Au Mali, les femmes déplacées internes s’activent dans les préparatifs de la fête de ramadan sur les différents sites. Se faire belle, s’assurer du bien-être de soi et de ses enfants sont entre autres les différentes préoccupations qui sont mises en avant. Elles affirment pour la plupart, faire ces préparatifs avec de maigres moyens. Ainsi, elles appellent les autorités, les ONG ainsi que les bonnes volontés à leur venir en aide afin que la fête soit belle sur les sites de déplacés.
Il est 9 H 50 ce mercredi, à moins d’une semaine de la fête de ramadan, lorsque nous arrivons sur le site de déplacés de Sogoniko au centre Mabilé dans la capitale malienne. Visiblement, c’était bon réveil chez les uns et les autres. Des enfants jouent çà et là. Des femmes en groupe appliquent le henné traditionnel sur les mains et les pieds. En même temps, un homme d’environ quarante ans dans un autre coin ramasse des ordures pour les mettre dans une poubelle. Il nous explique en ces termes : « C’est bientôt la fête, il faut que tout soit propre pour bien fêter. »
Tedy Barry, responsable des femmes déplacées, affirme qu’une bonne volonté a déjà fait le premier pas pour leurs préparatifs de la fête de ramadan.
« Chaque fête, nous, les parents, nous nous inquiétons pour nos enfants. Ils réclament toujours leurs vêtements et chaussures de fête. Des gens sont venus coiffer et tresser nos enfants. Un geste qui nous a beaucoup touchés. Ils nous ont dit que c’était l’initiative d’un de leurs proches à l’étranger, et ont promis de revenir avec des habits et chaussures pour les enfants. Notre principale préoccupation, à nous les femmes, est d’avoir l’argent pour les condiments. Habituellement, des particuliers nous donnent des vêtements. Le jour de la fête, nous prierons ensemble et bénirons le pays », nous a-t-elle confié.
Une fête morose pour des déplacés internes dans les régions
Halima Dicko vit avec ses enfants sur le site de Barbé Plateau 2, situé à la sortie de Sévaré, dans la région de Mopti. Selon elle, les femmes qui habitent sur place vont fêter avec les moyens de bord. Car, dit-elle, elles n’ont reçu aucune aide leur permettant de mieux préparer la fête de ramadan.
« Nous sommes ici, mais avec des difficultés quand même. En ce qui concerne la fête, c’est le cas des enfants qui est prioritaire contrairement à nous, les adultes. Nous pouvons nous débrouiller avec les anciens habits. Mais ce n’est pas du tout facile avec les enfants. Nous n’avons pas encore eu d’aide de quelconque nature pour la fête de ramadan ».
Alimata Tangara et Salimata Djibo sont toutes deux des femmes déplacées à San. Elles attendent avec espoir de l’aide pour parfaire les préparatifs.
Alimata explique qu’elle « n’a pas les moyens d’acheter de nouveaux vêtements pour ses enfants cette année, et leur a demandé de porter leurs anciens habits. Elle espère pouvoir se procurer les condiments nécessaires pour la fête ». Salimata indique que « leurs frères, qui travaillent sur les sites d’orpaillage, les aident beaucoup dans les préparatifs de la fête et avec l’aide du service du développement social ».
Nous retrouvons Kadia Banou qui grillait del’oignon. C’était le mardi passé 25 mars aux environs de 16 heures. Comprenez par-là que nous avons mis le cap sur Bandiagara. Ici, également, vivent des personnes déplacées internes, précisément sur le site ATTbougou. Cette dame explique que toutes les femmes se mobilisent pour fêter, malgré leur situation difficile.
« La fête de Ramadan s’approche à grands pas. On n’a rien de spécial comme préparatifs. Nous allons faire tout notre possible pour fêter, malgré le contexte difficile que nous traversons. Déplore-t-elle.
Le service du développement social tire la sonnette d’alarme
A Bandiagara, le service de développement social et de l’économie solidaire a vite compris l’urgence. Son directeur, Lamine Dolo, lance un appel aux partenaires pour que les femmes et leurs progénitures puissent bien fêter.
« Depuis quelques temps, on est en train de chercher des partenaires pour pouvoir venir en aide à nos personnes déplacées internes pour qu’elles ne se sentent pas mises à l’écart pour cette fête. Nous lançons quand même un appel aux différents partenaires, aux bonnes volontés, surtout pour les tout-petits, afin qu’ils fêtent dans de bonnes conditions. Explique-t-il.
La fête sera belle pour les déplacés internes de Ségou et Goundam
De Bandiagara, nous retournons dans la 4ᵉ région, Ségou. Nous avons rencontré Aminata Dicko au site de déplacés internes d’ATTbougou. Une part des inquiétudes pour les femmes à l’occasion de la fête du ramadan est déjà assurée. Toutefois, elle ajoute que beaucoup reste à faire.
« L’aide reçue comprend 50 kg de riz, 5 litres d’huile et 10 paquets de spaghetti par ménage. Hier, d’autres dons ont été distribués. L’ONG Alfarouk a effectué ces distributions », nous confie-t-elle.
Amadou Abdoulaye Touré est le porte-parole d’Elhadji Alpha Oumar Haidara. Un ressortissant de Goundam résident à Bamako. Il a apporté une aide aux personnes déplacées internes de la localité. À l’occasion de cette fête, une bonne nouvelle attend cette couche vulnérable.
« Il aide ses frères et sœurs dans le besoin par solidarité. Le don comprend plus d’une tonne et demie de petit mil, de riz et une enveloppe symbolique pour chacun. C’est bientôt la fin du mois de Ramadan. Il y a beaucoup d’actions en cours qui seront exécutées d’ici là », a-t-il précisé.