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Yaya Coulibaly : LE MARIONNETTISTE EST FAIT «MEDAILLE D’OR» DE LA VILLE DE CASTELGINEST EN FRANCE

Cette récompense est une reconnaissance et un encouragement à mieux faire son travail de création et de transmission.

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Les marionnettes constituent une tradition bien ancrée chez les Bambara depuis le XIè Siècle. Et Yaya Coulibaly est dépositaire et passeur de témoin d’une génération à l’autre. Il a déjà conquis de nombreux pays et territoires. La Commune de Castelginest dans le sud de la France vient de succomber à ses charmes. Le maire de cette localité, M. Grégoire Carneiro, lui a délivré le 10 novembre dernier «la Médaille d’or» de la ville. C’était à l’occasion du vernissage d’une importante exposition individuelle. C’est une reconnaissance de la ville pour l’ensemble de son travail. Le maire estime que l’oeuvre de Yaya Coulibaly symbolise la contribution des Bambara du Mali à la civilisation de l’universel. L’artiste Yaya avait présenté une sélection des marionnettes typiques de notre pays : les sogokoun, ou têtes d’animaux avec le Merin (image de la jeune fille), Yayoroba, ou la gracieuse, l’antilope, l’hyène, Bafaro ou la déesse de l’eau, de petites marionnettes à tige et des marionnettes contemporaines à fils comme le buffle, le bélier ou la vache.
L’histoire de cette exposition remonte à l’an 2000. Le marionnettiste avait présenté au Park d’exposition de la Villette à Paris un important travail dont les échos ont fait le tour de l’Europe, intitulée «Malikow». Elle montrait le savoir et le savoir faire des Maliens dans de nombreux domaines et  à travers le temps. Plusieurs Communes ont tenté de ramener cette collection chez elles . Le talentueux Yaya Coulibaly et sa troupe Sogolon ont réalisé de nombreuses prestations de spectacles de masques et de marionnettes à travers la France. Tout comme des expositions d’objets variés. Ce fut le cas du Musée des Confluents de Lyon en 2002 à l’occasion d’une exposition internationale. Pendant tout ce temps, Castelginest a continué à affiner son projet et à caresser l’espoir d’accueillir les masques et marionnettes du Mali chez elle. Elle a décidé de faire un projet commun avec la ville de Toulouse pour organiser une série de manifestations. Cette récompense, selon Yaya , constitue une reconnaissance et un encouragement à mieux faire son travail de création et de transmission.  Le théâtre des marionnettes peut s’adresser aux enfants, mais il n’est pas fait pour s’amuser. Il est fait  pour enseigner des valeurs. «C’est un facteur de conscientisation», dit-il. Il n’y a qu’autour des marionnettes qu’on retrouve toutes les formes d’art : danse, musique, peinture, tissage sculpture et chant. C’est la seule entité qu’emprunte l’artiste pour critiquer sans être inquiété.
Mais l’observateur est perturbé quand il pose un regard sur notre société actuelle. «Sommes-nous devenus fous ? S’interroge-t-il. «Nous ne savons plus qui nous sommes. Nous ne savons plus de quoi nous nous nourrissons. Quelques chose ne tourne pas bien. Nous sommes  arrivés au bout de quelque chose. Et Yaya Coulibaly de conclure:«Il est temps d’écouter les hommes de culture et le petit peuple».
Y. D.

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Koussaw, un film de Ibrahima Touré Sous une lourde atmosphère de rébellion armée

