Il m’arrive de voyager très rarement par voie terrestre à l’intérieur du pays depuis 2011…cette fois-ci au cours des dernières semaines, j’ai repris la route pour le centre du Mali…
Ici à Bamako, on digère en longueur de journée les multiples informations reçues du terrain sur la situation sécuritaire. On les voit de loin, peu sont ceux qui réalisent l’extrême gravité de la situation.. Faudrait vivre certaines expériences pour en mesurer l’ampleur.
Je prends place à bord d’un véhicule 4*4 avec d’autres personnes. Nous prenons départ au moment où la Capitale se réveille…on se faufile dans certaines ruelles pour éviter les irritants embouteillages de la matinée.. nous nous frayions vite un chemin et nous voilà sortis: direction le Nord/Est par la RN6..
Entre Bamako et Ségou, la route est en excellent état, nous roulions vite et on traverse la zone où se situe la forêt classée de Faya… Il y a eu récemment des braquages armés contre des bus de transport….c’est à des dizaines de kilomètres de Bamako.
Entre Ségou et San la route commence à se dégrader progressivement plus on avance vers le Nord/Est. Au-delà de San: bonjour les calvaires, des « nids d’éléphants » entrecoupent la voie maigrement asphaltée. En traversant le cercle de Tominian, l’atmosphère devient pesante…la température monte et un climat de menace se fait sentir plus on s’approche de la région de Mopti.
Chaque moto vue au loin, surtout avec un conducteur enturbanné, suscite l’inquiétude : la peur a une odeur reconnaissable mais indescriptible. Les villages traversés sont plus calmes qu’à l’accoutumée. Beaucoup de chose semblent avoir changé depuis quelques années. Je me rappelles dans les années 2000, cette partie du pays sentait la vie. On y voyait des villages bondés de monde où chacun était affairé.
Devant les différents postes de sécurité, toujours la même routine! Les agents sont plus préoccupés par la vérification des pièces d’identité des voyageurs et des véhicules qu’à leur propre sécurité! Aucun homme en arme est en faction. Aucun agent ne porte son gilet et son casque. Aucun ne monte la garde. Tous s’affairent au contrôle des passagers et ceux qui n’ont pas de papiers sont regroupés et amenés à côté pour enquête complémentaire ! Pourtant les postes sont de plus en plus sujets aux attaques surprises.
Malgré la menace persistante, nos vieilles habitudes restent de mise!
Ce qui est le plus frappant, c’est qu’on ne sent pas du tout en sécurité. Ce sentiment nous ronge mais n’entame en rien notre détermination à continuer notre voyage…
Plus loin en entrant dans la région de Mopti, on aperçoit les hommes en armes et beaucoup d’adolescents: ce sont les chasseurs dits donsos…
On traverse Somadougou, cette ville où plusieurs barrages obstruaient la route il y a quelques suite à un affrontement entre donsos et les forces de l’ordre! Les bouts de bois qui servaient de barrières sont encore visibles.
Nous arrivions à l’entrée de Sevaré où un imposant dispositif de sécurité, au poste de Barbe, nous pousse à ralentir! Là un jeune militaire s’approche et nous dévisage…Il nous dit en plaisantant à demi: « vous avez l’air de venir de Bamako et que vous n’avez pas des têtes suspectes »! Et il nous demande si nous transportons des armes ou de la drogue ?
Regardant nos visages restés de marbres, il en déduit que c’était non! Un de mes compagnons de voyage lui glisse un billet pour le thé au profit du poste pour galvaniser les hommes…
Nous arrivons enfin à Sevaré alhamdoulilah!!!
La suite prochainement InchaAllah!
M. ASSORY