Il est un fait incontestable : le Mali, comme beaucoup d’autres pays sahéliens, souffre depuis trop longtemps d’un mal silencieux mais ravageur – l’insuffisance énergétique. Entre délestages imprévisibles, installations vétustes et quartiers entiers plongés dans l’obscurité, l’électricité est devenue à la fois un luxe et une revendication. Ce mercredi 21 mai 2025, au palais présidentiel de Koulouba, les autorités maliennes ont décidé de transformer cette plainte populaire en acte politique fort.
Bamada.net-Sous la présidence du Général d’armée Assimi Goïta, Chef de l’État et Président de la Transition, et en présence de son Premier ministre, le Dr Général de division Abdoulaye Maïga, le Conseil des ministres a adopté un projet de ratification qui mérite attention : un accord de prêt de 30 milliards de francs CFA, signé à Lomé avec la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD). Ce financement est destiné à la construction du tronçon Nord de la boucle Nord 225 kilovolts autour de Bamako, ainsi qu’à des travaux sur plusieurs postes électriques stratégiques.
Plus qu’un projet d’infrastructure : une vision
À première vue, il pourrait s’agir d’un projet comme tant d’autres. Des lignes, des poteaux, des transformateurs, des postes à renforcer ou à bâtir… mais en réalité, ce projet est emblématique d’un changement d’approche dans la gouvernance malienne. Il ne s’agit pas uniquement de transporter de l’électricité d’un point A à un point B. Il s’agit de réparer un tissu national déchiré par des années de précarité énergétique et de remettre en marche les rouages du développement.
Concrètement, les travaux concernent la construction d’une ligne haute tension de 225 kilovolts double terne, traversant Kodialani, Kambila, Safo et Dialakorobougou. De nouveaux postes de transformation seront érigés à Safo et Kénié, pendant que ceux déjà existants à Kodialani, Kambila et Dialakorobougou seront renforcés et modernisés. L’électrification de nouveaux quartiers viendra, espérons-le, illuminer la vie quotidienne de milliers de citoyens.
L’électricité, levier de dignité nationale
Ce projet est plus qu’un simple dossier technique approuvé autour d’une table ministérielle. Il est le reflet d’une volonté politique assumée, celle d’inscrire l’énergie dans le champ des grands enjeux de souveraineté. Car que vaut une souveraineté qui ne s’éclaire pas la nuit ? Que vaut l’indépendance politique si les foyers, les écoles et les hôpitaux restent tributaires des groupes électrogènes et des bougies ?
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Dans ce sens, la déclaration du ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, est révélatrice : « Ce partenariat avec la BOAD est un signal fort de confiance à l’égard du Mali, mais aussi un engagement envers notre peuple. » C’est donc aussi une victoire diplomatique, dans un monde où les lignes bougent et où les alliances se redessinent au rythme des intérêts géostratégiques.
Énergie, industrialisation et justice sociale
La boucle Nord, telle qu’envisagée dans ce projet, n’est pas seulement une infrastructure électrique. C’est une épine dorsale logistique, un futur corridor d’énergie autour de Bamako. Et si tout se passe comme prévu, elle devrait accroître la stabilité du réseau, réduire les pertes techniques et stimuler l’activité économique, notamment dans les zones industrielles périphériques de la capitale.
Mais il faut aussi voir au-delà du fil électrique. Ce projet est porteur de justice sociale. Il permettra à des quartiers longtemps laissés pour compte d’être enfin intégrés dans le réseau national. C’est l’électricité comme facteur d’équité, comme vecteur d’opportunités : pouvoir étudier la nuit, faire tourner un atelier, conserver des médicaments ou tout simplement vivre dans la dignité.
Ce que l’avenir nous dira
Bien sûr, entre l’adoption du projet et sa concrétisation, il y a un gouffre : celui des retards administratifs, des surcoûts, de la mauvaise exécution ou même du sabotage bureaucratique. Mais cette fois, les autorités semblent déterminées à faire du secteur énergétique une priorité nationale. Le ministère de l’Énergie parle déjà d’un comité de pilotage rigoureux, et les signaux venus de Koulouba indiquent une suivi stratégique au plus haut niveau.
Le peuple malien est en droit d’attendre des résultats concrets, visibles, mesurables. Pas seulement des chiffres dans un rapport ou des lignes sur une carte. Ce qu’il attend, c’est que la lumière revienne. Et avec elle, l’espoir d’un avenir meilleur.
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Fatoumata Bintou Y
Source: Bamada.net