Depuis un certain temps, avoir une carte d’identité relève du parcours de combattant. Pour l’avoir, il faut  obligatoirement délier les cordons de la bourse car, son prix varie désormais entre 7000 et 10.000 FCFA selon les commissariats et la tête du client.

Pour s’en convaincre, il suffit de faire un tour dans un commissariat de la capitale. Partout c’est le même refrain : « il n’ya pas de cartes d’identité » ou encore « il faut repasser  le lendemain car on nous a promis  l’arrivée de nouvelles cartes ».

Immersion dans quelques bastions.

D’abord au commissariat du 10^ème arrondissement en commune VI, là bas les policiers sont formels : « Il n’y a pas de cartes d’identité car depuis un certain temps, il  y a une pénurie. Nous-mêmes, sommes dans le besoin  car nous avons beaucoup de demandes en attente », explique un policier. Avant de poursuivre en ces termes : « il faut attendre l’arrivée de Bamba, c’est lui qui est chargé de la question et il pourra mieux vous renseigner », a t-il laissé entendre à la dizaine de personne qui, depuis 4 Heures et 5 heures du matin pour certains, attendaient l’arrivée des policiers pour  l’établissement de leurs cartes d’identité nationale.

Au 7^ème arrondissement à Sogoniko, c’est le même son de cloche : « cela fait maintenant des mois que nous n’avons pas de cartes. Et c’est partout dans les différents commissariats de la capitale », a laissé entendre un policier à la trentaine de personnes qui attendaient devant le portail, à notre passage.

A la brigade de Gendarmerie de Faladié, c’est  la même note de musique : « il n’y a pas de cartes à moins que je vérifie avec un collègue », laisse entendre  l’agent en charge de la question. Après un semblant de coup de fil dans son bureau, il propose un arrangement  pour  la somme de 10.000 par carte.

Des nombreux témoignages recueillis à travers la ville de Bamako, il ressort que pour avoir désormais sa carte d’identité nationale, il faut payer entre 7000 et 10.000 FCFA. Ou encore avoir de bonnes relations dans un de ces commissariats de police.

« Chauffeur de mon état, j’ai dû payer la somme de 7000 FCFA  pour avoir ma carte d’identité nationale quand la date de mon ancienne carte est expirée. Car à plusieurs reprises, je me suis rendu au commissariat », a t-il expliqué. Avant d’ajouter qu’il s’est vite exécuté puisqu’il n’avait d’autres choix. Car, c’est devenu la tradition dans les commissariats de police.

Pour cet étudiant, cela fait des mois que sa carte d’identité nationale a expiré. Et il ne circule qu’avec sa carte d’étudiant car les policiers disent ne pas reconnaitre les cartes Nina. Selon lui, cela fait plus d’une semaine qu’il se rend tous les jours dans de différents commissariats de police  proches de lui pour établir sa carte d’identité, mais sans succès.

« Il y a de véritables réseaux qui se sont créés au niveau des commissariats de police pour l’établissement des cartes d’identité nationale car  il faut obligatoirement payer  entre 7000 et 10.000 F pour avoir sa carte  alors que la somme normale ne dépasse pas les 2000 F », explique cette dame.

Qui poursuit : « Tous les  soirs, les policiers prennent d’honnêtes citoyens et les emmènent au commissariat faute de cartes d’identité alors que ces mêmes personnes ne parviennent pas à avoir de cartes quand ils se rendent dans ces mêmes commissariats ».

Face à une telle situation, les nouvelles autorités doivent réagir et dire la vérité à la population sur cette question de carte d’identité. Notamment les raisons pour lesquelles il y a cette pénurie de cartes dans les commissariats. Mais aussi, les raisons pour lesquelles les policiers n’acceptent pas les cartes Nina.

Une situation qui pousse certains d’ailleurs à inviter ces autorités à élever la durée de validité des cartes d’identités nationale à 5 ans ou 10 ans comme pour certains pays.

Georges Diarra