Par une première présentation à la presse dans la salle de projection du Centre National de la Cinématographie du Mali (CNCM), le film long métrage koussaw entame sa carrière qui se poursuivra notamment par l’avant-première à Bamako avant de faire son entrée en compétition officielle au Festival Panafricain de Cinéma de Ouagadougou (FESPACO), du 27 février au 4 mars 2017.
Le mérite de Ibrahima Touré, un cadre du CNCM et réalisateur de ce long métrage, est d’autant plus grand qu’il a accompli la prouesse de mettre en image, sans recul, les évènements tragiques qui ont endeuillé le pays et continuent de le faire.
Le film, tiré du roman du docteur N’Do Cissé, intitulé les cure-dents de Tombouctou, constitue une performance que l’on n’a pas souvent l’occasion d’observer dans un pays où, pour coucher sur papier ou sur pellicule les évènements, on prend généralement son temps, si tant est que quelqu’un s’en donne la peine.
Koussaw est un film émouvant sur fonds de rébellion armée, couplée au djihadisme, qui s’est invitée depuis l’année 2012 dans l’évolution sereine de la nation malienne en mettant le pays à feu et à sang. Le monde entier s’est ému de la tragédie que vit ce pays sahélien et s’est mobilisé pour l’appuyer dans ses efforts pour faire front contre cette conspiration que ses moyens peu conséquents sont loin de maîtriser.
Le réalisateur de koussaw, titré en sonrhaï et qui signifie Tempête de sable, a la subtilité de ne pas aborder de front cette tragédie malienne. À travers l’œil de la caméra, il assure la peinture d’un drame familial à Tombouctou, au cœur de l’évènement. À nul moment, il ne se pose en donneur de leçon, ni ne se lance dans un procès sur le drame qui endeuille le pays. Ce qui ne l’empêche pas, tout au long du déroulement du film, de faire sentir cette pesante atmosphère de belligérance, tenant le spectateur en haleine, faisant peser sur lui la crainte à tout instant de l’imminence d’une attaque armée ou des dégâts causés par des balles perdues. Des coups de feu qui claquent, des victimes qui s’effondrent sans que soit identifiée l’origine des tirs, des patrouilles militaires dans des pick-up armés sont autant de signes qui font sentir la tragique réalité que vit le pays.
Un jeune couple coule une vie paisible avec leurs deux tout jeunes enfants, un garçon et une fille. L’harmonie dans cette heureuse famille bascule dans la tragédie quand un coup de feu claque. Le petit garçon s’effondre, la bave aux lèvres. Transporté d’urgence à l’hôpital, il ne survivra pas.  La raison semble abandonner le père qui ne se résout pas à accepter sa mort. Dans son délire, il est le seul à voir son défunt fils qui lui parle.
L’atmosphère familiale s’alourdit avec l’arrivée de sa mère et sa belle-mère accourues pour les soutenir dans cette dure épreuve. Les agissements et l’influence de ces dames sur leurs progénitures, créent une ambiance délétère qui altère la bonne entente au sein du couple. Quand l’une s’indigne de la soumission de son fils à son épouse, l’autre pousse sa fille, la maîtresse de maison, à maintenir la pression pour la sauvegarde de sa prédominance. La perte de ce petit garçon implique, de l’avis de sa mère, que sa femme lui donne un héritier. Et, comme la dame éprouve quelques contrariétés à se plier à ce devoir, elle lui suggère de prendre une deuxième épouse.
Fatalement, le déséquilibre s’installe au sein du couple. Cet homme qui n’a jamais porté la main sur sa femme accomplit le geste malheureux, donnant inconsciemment suite, dans un moment d’égarement, aux injonctions de sa mère. La confiance se brise. La jalousie fait son lit et les suspicions font légion.
Un autre coup de feu, de provenance inconnue, étend raide mort la mère de ce pauvre homme qui a déjà de la peine à se remettre de la perte de son fils. Le couple est au bord de la rupture. Arriveront-ils à se ressaisir dans cette lourde ambiance où la raison est la qualité la moins bien partagée ?
Koussaw est un film dont la qualité technique est remarquable, tant sur le plan du son, des images, de l’éclairage que du rythme imprimé par un montage bien inspiré. Des plans rapprochés, voire des inserts, font ressortir les émotions exprimées. La direction des acteurs, marquée par un bon casting, est tout aussi remarquable. Les acteurs évoluent et s’expriment tout naturellement comme s’ils jouaient leur propre vie. Cela mérite d’être souligné au regard des prestations de certains des acteurs maliens, surtout côté féminin, bien à l’aise dans l’usage des langues nationales mais parfois empruntées lors qu’ils sont appelés à s’exprimer dans la langue de Molière choisie pour ce film.
Cette œuvre constitue un point de départ, une référence de qualité dans l’évolution du cinéma malien, a estimé un confrère de l’ORTM à cette séance de projection. Un point de vue que nous ne sommes pas prêt de contredire quand on sait que le CNCM a accompli une remarquable performance en assurant la réalisation et la finition par le recours au savoir-faire des seuls artistes et techniciens maliens.
De la prise de vue à celle du son, de la musique en passant par le montage, tout est du consommer malien. C’est donc une nouvelle porte pleine d’espoir qui s’ouvre pour le cinéma malien en réduisant considérablement le coût de production des films souvent grevé par la lourde charge imposée par la finition sous d’autres cieux. Mais aussi en disposant de compétences techniques profitables à l’émergence d’une solide cinématographie au Mali.
Tombouctou, la mystérieuse, parfois occupée, saccagée depuis des siècles, mais jamais anéantie ! Tombouctou saignée sous le joug des djihadistes, mais jamais soumis et toujours débout, essuyant les salissures portées par ces impies comme la sueur sur le front. Tombouctou la cité des 333 saints a ouvert ses portes pour accueillir le tournage de Koussaw.
Mais pourquoi la réalisation ne s’est-elle pas étendue sur ses sites mémorables, ses célèbres mosquées et centres culturels, ses demeures familiales si pratiques ? Dans cette lourde atmosphère où l’on sent le danger à tout instant, devait-on se laisser aller au lyrisme, à la visite de toute cette magnificence de la cité mystérieuse tant filmée mais qui semble garder bien de ses mystères ? Autant lui demander encore de mettre l’accent sur le vandalisme  des mausolées, l’exfiltration d’une grande partie des manuscrits par de vaillants citoyens pour les préserver de l’autodafé, les opérations Serval et Barkane,  ces dilapidations, ces amputations, toutes ces horreurs qui ont ému le monde entier? La tentation sera trop grande de mal étreindre. C’est sans doute ce qui a guidé le réalisateur à se concentrer sur le traitement de son sujet à fond, sans oublier de le corser avec l’ambiance délétère qui règne dans les ruelles bien agitées où les citoyens sont à pas pressés comme pour y rester le moins longtemps possible, ces cortèges de motards enturbannés qui font vrombir leurs engins à toute vitesse sans que l’on sache de quel bord ils sont et l’objet de tant de hâte, ces vastes étendues de dunes sableuses.
Ce n’est ni sur l’horreur du passage des djihadistes, ni sur la beauté de Tombouctou que le film  est axé, mais sur la vie de ce jeune couple qui se la coulait tranquille avant de basculer dans le drame dans une atmosphère de tragédie qu’il fait bien sentir.
La narration de ce film est limpide. Elle laisse le spectateur le déguster savoureusement
Peut-être qu’en jetant un coup d’œil du côté du mystérieux cavalier enturbanné tout de blanc vêtu sur son laiteux canasson harnaché, ce protecteur de la cité, qui a déserté un moment les lieux, obstruant l’horizon, on pourrait trouver le sens profond du choix de modération du réalisateur !

Kabiné Bemba Diakité

Source : L’Essor

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