Infestée par les groupes armés, Katièna, cette commune rurale à l’est de Ségou n’est plus le havre de paix et de vertu où le cousinage à plaisanterie agrémentait le quotidien.
Les mots ne sauraient traduire le traumatisme de ses habitants, partagés entre résignation pour les uns, dilemme pour les autres, psychose pour tous. Leur seul vœu : être délivrés, le plus vite possible, de ces forces du mal qui leur imposent des pactes et des ‘’taxes’’.
Le 14 juillet 2024, plusieurs colonnes d’hommes en moto, kalachnikov en bandoulière, se pointent à Doukolomba, une des nombreuses localités de la commune rurale de Katièna. Ils s’y promènent, effectuent des achats, disparaissent comme ils sont venus. Aux populations effarouchées, ils s’adressent parfois par des prêches et réitèrent plusieurs fois ce curieux manège sans faire du mal à une mouche.
Et puis, voilà : ils leur proposent un accord en vertu duquel les populations peuvent, sans être inquiétées, continuer de vaquer à leurs activités champêtres et pastorales. En contrepartie, ces dernières leur versent une sorte de dîme constituée de vivres, du bétail, voire de l’argent.
Ainsi, par crainte de représailles, les populations de plusieurs villages établis le long du fleuve se sont résignées à se soumettre au deal. C’est le cas de Bola, Dingola, Nani, Dofounou, Gwalabougou, Blan, Nguedougou, Kokobougou Bakayewèrè, Makarila, Tomongouna, Tiôkôrôbawèrè, Kônôngou, Kôkôbougou, Noumouwèrè, Bolikoungo, Diongoni, Famorila, Diouna.
Selon des témoignages concordants, des villages se trouvant à quelques encablures du chef-lieu de la commune de Katièna ont été également contactés de la même manière. Un délai a été accordé à la bourgade de Kalan et ses 9 sites de pâturages pour signer le pacte, précisent nos sources. Un drame cornélien pour ces localités : soit elles se soumettent à la loi des groupes terroristes à l’instar des autres en signant le pacte de non-agression, soit elles s’attendent au pire.
Selon des cris de cœur émanant des habitants, dont les échos nous sont parvenus, cette situation ne se serait pas produite si la commune rurale était sécurisée. Or tel n’est pas le cas selon toute vraisemblance. Le camp militaire de Katièna n’existe plus que de nom. Il n’y a même pas un seul agent des eaux et forêts. Il n’y a pas non plus la brigade d’autodéfenses que représentaient les ‘’donsos’’ dont la présence faisait jadis de Katièna un havre de paix, où l’on cultivait le vivre ensemble et la vertu, où le vol et l’adultère étaient inconnus. C’est donc désespérées et impuissantes à l’image de leur maire, Solo Coulibaly, ‘’dépassé par les événements’’ que les populations souhaitent vivement une intervention urgente de l’Etat.
A suivre.
Drissa Togola.