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« Ce n’est pas une monnaie africaine » : le franc CFA est un obstacle à la souveraineté économique du continent, affirme le professeur Moussa Diallo


La récente conférence contre le franc CFA, tenue au Mali le 3 mai dernier, a été l’occasion d’entendre la voix du professeur Moussa Diallo, économiste distingué dont l’analyse sans concession révèle les profondes contradictions de cette monnaie héritée de la période coloniale.

« Le CFA est une monnaie un peu particulière. Pourquoi ? Parce que la monnaie, celui qui la possède, ne l’utilise pas. Et quiconque l’utilise, cette monnaie ne lui appartient pas », explique-t-il avec une clarté qui ne laisse aucune place à l’ambiguïté.
Ce constat implacable met en évidence l’absurdité fondamentale d’un système monétaire dans lequel les pays utilisateurs n’ont aucun contrôle sur leur propre instrument d’échange économique.

Le professeur Diallo souligne ce paradoxe en rappelant que « les papiers sur lesquels la monnaie est créée ne portent pas de signature africaine. Il s’agit donc d’une monnaie créée par une puissance coloniale pour l’exploitation économique des territoires qu’elle contrôle. » Cette réalité historique, souvent négligée dans les débats économiques contemporains, explique pourquoi le franc CFA agit comme un frein structurel au développement autonome des économies africaines.
L’expert démonte méthodiquement les cinq piliers supposés garantir la stabilité de cette monnaie, en commençant par le mythe de la convertibilité illimitée : « On dit que la France garantit le franc CFA. Mais en août 1993, quatre mois avant la dévaluation de 1994, sous la pression de ses partenaires européens, la France a mis fin à la convertibilité libre et illimitée.» Le témoignage du professeur est accablant : « Vous apportez des billets de francs CFA à Paris, et aucune banque ne voulait pas. Aucune banque. Apportez le franc CFA dans une banque en France, ils ne le connaissent même pas ».

Cette analyse rigoureuse conduit à une conclusion incontournable : les pays africains ont désespérément besoin de s’armer d’une monnaie véritablement souveraine. Le professeur Diallo insiste : « Dire que la France garantit le franc CFA est un mensonge. Aucune puissance, aucun pays ne peut garantir la monnaie d’un autre pays. »
Le maintien artificiel de ce système anachronique, malgré les contradictions évidentes qu’il contient, remet en question la capacité des élites africaines à prendre en main leur destin économique. « Depuis 1993, tous les accords monétaires ont échoué. Mais en Afrique, nous sommes surpris que personne ne les condamne, ni politiquement ni professionnellement », déplore l’expert.

Cette situation ne peut plus durer. La création d’une monnaie africaine indépendante, contrôlée par les Africains pour les Africains, n’est plus une option mais une nécessité urgente pour briser les chaînes invisibles de la dépendance économique et construire enfin une véritable souveraineté monétaire.
Le moment est venu de tourner enfin la page du franc CFA et d’écrire un nouveau chapitre dans l’histoire économique du continent, un chapitre dans lequel les peuples africains deviennent maîtres de leur propre destin monétaire.

Par Lamine Fofana

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