A la cérémonie de prestation du nouveau président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, l’ancien président de la République, le général Moussa Traoré, était gaillardement assis dans la première loge des invités.
C’est au cours de son discours qu’IBK l’a publiquement présenté et a même commencé ses hommages par lui. « Monsieur le président de la République, El Hadj Moussa Traoré, général Moussa Traoré, votre présence ici est le fait du grand républicain que vous êtes ».
Ibrahim Boubacar Kéita a ensuite rendu un hommage à son prédécesseur, Pr. Dioncounda Traoré : « Une transition qui a débuté dans des difficultés de tous ordres, qui a nécessité des sacrifices inouïs de la part de ceux qui ont eu la lourde charge de sa conduite. Au premier plan de ces acteurs, chacun comprendra qu’une mention particulière soit faite à mon très estimé ainé, le Pr. Dioncounda Traoré. Grand frère, au jour de la reconnaissance du mérite, il est séant que ton nom brille au fronton de l’édifice national.Ton calme olympien légendaire, ta grande sérénité dans la tempête, ton éternel et inébranlable optimisme auront permis de franchir bien des handicaps. La construction du Mali nouveau aura besoin de l’expérience fabuleuse acquise dans la douleur, la patience, et un courage certain. Que tous ceux qui t’ont accompagné dans cette difficile et délicate épopée, trouvent ici notre reconnaissance solennelle de l’œuvre salvatrice accomplie au nom et pour la patrie malienne. Vos efforts, Monsieur le Président par intérim et ceux de vos différentes équipes malgré une somme colossale d’énergie déployée dans tous les domaines, n’auraient pu nous conduire à un dénouement aussi rapide et heureux, sans la magnifique mobilisation d’une chaîne de solidarité inédite dans l’histoire contemporaine ».
Par contre, Ibrahim Boubacar Kéita n’a pas prononcé les noms des anciens présidents, Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré encore moins celui du désormais général 4 étoiles, Amadou Haya Sanogo, le putschiste.
Personne n’a compris comment le nouveau chef de l’Etat peut superbement ignorer ces anciens chefs de l’Etat et consacrer autant d’amabilités à un dictateur déchu, Moussa Traoré, qui s’est farouchement opposé à l’avènement de la démocratie qui a permis à IBK d’accéder aujourd’hui à la magistrature suprême.
Qu’il décide de ne pas parler de Sanogo pour ne pas irriter certains diplomates étrangers présents dans la salle, de même qu’Alpha Oumar Konaré qu’il peut accuser d’être contre lui pour l’avoir trahi en 2002 et refusé de lui adresser ses félicitations après son élection, d’accord, mais qu’IBK ne prononce pas le nom d’ATT qui lui a adressé ses félicitations, il y a problème. Surtout quand c’est pour jeter des fleurs à un dictateur !
Abdoulaye Diakité