La question de l’insécurité tend à susciter du trouble dans la tête de nombreux Bamakois. Entre les enfants des quartiers et les vrais bandits l’on n’arrive plus à faire le distinguo. Nombreux sont les médias qui ajoutent leur lot de confusion à cette situation, en déformant ou en dénaturant toute action d’envergure des forces de sécurité, notamment de la Police Nationale. Qui vient de faire une patrouille de grande envergure dans la nuit du 14 Février. En vue de cerner les contours de cette question cruciale, à travers une interview nous avons loué l’expertise d’un officier de police, le Commissaire Divisionnaire de Police Samba Kéita, précédemment en service au Ministère de la Sécurité et de la Protection Civile.
Le Tjikan : Actualité oblige, quelle est votre analyse de la crise que traverse notre pays ?
Commissaire divisionnaire Samba Kéita :Permettez-moi de vous remercier pour l’occasion que vous m’offrez de m’exprimer dans les colonnes de votre journal. Aussi, je voudrai rappeler que les propos que je pourrai être amené à tenir ici, n’engagent en rien la police nationale encore moins la hiérarchie sécuritaire du Mali. Je parle en mon nom comme j’ai été approché en tant que tel.
Ceci dit, je pense qu’il n’est un secret pour personne que depuis quelques années, notre pays traverse une crise majeure. Cette crise a touché tous les secteurs d’activités car dès son origine, elle est multidimensionnelle : Politique, sécuritaire, économique, sociétale et donc sociale.
La gravité de cette crise n’est plus à démontrer car beaucoup de choses ont déjà été dites là dessus, inutile de revenir sur tout cela.
Est ce que les réponses apportées ont été appropriées ?
Compol. Kéita : Force est de reconnaitre qu’un long chemin a été parcouru. De 2012 à nos jours de gros progrès ont été réalisés même s’il reste encore beaucoup à faire. Le pays a été doté d’Institutions Constitutionnelles jouissant de la légitimité requise et qui portent la voix du Mali. Le redémarrage de l’activité économique a été amorcé, le front social a été apaisé.
Commissaire Samba Kéita, en tant qu’officier de police, que pensez vous de la recrudescence de l’insécurité dans la ville de Bamako et ses périphéries ?
Compol Kéita :La problématique de l’insécurité à Bamako et dans ses environs est réelle. Bamako est une grande agglomération qui reçoit un afflux massif de personnes venant de l’intérieur comme de l’extérieur du pays. Aussi, la crise sécuritaire a été un facteur aggravant de cette situation. Tout ceci rend le défi assez immense et appelle les autorités sécuritaires à une remise en cause perpétuelle pour s’adapter et répondre efficacement à cette problématique pour la quiétude des populations de Bamako et environs et même de l’ensemble du Mali, car la sécurité des personnes et des biens est une fonction régalienne de l’Etat et il s’y emploi.
On estime que les différents commissariats de Police ne disposent pas assez de moyens pour contenir convenablement le phénomène, que pensez-vous de cette affirmation ?
Compol Kéita :Dans tous les cas, partout dans le monde, le défi sécuritaire demande beaucoup de moyens. Ce qu’il faut plutôt relever c’est la volonté affichée et assumée des plus hautes autorités de notre pays à combattre l’insécurité sous toutes ses formes. Cette volonté est réelle et on en a l’illustration tous les jours à travers une plus grande présence des forces de sécurité. Tout n’est pas parfait mais des mesures justes et appropriées sont toujours prises, les moyens à disposition sont mobilisés pour prévenir et combattre l’insécurité selon le cas et ce, sur toute l’étendue du territoire national.
Le week end dernier les forces de sécurité ont organisé une grande patrouille, pouvez-vous nous dire de quoi s’agit-elle ? Et qu’elles ont été les retombées positives ?
Compol.Kéita : Les patrouilles de grande envergure sont organisées selon le niveau d’alerte de l’insécurité. Il s’agit, sur une période bien déterminée, de marquer une plus grande présence des forces de sécurité sur un périmètre bien précis pour la prévention, la pédagogie et au besoin la répression. Pour les retombées, elles sont toujours positives.
Mais pour le cas spécifique du week dernier, les voix plus autorisées pourront vous fournir les données exactes.
A ce niveau, je voudrai qu’en même réagir à certaines affirmations tendant à faire passer cette patrouille de grande envergure comme une opération de com. et visant à humilier ou à stigmatiser certaines personnes.
La police malienne est une police au service de la République. Pour son efficacité elle a en son sein plusieurs corps de métier et pour lesquels des spécialistes sont recrutés. Mais ces spécialistes (maçons, mécaniciens, infirmiers, cuisiniers etc) sont des policiers ayant reçu les mêmes formations de base que tous les autres et sont préparés à accomplir toute mission de police. Donc, leur présence dans les équipes de patrouille n’est en rien étonnante. Ce sont des policiers comme les autres, ils serviront là où le devoir les appellera.
Votre mot de la fin ?
Compol.Kéita : Il s’agit pour moi de saluer les efforts inlassables des plus hautes autorités du Mali en vue de la sécurisation des Maliens.
Saluer le courage et la bravoure des éléments sur le terrain pour le formidable travail qu’ils accomplissent.
Appeler les populations à collaborer avec les forces de sécurité car l’information est la clé de voûte du système de sécurité et les rassurer que la police est là pour veiller à leur sécurité et non contre elles.
Entretien réalisé par Nana Cissé
SOURCE : Tikan