Sur les hauteurs de Koulouba, la fameuse Colline du pouvoir, là où souffle l’histoire politique du Mali moderne, un Conseil des ministres comme tant d’autres s’est tenu ce mercredi 28 mai 2025. Pourtant, celui-ci n’était pas comme les autres. À travers deux textes techniques, mais hautement stratégiques, le Mali a posé un acte souverain de grande portée économique : la décision de participer majoritairement au capital de la future Société de Raffinerie d’Or du Mali.
Bamada.net-Sous la présidence du Général d’Armée Assimi GOÏTA, Chef de l’État, et en présence de son Premier ministre, le Dr Général de Division Abdoulaye MAÏGA, ce moment a surtout été marqué par la présentation d’un rapport déterminant du Ministre de l’Économie et des Finances, M. Alousséni SANOU, fin connaisseur de l’univers bancaire africain et cerveau des grandes réformes structurelles en cours.
Une raffinerie, un symbole : celui de la souveraineté retrouvée
On a longtemps extrait l’or au Mali pour qu’il brille ailleurs. Des tonnes entières ont quitté le sol malien sans laisser d’empreintes concrètes dans l’économie réelle. Cela, les Assises Nationales de la Refondation (ANR) l’ont compris et dit haut et fort : il faut arrêter de brader les richesses du pays et reprendre le contrôle de leur transformation.
Parmi les recommandations phares des ANR : créer une raffinerie nationale, relire le Code minier, encadrer l’orpaillage artisanal, et surtout, faire de l’État malien un acteur majeur du secteur aurifère, non plus un simple spectateur des profits étrangers.
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C’est dans cette logique que s’inscrit la création prochaine d’une raffinerie d’or, avec une capacité annuelle annoncée de 200 tonnes. Un chantier immense, mais surtout un geste politique et économique fort : l’État malien y détiendra 62 % du capital, selon le protocole d’accord signé avec la société russe Yadran.
Une transition qui transforme la vision économique
Depuis le début de la transition en 2021, la rupture est claire : place à la souveraineté économique. Cela ne se limite pas à des discours, mais se manifeste par des actes tangibles : relecture du Code minier en 2023, loi sur le contenu local, montée en puissance de l’État dans les secteurs stratégiques. La raffinerie d’or devient ainsi le prolongement naturel de cette nouvelle doctrine économique.
Dans un pays où l’or représente plus de 75 % des exportations, il devenait urgent de passer de la simple extraction à la transformation locale, de la matière brute au produit raffiné, de la dépendance à la maîtrise. La raffinerie ne servira pas seulement à purifier le métal jaune ; elle permettra aussi de purifier les circuits économiques, en luttant contre la fraude, en renforçant la traçabilité, et en fixant la valeur ajoutée sur place.
Et si c’était ça, le vrai début du développement ?
Au-delà des chiffres, au-delà même des enjeux économiques, cette raffinerie pourrait bien symboliser le début d’une nouvelle ère pour le Mali : celle d’un pays qui ne se contente plus de subir les règles du marché mondial, mais qui impose désormais ses conditions. Une raffinerie nationale, ce n’est pas simplement un outil industriel ; c’est un outil de justice économique, un rempart contre la fuite des ressources, un tremplin pour l’emploi local, un moteur pour la croissance réelle.
Reste à transformer cette belle promesse en réussite concrète. Cela suppose un suivi rigoureux, une gestion transparente, et une volonté politique constante. Car une raffinerie peut être un atout… ou un mirage, si elle est confiée aux mauvaises mains ou noyée dans des intérêts opaques.
Mais à en croire le climat actuel et l’engagement affiché au sommet de l’État, le vent semble avoir tourné. Et cette fois, en faveur des Maliens.
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Moussa Keita
Source: Bamada.net