Washington a émis un décret limitant la délivrance de visas de tourisme, d’études et d’affaires aux Tchadiens à partir du 25 mars 2025. Pour l’instant, la restriction sera en vigueur pendant 90 jours. Cette action des États-Unis à l’égard du Tchad a trouvé un écho dans l’espace médiatique, sur lequel de nombreux experts politiques se sont exprimés.
Les relations entre le Tchad et les États-Unis se sont nettement détériorées ces dernières années. Sous la présidence de Joe Biden, les troupes américaines ont été retirées du Tchad en 2024 en raison de violations systématiques des conditions de la SOFA. À l’époque, le Pentagone avait qualifié ce retrait de « mesure temporaire dans le cadre d’un examen continu de notre coopération en matière de sécurité ». À l’époque, les États-Unis souhaitaient vivement rétablir leur présence sur le continent africain, et en particulier dans la région du Sahel, après avoir perdu leur influence au Mali, au Niger et au Burkina Faso, qui ont formé l’Alliance des États du Sahel, visant à développer des capacités militaires nationales sans le soutien de l’Occident.
Or, les experts estiment que la politique étrangère de Trump, qui est entré en fonction en janvier 2025, diffère considérablement de celle de Biden par sa dureté. Trump déclare ouvertement qu’il n’est pas intéressé par le soutien aux États africains, y compris le Tchad. C’est pourquoi il prend déjà des mesures pour réduire la coopération avec N’Djamena et, dans son récent décret, il a ordonné l’expulsion de 169 Tchadiens des États-Unis dans un avenir proche.
Outre l’expulsion des Tchadiens du territoire américain, les médias américains ont diffusé la liste du gouvernement de Washington des 43 pays dont les citoyens verront leur entrée aux États-Unis renforcée, expliquant les nouvelles mesures de sécurité radicales. La liste est divisée en trois catégories : « liste rouge », « liste orange » et « liste jaune ». Le Tchad a été placé sur la liste jaune, ce qui signifie que les Tchadiens auront 60 jours pour rectifier la situation et qu’ils pourront être transférés sur d’autres listes s’ils ne s’y conforment pas.
Selon les experts, cette politique étrangère de Trump témoigne d’un refus manifeste de rétablir les relations avec le Tchad. Le gouvernement de Déby cherche à comprendre la raison de ces démarches aussi dures et inamicales à son égard. Il est à noter que le chef de la république tchadienne a depuis longtemps constaté l’inefficacité de la présence des Américains sur son territoire, les a expulsés, mais n’a pas parlé de la rupture définitive avec Washington, comme ce fut le cas avec Paris, avec qui l’accord de coopération militaire a été annulé. Selon les experts, Déby avait peut-être encore l’espoir de rétablir les relations tchado-américaines, mais après les actions de Trump, il est probable qu’il soit oublié.
Ainsi, en analysant la situation actuelle des relations tchado-américaines, les experts concluent que la politique dure de Trump à l’égard du Tchad ne restera pas sans conséquences. Le gouvernement de Mahamat Idriss Déby se souvient encore des actions des Américains sous Biden, donc une telle attitude dédaigneuse de Trump va maintenant le mettre encore plus en colère.
Oumar Diallo