaines rizicoles de Tombouctou, vital pour la résilience alimentaire dans le nord du pays. L’adoption de ce projet, entérinée à l’unanimité par 125 votants, illustre la volonté des autorités de renforcer l’autosuffisance alimentaire dans toutes les régions du Mali.
Des textes renvoyés pour complément d’informations
Enfin, deux textes à l’ordre du jour ont été renvoyés à une prochaine séance pour permettre un examen plus approfondi et un enrichissement des documents présentés. Ce report témoigne du sérieux avec lequel le CNT entend conduire sa mission législative, en privilégiant la qualité des débats et des décisions.
Une Transition résolument tournée vers l’avenir
À travers l’adoption de ces textes majeurs, le Conseil national de Transition confirme son engagement à poser les bases solides d’un Mali nouveau, fidèle à ses valeurs culturelles, déterminé à moderniser ses institutions et soucieux d’améliorer la vie de ses citoyens. Loin des slogans, cette session d’avril 2025 aura été celle de l’action concrète, ouvrant des perspectives prometteuses pour l’après-Transition.
Bamada.net, fidèle à sa mission d’information de proximité, continuera de suivre de près les avancées issues de ces réformes structurantes pour l’avenir du Mali.
NB : Toute reproduction, intégrale ou partielle, sans une autorisation explicite de notre part est strictement interdite. Cette action constitue une violation de nos droits d’auteur, et nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour faire respecter ces droits.
Moussa Keita
Source: Bamada.net