Rien ne va plus dans les entrepôts maliens des ports de transit du Ghana, du Togo, de la Mauritanie, du Sénégal et de la Guinée, entre autres. Et pour cause. L’arrêté N°2014-3244/Metd-SG du 13 novembre, portant nomination des Directeurs desdits entrepôts, pris par le Ministre Mamadou Hachim Koumaré, est jugé illégal et surtout discriminatoire par les fonctionnaires maliens qui y travaillent.
Un arrêté illégal menacé de recours en annulation devant les tribunaux administratifs
Selon nos sources, l’arrêté N°2014-3244/Metd-SG du 13novembre 2014 viole la lettre N°0081/MET-CAB du 20 mars 1994 adressée par le ministre de l’Equipement et des Transports en son temps, Bakary Konimba Traoré, aux Directeurs des entrepôts maliens en Côte d’Ivoire (Emaci), au Sénégal (Emase) et au Togo (Emato).
Dans un passage de ladite lettre, relatif à la durée de séjour dans les entrepôts, il ressort clairement que ‘’Concernant la durée de séjour des fonctionnaires dans les entrepôts maliens, il m’est apparu nécessaire de limiter et de fixer à quatre (4) ans maximum le séjour des Directeurs et à cinq (5) ans maximum celui des autres fonctionnaires’’.
Une lettre considérée comme le droit positif en la matière parce que n’ayant jamais été remise en cause. Or certains Directeurs des entrepôts qui viennent d’être relevés n’ont été nommés qu’en 2013. Il s’agit des Directeurs des entrepôts maliens au Ghana (Emagha) et celui des entrepôts maliens au Togo (Emato). Moins d’une année donc après leur nomination, ces derniers viennent d’être virés comme des malpropres.
Pour quelle raison ? Ont-ils commis des fautes de gestion et que leur reproche-t-on ? Rien de tout çà. Leur tort c’est d’être des militaires et surtout être des proches de l’ex-ministre de l’Equipement et des Transports, Général Abdoulaye Koumaré. Nos sources nous révèlent que ces derniers s’apprêteraient d’ailleurs à attaquer ledit arrêté devant le Tribunal administratif pour excès de pouvoir.
Un arrêté discriminatoire
Cet arrêté, comme tout acte administratif qui est supposé être général et impersonnel, a été pris à dessein. Il intervient en effet au moment où tout le département de l’Equipement, des Transports et du Désenclavement attend avec impatience le rapport et les recommandations de la commission parlementaire qui a effectué une visite au Sénégal, au Ghana, au Togo et au Benin. D’après les informations recueillies sur le terrain, cette mission fait suite à un scandale qui a éclaté dans les entrepôts maliens du Sénégal (Emase), portant sur près de 500 millions de F CFA.
Un manque à gagner considérable. Et Dakar a été considéré par les élus du peuple comme l’entrepôt le plus décrié. Curieusement, au lieu de prendre des sanctions contre la Directrice dudit entrepôt qui est en poste depuis dix ans, on s’attaque à d’autres qui sont considérés comme les plus méritants. En vérité, cette attitude se comprend aisément pour quelqu’un qui sait que les entrepôts maliens dans les ports de transit sont des budgets annexes, des ordonnateurs à leur niveau, c’est-à-dire que les budgets sont élaborés et exécutés par les Directeurs.
En clair donc, ce sont des boîtes à sous pour le Ministre, les membres de son Cabinet et le Directeur national des transports. Une véritable mafia organisée dans laquelle les nominations des Directeurs sont faites en fonction des intérêts en jeu. Quelqu’un qui ne fait donc pas l’affaire des boss de Bamako doit s’effacer.
C’est probablement ce qui explique les mesures prises contre les Directeurs des entrepôts maliens au Togo et au Ghana. Selon nos sources, ces derniers ont voulu mettre fin à cette pratique et surtout au règne de cette mafia. Ils ne répondaient plus aux caprices de leur patron. L’actuel Directeur national a décidé de sévir en plaçant ses hommes de confiance dans les différents entrepôts.
Au Ghana, les entrepôts ont été confiés à Mme Konaté Kadiatou Camara, précédemment chef de Division à la Direction nationale des transports, donc une proche du Directeur national. Le hic est que cette dernière va dans un pays anglophone sans aucune connaissance de l’anglais. Quant au nouveau Directeur des entrepôts maliens au Togo (Emato), il a l’avantage de venir de la même ville que le ministre Koumaré, mais aussi et surtout d’être un ami de l’actuel Directeur national.
Pour le cas de Mamy Coulibaly, c’est une promotion en or qu’on lui offre. Simple fonctionnaire aux entrepôts maliens en Mauritanie(Emamau), il devient Directeur à cause de ses relations avec le boss. Sous d’autres cieux, cela n’est ni plus ni moins que du népotisme. Mais rompre l’égalité des chances des Maliens devant la loi est contraire à l’esprit de la constitution de 1992. La continuité de l’Etat n’est-elle pas un principe sacro saint en droit administratif ?
Ce principe est systématiquement bafoué depuis la prise de fonction du ministre, Mamadou Hachim Koumaré à la tête du ministère de l’équipement, des transports et du désenclavement. Il revient en effet que toutes les nominations faites par son prédécesseur sont en train d’être mises en cause Curieusement, les services visés sont supposés être les plus juteux :Cetru, autorité routière, aéroport du Mali entre autres.
Birama FALL
Source: Le Prétoire