Depuis plusieurs semaines, des informations font état d’attaques de villages dans le cercle de Bankass. Des incursions meurtrières d’hommes armés qui ont conduit à des déplacements massifs et contribuent à alimenter la psychose dans cette zone.
Sur les réseaux sociaux, des images de villages entièrement calcinés, de greniers brûlés et de douilles de balles, dans un paysage encore fumant, circulent depuis des semaines. Selon les chiffres avancés par le maire de la commune rurale de Bankass, une vingtaine de villages ont été attaqués depuis le début du mois de mars, conduisant à la mort de plus d’une cinquantaine de personnes. S’il hésite à se montrer catégorique, le maire de Bankass analyse la recrudescence de ces attaques comme visant à empêcher la bonne tenue des législatives du 29 mars prochain. Il nourrit l’espoir que ces élections puissent se tenir, car, dans le cas contraire, la situation s’envenimerait. Mais, à l’instar de quelques homologues, il voit une corrélation entre les attaques récurrentes et la levée des check-points décidée par le Premier ministre, Boubou Cissé. Ceci et l’absence de soldats maliens dans la zone, selon M. Guindo auraient donc « mis en confiance » les assaillants. Dans nos colonnes, le maire de la commune urbaine de Bandiagara, Housseyni Saye, se montrait beaucoup plus critique, en pointant du doigt une « situation ayant empiré » et avouant sa déception à l’égard de l’État.
Rançonneurs ou protecteurs ?
Pour le gouverneur de la région de Mopti, le général Abdoulaye Cissé, la question ne se pose pas. Il l’affirme, « ceux (les éléments Dana Ambassagou) qui tenaient les check-points ne sont autres que des bandits, qui rançonnent pour le compte de Youssouf Toloba ». Ce qui, selon lui ne saurait continuer. « Ce n’est absolument pas normal. Nous avons besoin de l’autorité de l’État pour instaurer l’ordre et la discipline » assure-t-il. Interrogé, le maire de Bankass, quelque peu gêné par le sujet visiblement, n’a ni confirmé ni infirmé les affirmations du gouverneur. « Des gens disent que cela se passe dans les véhicules de transport en commun. Ne les empruntant pas, je ne saurais témoigner de ce qui s’y passe ». Le gouverneur, qui semble bien décidé à y mettre fin pour tenir la « digue » de Mopti, regrette que le problème du centre soit devenu un fonds de commerce pour « certains », ce qui en complique sa résolution.
Boubacar Sidiki Haidara
Journal du Mali