Le Mali a connu de nombreuses figures politiques marquantes, mais peu d’entre elles ont laissé une empreinte aussi indélébile qu’Amadou Toumani Touré (ATT). Son nom reste synonyme de transition démocratique et d’engagement pour le développement de son pays. Trente-trois ans après la chute du régime de Moussa Traoré en 1991, et quatre ans après sa disparition en 2020, il est impératif de revenir sur son héritage politique et social.
Un militaire au service de la nation
Bamada.net-Né en 1948 à Mopti, ATT embrasse très tôt une carrière militaire qui le mènera au sommet de l’armée malienne. Après avoir suivi une formation à l’École militaire interarmes de Kati, il se perfectionne dans des institutions militaires prestigieuses à l’international. Son ascension est rapide, et il devient commandant de la garde présidentielle sous le régime de Moussa Traoré.
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Cependant, contrairement à d’autres officiers résolument fidèles au pouvoir, ATT prend conscience de la désillusion grandissante du peuple malien face à une dictature qui dure depuis près de vingt-trois ans. Il joue un rôle clé dans la chute de Moussa Traoré en mars 1991, après des manifestations massives durement réprimées, faisant plus de 200 morts.
L’homme du 26 mars 1991 : une transition réussie
Avec la mise en place du Comité de transition pour le salut du peuple (CTSP), ATT devient chef de l’État malien. Son engagement est clair : restaurer l’ordre, préparer une nouvelle Constitution et organiser des élections libres.
En seulement quatorze mois, il supervise la rédaction d’une nouvelle Constitution adoptée par référendum en 1992. Les élections présidentielles qui suivent portent Alpha Oumar Konaré au pouvoir. ATT s’efface alors, honorant sa promesse de ne pas briguer de mandat, un geste rare en Afrique à l’époque. Ce départ volontaire du pouvoir assoit sa réputation de militaire dévoué à la cause démocratique.
Un retour triomphal en 2002
Après une décennie de retrait politique et d’engagement dans des missions humanitaires, ATT revient sur le devant de la scène en 2002. Il se présente comme candidat indépendant à l’élection présidentielle et l’emporte dès le second tour.
Sous son mandat, il lance plusieurs programmes de développement socio-économique :
- L’Initiative du millénaire pour le développement, qui vise à améliorer les infrastructures et l’accès à l’eau potable.
- Le Programme d’investissement rural, pour soutenir l’agriculture et l’élevage.
- Les réformes du secteur de la santé et de l’éducation, pour renforcer les services publics essentiels.
Son leadership pragmatique lui permet d’être réélu en 2007 avec plus de 70 % des suffrages. Cependant, son second mandat est marqué par une montée de l’insécurité au nord du pays, où des groupes terroristes et rebelles touaregs gagnent du terrain.
Le coup d’État de 2012 : une chute brutale
Malgré les avancées sociales et économiques, ATT est confronté à une crise sécuritaire majeure. En mars 2012, à quelques semaines de la fin de son mandat, il est renversé par un groupe de militaires dirigé par le capitaine Amadou Haya Sanogo. Ce coup d’État, prétendument motivé par la gestion de la crise au nord, met fin brutalement à son règne.
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ATT est contraint à l’exil au Sénégal, où il demeure jusqu’à son retour en 2019. Malgré son éviction, il conserve une grande popularité au sein de la population malienne.
Un héritage incontestable
Amadou Toumani Touré s’éteint le 10 novembre 2020 en Turquie, des suites d’une opération cardiaque. Son décès suscite une vague d’hommages au Mali et à travers l’Afrique.
Son principal héritage demeure son rôle dans la transition démocratique de 1991, ainsi que sa gouvernance axée sur le développement et le consensus. Surnommé « le soldat de la démocratie », il incarne une vision du pouvoir fondée sur la concertation et la stabilité.
Aujourd’hui, alors que le Mali traverse encore des turbulences politiques et sécuritaires, son modèle de gouvernance et son esprit de dialogue restent des sources d’inspiration. Son souvenir continue d’habiter les Maliens, qui gardent en mémoire l’image d’un homme dévoué à son pays jusqu’à son dernier souffle.
Bamada.net rend hommage à Amadou Toumani Touré, un bâtisseur de la démocratie malienne.
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BEH COULIBALY
Source: Bamada.net