Le ton est remonté chez les travailleurs compressés qui, à travers deux associations, à savoir l’Association des travailleurs compressés du Mali (ATCM) et l’Union nationale des travailleurs compressés du Mali (UNTCM), projettent une grande marche le 24 de ce mois pour exiger de l’État condamné par la Cour d’appel, le paiement de leurs droits.
L’annonce a été faite à la faveur d’une conférence de presse, animée par les deux responsables associatifs, Ousmane BERTHE de l’ATCM et M. SISSOKO, de l’UNTCM. C’était hier, à la Bourse du travail, en présence de nombreux membres des deux associations.
Les participants avaient l’air grave. La détermination se lisait sur tous les visages quant à l’aboutissement de leur revendication exposée par les deux présidents. Ils ont fait savoir que suite à l’exécution partielle de certaines décisions de justice, la situation de paiement aux travailleurs s’élève à 19 milliards FCFA après avoir renoncé à 40 % du montant reliquataire et autres droits et indemnités.
Ils font savoir qu’un protocole d’accord avait été signé avec le mandataire plein pouvoir de l’État, Me Kassim TAPO. Dans le cadre de la mise en œuvre de ce protocole, ont-ils rappelé, l’État a payé au mandataire la somme de 7 093 663 357 FCFA au lieu de 9 688 249 330 FCFA, soit une différence de 2 594 585 877 FCFA. Il restait donc à payer à l’ATCM, après la somme de 115 796 629 FCFA, suivant mandat de délégation N° 1373 du 17 mars 2010, la somme de 2 478 789 334 FCFA qui devait être exécutée par le ministre BOUARE Fily SISSOKO.
Le point d’achoppement est que le ministre CISSE, qui reconnaît officiellement une erreur de 2 594 585 877 FCFA qui remonte à 2003, décide d’étaler le paiement de ladite somme sur 5 ans, après 13 ans d’attente. Ce à quoi les travailleurs compressés disent non.
Ils disent également non à la présentation d’une liste nominative des bénéficiaires ainsi que de leur numéro de compte personnel. Cela est considéré comme une politique de diviser pour régner. Ce qu’ils rejettent, d’autant plus qu’il viole le Protocole d’accord de 2008 qui prévoit de verser l’argent sur les comptes des avocats et des notaires qui ont des honoraires à prélever.
Le dossier coince toujours et le maître de l’hôtel des Finances est plus que jamais indexé. En effet, les travailleurs compressés s’expliquent mal qu’au moment où le ministre CISSE refuse de payer les travailleurs maliens, il éponge une facture de plus de 19 milliards FCFA au profit de SOMILO-SA, une société qui doit plus de 43 milliards FCFA à l’État malien. Pis, la grosse de justice française n’a pas reçu l’exequatur au Mali pour qu’elle soit exécutée.
Paradoxalement, relèvent les responsables associatifs, malgré les décisions de justice, dont l’Arrêt N° 00 187 de la Cour d’Appel de Bamako qui condamne l’État, le Département de l’Économie et des finances rechigne à mettre les travailleurs compressés dans tout leur droit qui s’élève à 59 595 276 553 FCFA.
Qu’à cela ne tienne, soutiennent lesdits responsables, à l’audience du 24 mai 2016, ils sont convenus avec le ministre CISSE, d’un règlement négocié à hauteur de 24 391 027 FCFA. Jusqu’ici, s’indignent-ils, il n’y a eu aucune réponse dudit ministre CISSE.
D’où, la décision des compressés de battre le pavé, le 24 décembre.
« Le 24 décembre, tout le Mali va nous entendre. Nous allons bloquer l’accès du ministère de l’Économie et des Finances. Advienne que pourra », ont menacé les responsables associatifs qui sont manifestement à bout de patience.
En prélude à cette marche que les travailleurs compressés attendent impatiemment, une Assemblée générale d’information est prévue le 15 de ce mois.
En définitive, ce sont des travailleurs compressés dépités qui déclarent que s’il y a la démocratie au Mali, il n’y a pas par contre d’État de droit.
« Nous sommes dans un État où les dirigeants piétinent eux-mêmes les lois », ont-ils dénoncé.
Affaire à suivre donc.
Par Bertin DAKOUO
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