«Nous avons péché par inexpérience et par manque de préparation. Notre objectif était de passer le premier tour. Nous n’y sommes pas parvenus. De retour au Mali, nous tirerons les leçons qui s’imposent pour mettre sur pied une équipe compétitive capable d’affronter les grandes équipes». Ces propos du sélectionneur national, Oumar Guindo «Koplan» cachent mal les causes réelles de l’échec des Aigles Dames.
Certes, le technicien a maintes fois interpellé la Fédération malienne de football (FEMAFOOT) et le ministère des Sports sur les nombreux problèmes rencontrés tout au long du stage de préparation de l’équipe (manque d’équipements, manque de soutien, annulation du stage à l’extérieur…). Koplan n’a pas été entendu et cette attitude des instances sportives a sans doute compliqué la tâche du technicien. Mais de là à dire que les Aigles Dames ont péché à la CAN par «inexpérience et par manque de préparation», il y a un pas que nous ne pourrions franchir. En réalité, l’échec de la sélection nationale féminine s’explique par deux facteurs : la méthode de travail du technicien Koplan et la profondeur du banc de l’équipe.
L’actuel patron des Aigles Dames a passé près de deux ans à la tête de l’équipe, mais jamais, Koplan n’a réussi à donner sa touche à la sélection à cause de ses méthodes de travail. Beaucoup de joueuses reprochent au technicien ses faiblesses à l’égard de certaines joueuses et son incapacité à imposer sa personnalité. Est-ce pour protester contre la gestion du technicien que la meneuse de jeu de l’AS Mandé, Fatim Diarra a claqué la porte de la sélection ? La jeune retraitée assurait il y a quelques mois que son départ de la sélection s’explique simplement par «un manque d’envie», mais selon nos sources, c’est parce qu’elle n’était pas d’accord avec les méthodes de travail de Koplan, que Fatim Diarra a décidé de prendre sa retraite internationale. Vrai ou faux, en tout cas, l’absence de la joueuse de l’AS Mandé s’est fait ressentir au Cameroun, tout comme d’ailleurs celle de la deuxième meilleure buteuse du championnat, Oumou Touré.
Le sélectionneur malien l’a lui-même admis après l’élimination des Aigles Dames, samedi par le Ghana à l’issue de la troisième et dernière journée des matches de poule. «Contre le Nigeria lors de la première journée, nous avons été médiocres. Le Ghana et le Nigeria sont deux grandes nations de football.
Nous tirerons les leçons de cette aventure et verrons comment aborder désormais ce type de compétition», a confié Koplan qui ne doit s’en prendre qu’à lui-même pour avoir écarté du groupe la deuxième meilleure buteuse du championnat au profit de joueuses expatriées dont la compétitivité reste à prouver. «Oumou Touré a sa place dans cette équipe et méritait d’être sélectionnée. Koplan a commis une grosse erreur en écartant Oumou du groupe», a martelé un membre de la délégation qui a requis l’anonymat. Notre interlocuteur ajoutera : «Malheureusement, il faut être dans un réseau pour être sélectionnée, ce qui n’est pas le cas de Oumou». Ne cherchez surtout pas à connaître le réseau évoqué par notre interlocuteur parce qu’en le faisant, vous risquez de tomber dans le désamour pour la sélection nationale féminine.
La non sélection de la joueuse de l’USFAS qui est venue s’ajouter à l’absence de Fatim Diarra nous amène à parler de la profondeur du banc des Aigles Dames, version Koplan. La liste de la sélection qui a été communiquée par le technicien malien la veille du départ de l’équipe de Bamako, a suscité beaucoup de réserves qui se sont avérées justes. Non seulement Koplan a commis l’erreur d’intégrer des joueuses expatriées qu’il ne connaissait pas, mais il a surtout fragilisé son équipe en mettant à l’écart quatre joueuses d’expérience : Oumou Touré, Awa Dounamba Coulibaly, Maïmouna Togola et Aïchata Traoré. Qu’est-ce qui a poussé le technicien à prendre cette décision ?
Seul Koplan lui-même peut répondre à la question, mais d’ores et déjà, le sélectionneur malien a avoué son erreur en déclarant que le groupe qu’il a amené au Cameroun n’était pas suffisamment armé pour «battre des pays comme le Nigeria ou le Ghana». C’est tout dit.
S. B. TOUNKARA
LES RéSULTATS DU MALI
Nigeria-Mali : 6-0
Mali-Kenya : 3-1
Ghana-Mali : 3-1
Source : L’Essor