Une centaine de partis politiques ont rejeté, ce mardi 15 avril 2025, les concertations annoncées par le gouvernement sur la relecture de la charte des partis politiques, en décidant de ne pas y participer. Selon eux, la question, déjà tranchée par les Assises nationales de la refondation, ne saurait être remise en cause par des concertations qui pourraient entraîner la dissolution des partis politiques.
Le point de presse tenu à la Maison de la presse a été marqué essentiellement par la relecture de la déclaration commune attribuée à 101 formations politiques. Son contenu a été livré par le président de l’APR, Oumar Ibrahim TOURE, qui avait à ses côtés le président Mountaga TALL, Mme ASCOFARE Ouleymatou TAMBOURA.
Plusieurs leaders politiques dont Yaya SANGARE, Amadou KOITA, Mamadou Traoré dit le Roi, ABBA Alassane, Nouhoum TOGO, Youssouf DIAWARA, Mahmoud ben KATTRA, Yeah SAMAKE et Coulibaly Kadiatou SAMAKE ont participé à la rencontre dont l’objectif était d’informer l’opinion de leur position commune sur les concertations des forces vives concernant la révision de la charte des partis politiques.
Concertations des forces vives, une démarche sans logique
Le bloc des partis politiques, haussant le ton, dénonce l’approche du gouvernement pour la tenue des concertations des forces vives, pour avoir manqué notamment l’ouverture d’un ‘’dialogue entre les autorités politiques et les représentants des partis, dans un esprit partagé de recherche de l’intérêt général’’.
Sans consultation préalable, les partis politiques affirment apprendre ‘’avec étonnement la décision du gouvernement d’organiser une consultation des Forces vives de la Nation et des Maliens de l’extérieur pour la mise en œuvre des recommandations issues des Assises nationales de la Refondation (ANR), dans le cadre de la relecture de ladite Charte’’.
N’ayant, indiquent-ils, aucune objection à la consultation des Forces vives sur des sujets d’intérêt national, cependant la démarche soulève des inquiétudes et des doutes : pourquoi le gouvernement veut-il encore consulter les forces vives sur un sujet sur lequel elles se sont clairement prononcées lors des Assises nationales de la Refondation (ANR) ? Quelle est la pertinence des consultations envisagées dès lors qu’elles ont une légitimité inférieure à celles de l’ANR et ne pourraient-elles pas également modifier les résolutions ?
Un sujet déjà tranché
Pour les signataires de cette déclaration, ces concertations n’ont presque pas de sens parce qu’elles doivent se tenir sur un sujet déjà tranché, d’une part, par les Assises nationales de la refondation et, d’autre part, par la nouvelle constitution de juillet 2023, adoptée fort heureusement sous la transition.
En effet, les ANR, considérées comme la boussole de la transition, ont formulé la relecture de la charte des partis politiques et ont approuvé le multipartisme tout en se plaignant de la pléthore des formations politiques.
La constitution de juillet 2023, garantissant la reconnaissance et la protection des partis politiques dans l’exercice de leurs missions, consacre dans son article 185 que la forme républicaine de l’État, la laïcité, le nombre de mandats du Président de la République et le multipartisme sont mis à l’abri de toute révision ou violation.
Au regard de ces faits, vouloir encore tenir des concertations des forces vives sur un sujet sur lequel elles se sont clairement exprimées constitue ‘’une dépense supplémentaire de ressources publiques, qui pourrait être affectée à des priorités plus urgentes’’, souligne la déclaration des 101 formations politiques qui soupçonnent une tentative de les dissoudre ou de suspendre leurs activités, à l’image de ce qui s’est passé au Niger et au Burkina Faso.
Contrairement à ces deux pays qui ‘’n’ont pas de Constitution en vigueur, notre pays a d’ailleurs adopté une nouvelle constitution’’, relèvent ces partis politiques, ajoutant aussi que, contrairement à eux, ‘’les Forces vives du Mali, réunies dans le cadre de l’ANR, ont reconnu et validé l’existence des partis’’.
La politique de la chaise vide
Sans ambages, le respect de la légalité constitutionnelle et des résolutions de l’ANR s’impose donc à tous, confrontent-ils les autorités de la transition, en appelant le Premier ministre à ouvrir, sans délai, un dialogue responsable sur la Charte des partis politiques avec les leaders politiques.
En attendant, ces partis politiques ‘’ont décidé de ne pas participer aux concertations des forces vives sur la relecture de la charte des partis politiques’’.
Outre la démarche biaisée, ils déplorent être sous-représentés. ‘’Sur les 22 représentants des forces vives, les partis politiques ne peuvent être représentés que par 2 personnes’’, a regretté Oumar Ibrahim TOURE.
Leur seule volonté est de ‘’renforcer l’inclusivité, la cohésion nationale, la paix, la stabilité et la réussite de la transition dans le cadre du respect de la loi et des principes républicains par tous.’’
PAR SIKOU BAH