Pour qu’une affaire judiciaire se noie aussi facilement dans les subtilités et en profite pour s’éteindre, il fallait sans doute qu’elle jouisse du privilège de la raison martiale. Il s’agit de l’affaire Amadou Haya Sanogo, qui faisait l’objet d’un traitement inédit par arrangement, il y a quelques années. C’est au nom de la cohésion des forces armées et d’une indispensable convivialité en leur sein, en effet, que les ayant-droits de la vingtaine de bérets rouges assassinés durent s’accommoder d’une indemnisation contre une extinction totale de l’affaire. L’opinion est ainsi restée sur sa faim quant aux circonstances de leur entassement dans une fosse commune aux confins du village de Diago devenu tristement célèbre. Ça n’est pas le seul dossier Sanogo étouffé dans l’œuf. La seconde affaire concerne la disparition miraculeuse, dans des circonstances tout aussi dramatiques et nébuleuses, d’un certain colonel Youssouf Traoré. Sauf que les chefs d’inculpation le concernant avaient miraculeusement disparu des récits macabres de 2012, alors quoiqu’on n’ait jamais eu vent d’un renoncement public des ayant- droits de cette autre victime à une conduite de la procédure à son terme.
Le Témoin