Les paysans et les défenseurs de leurs causes venus d’une vingtaine de pays étaient, du 28 septembre au 1er octobre dernier àSelingué dans le cadre des festivités des 10 ans du Centre International de Formation en Agroecologie Paysanne Nyeleni de Selingué (CIFAN).
Il y a 10 ans, des paysans venus du monde entier et de tout le Mali étaient en conclave à Selinguéà travers un forum sur la souveraineté alimentaire. C’est cette rencontre qui a abouti à la création du Centre International de Formation en Agroecologie Paysanne Nyeleni (CIFAN). Le but de ce centre est de former les paysans en agroécologie. C’est pour fêter les 10 ans de ce combat que les mêmes paysans étaient du 28 septembre au 1er octobre dernier à Selingué. La rencontre visait aussi à faire le bilan des 10 ans de combat pour l’agroécologie. Les représentants de plusieurs pays ont fait le bilan de leur combat. Ce combat, en plus de l’agriculture concerne l’élevage, la pêche, la foresterie, le foncier, etc…
Les trois jours de rencontre ont été marqués par des échanges, des projections de documentaires et des présentations sur l’agroécologie.
Lors de la cérémonie d’ouverture, le président de la Coordination Nationale des Organisations Paysannes (CNOP), Ibrahima Coulibaly a félicité l’organisation pour la tenue de ces festivités marquant les 10 ans de la création du CIFAN.
Il s’est réjoui des résultats obtenus durant ces 10 ans dans le combat à travers la tenue de plusieurs activités de formation et de sensibilisation. Avant d’insister sur la nécessité pour les paysans de continuer cette lutte pour leur bien-être. Mais aussi pour la santé de l’environnement. Car selon lui, les grandes firmes agricoles ne pensent qu’à leurs propres intérêts.
Le reste de cette première journée a été consacrée à la protection d’un film qui retrace les 10 ans de la création du CIFANet à des discussions.
La deuxième journée a été consacrée à des présentations comme celle du Pr Amadou K. Coulibaly, spécialiste de l’agroécologique et point focal du projet AEB à l’IPR-IFRA de Katibougou. Les présentations de Abdramane Z. Traoré, promoteur de la Ferme Agroécologique de Benkadibougousur les races locales de poulet, de Alima Traoré, présidente de la COFERSA (Convergence des Femmes Rurales pour la Souveraineté Alimentaire) et de Lucien Silga du Burkina Faso sur la lutte pour la reconnaissance des droits des paysans sur leurs semences, le processus Semences Normes et Paysan du Mali, le rapport de mission d’enquête sur le droit à l’alimentation, sur les systèmes semenciers au Burkina Faso, la méthodologie d’évaluation de la sécurité foncière, ont marqué cette journée.
Pour la troisièmejournée, elle a été marquée par des discussions sur des thèmes présentés par les panélistes. Parmi ces thèmes, la place des jeunes et des femmes dans la promotion de l’agroécologie en Afrique (cas du Sénégal, du Niger et du Mali), la promotion des produits agroécologiques paysans avec les femmes rurales pour la souveraineté alimentaire, la femme et le foncier, la dynamique collective des femmes dans les activités de production, de transformation et de commercialisation, la cartographie des partenariats locaux et solidaires pour l’agroécologie en Afrique de d’Ouest, la construction de convergences, de plateforme, de manifestes de l’agroécologie paysanne…. Les discussions sur ces thèmes ont été suivis de travaux de groupes sur les stratégies pour agir ensemble, avec qui, où et quand, les faiblesses et les forces, les lois, les avancées vers des terroirs en Agriculture Écologique Paysanne(AEP) ainsi que les politiques à mettre en place pour la promotion des produits AEP, etc…
La dernière journée a été marquée par la restitution des travaux des groupes suivis d’une déclaration dans laquelle, les paysans définissent la souverainetéalimentaire comme le droit des peuples à une alimentation saine et culturellement appropriée, produite avec des méthodes écologiques et responsables et le droit des peuples de définir leurs propres systèmes agricoles et alimentaires. Selon cette déclaration, six piliers garantissent les droits du monde paysan. Ces droits sont le droit à l’alimentation, le droit d’utiliser et de gérer les terres, les territoires, les eaux, les semences, les bétails et la biodiversité qui doivent rester entre les mains de ceux qui produisent la nourriture à travers l’agroécologie paysanne.
Le président de la CNOP, Ibrahima Coulibaly dans ses mots de clôturea salué les 250 participants de 24 nationalités pour leur présence auxfestivités des 10 ans du CIFAN. Il a appelé les uns et les autres à continuer le combat qu’il ont commencé pour l’atteinte del’objectif fixé qui est la protection de l’environnement à travers une agriculture saine, respectueuse de la santé de l’homme et de son environnement. La célébration des 10 ans du CIFAN a été suivie d’un atelier de formation de cinq jours destinée aux enseignants-chercheurs du supérieur sur l’agroécologie, organisé par la FAO en partenariat avec la CNOP et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique.
M.Dolo
Source: Tjikan