Depuis l’indépendance, les hommes politiques ont habitué les Maliens à tout célébrer. Y compris des futilités. Comme le retour d’IBK de Chine, que des nostalgiques du parti unique ont transformé en triomphe. Comme si celui qui aime se faire appeler le descendant de Soundjata revenait d’un nouveau Kirina, lui qui a eu son Bolibana à Kidal. De Modibo KEITA à IBK, ce grand peuple qu’est le Mali a été servi à toutes les sauces.
On se souvient des rassemblements spontanés pour glorifier le grand-timonier-père-de-la-nation ; on se souvient des foules militantes qui attendaient des heures sous le soleil pour honorer le général-président, descendant de Tiramagan ; on se souvient des longues files des récipiendaires quand ATT servait les médailles du mérite national à la louche, dans une salle du Palais des congrès transformée en mauvais Kotéba. Des voleurs de la république ont été décorés à tous les niveaux. Jamais l’enseignant ou l’infirmier d’Aguelhoc ou de Bitagoungoun qu’on oublie de payer des mois. Ceux qu’on honore sont dans les cabinets ministériels ou dans les directions nationales, fonctionnaires dont la plupart n’ont jamais servi hors de la capitale. Il y a quelques jours, IBK citait un grand poète français – Alfred de VIGNY – On pourrait le paraphraser en disant : « Gagne sans parler » à propos des cadettes du Mali, les moins de 18 ans, qui viennent d’être sacrées Championnes d’Afrique pour la 5ème fois. Jamais une équipe de sport collectif malienne n’a eu un tel résultat. Pourtant ce sacre continental devant le pays organisateur, l’Egypte, un des meilleurs d’Afrique en basketball, est totalement passé inaperçu sur le plan national. Or nos cadettes ont enregistré 7 victoires en 7 rencontres. On n’a même pas eu droit à la retransmission du match à la télé, sans doute pour des raisons financières qui n’empêchent pas cependant de diffuser la Champions League européenne. Le football qui, en 54 ans, ne nous a apporté que la Coupe de l’UFOA et la Coupe CAF, toutes par le Stade malien de Bamako (merci, les Blancs !), est encensé au détriment du basketball qui nous a tout donné. Le sport est un domaine qui peut absorber une partie des jeunes chômeurs de notre pays. Des responsables soucieux du devenir de sa jeunesse se doivent de soutenir tous les domaines où les jeunes, filles et garçons, peuvent s’illustrer. C’est pourquoi il est temps de donner toutes ses chances au basketball dans notre pays. Même ATT l’a compris qui a doté notre pays d’un pavillon ultra moderne. Les jeunes championnes d’Afrique doivent être accueillies avec le faste qui sied aux pionniers de la nation. Elles sont allées en Egypte sur la pointe des pieds. Sans tambour ni trompette. Et elles en reviennent avec le titre de Pharaonnes. La patrie doit être reconnaissante à tous ses fils méritants. C’est au nom du Mali que les jeunes filles ont conquis le trophée et c’est au nom du Mali qu’elles doivent être célébrées. Ceux qui ont accueilli IBK seraient bien inspirés de récidiver pour les cadettes. On pourrait alors leur concéder de mettre cette victoire au compte de « Soundjata Binton KEITA » en septembre 2015.