Durant le premier semestre de la campagne de commercialisation 2016/17, les marchés agricoles ont été bien approvisionnés, selon le constat général fait par les spécialistes qui ont produit le bulletin d’analyse prospective du marché agricole, piloté par l’Observatoire du marché agricole (OMA), en collaboration avec ses partenaires.
Les prix des céréales, qui étaient en baisse durant la période des récoltes, ont connu une hausse précoce cette année, notamment pour le mil et le sorgho sur certains marchés de production.
L’hivernage commence à s’installer progressivement dans le pays. Et les prévisions météorologiques prévoient des excédents pluviométriques pour beaucoup de régions. Cependant, tempèrent les spécialistes, il existe toujours des craintes, liées à la régularité et la répartition dans le temps et dans l’espace des précipitations attendues.
En effet, l’approche de chaque campagne agricole constitue une source d’inquiétude pour le monde rural à cause des aléas climatiques qui la caractérisent. Si la pluviométrie s’installe normalement et se poursuit, de façon régulière, dans le temps et dans l’espace, alors les inquiétudes des producteurs s’estomperont et on assistera à une augmentation des quantités mises en marché. Dans le cas contraire, les producteurs auront tendance à faire de la rétention de stocks, en attendant de voir clair quant à l’évolution future de la campagne agricole. Il se produirait ainsi un rétrécissement de l’offre sur les différents marchés tant au niveau des producteurs qu’au niveau des commerçants. Il ne faut pas ignorer, non plus, l’instabilité de la situation sécuritaire, causée par l’insécurité résiduelle qui affecte négativement les flux commerciaux entre les zones d’approvisionnement du sud et les marchés de consommation du nord du pays.
L’apparition du riz de contre saison sur les marchés, durant les mois de mai et juin, va très légèrement améliorer l’offre de cette spéculation jusqu’en mi-juillet. A partir de cette période, le riz importé devra être la variété dominante sur les marchés. Les analystes ont rappelé que de janvier à avril de cette année, le Mali a importé 82.875 tonnes de riz, et ces importations se poursuivent actuellement. Durant la même période de l’année dernière, ces importations ont été de 30.054 tonnes, ce qui montre que les importations ont plus que doublé cette année. La mise en œuvre des distributions gratuites de vivres pour 17.500 tonnes dans les régions du nord est de nature à freiner la tendance inflationniste observée sur ces marchés.
TENDANCE HAUSSIèRE – La tendance de hausse des prix observée pour les céréales sèches (mil/sorgho, maïs) sur les marchés se poursuivra jusqu’aux nouvelles récoltes. Sur les marchés du nord, la mise en œuvre des appuis humanitaires devra, à défaut de faire baisser, adoucir sensiblement la hausse des prix. Dans les zones de production du sud du pays, le niveau de la hausse serait fonction du déroulement de la nouvelle campagne agricole 2017/18, tributaire des aléas climatiques. En cas de pluviométrie régulière et bien repartie dans le temps et dans l’espace, la période de soudure pourrait être douce en termes de niveau des prix. Dans le cas contraire, les prix devraient sensiblement augmenter et pourraient nécessiter d’autres actions de la part de l’Etat et de ses partenaires.
La tendance des prix du mil et du sorgho pourraient dépasser la moyenne quinquennale sur les marchés des régions du sud et du centre jusqu’en septembre prochain. Par contre, le prix du maïs ne devrait pas dépasser ou du moins de façon significative cette moyenne quinquennale dans les régions du centre et du sud. Quant aux marchés des régions du Nord, ils resteront supérieurs à la moyenne quinquennale.
Quant aux prix du riz, ils se maintiendront pour le riz importé et seront en hausse pour le riz local. Pour le bétail, les fortes demandes pour la fête de ramadan, la baisse des offres avec la remontée des troupeaux dans les zones de transhumance et le regain d’embonpoint du bétail grâce à l’amélioration des conditions d’élevage engendreront une hausse des prix sur les différents marchés. Le niveau des prix se maintiendra probablement au-dessus de la moyenne dans le sud du pays et sera inférieur à la moyenne quinquennale sur ceux des Régions de Tombouctou et de Gao.
Pour casser les tendances spéculatives des prix des denrées alimentaires, les analystes recommandent la poursuite des ventes d’intervention dans les Régions de Tombouctou, Taoudénit, Gao, Ménaka et Kidal et dans le Sahel occidental. Cette vente permettra d’assurer la disponibilité de l’offre et d’éviter des hausses de prix. Ils préconisent la mise en œuvre rapide des actions de résilience définies dans le plan national de réponse 2016/17, ce qui permettra d’adoucir la période de soudure pour les bénéficiaires. Il s’agit aussi de prendre des dispositions visant à maîtriser l’augmentation des coûts de transport des produits agricoles, notamment les céréales, avec l’application prochaine de la règlementation contre les excédents de poids du fret des véhicules de transport.
Les analystes préconisent également la facilitation des procédures d’octroi des offres d’achat institutionnel de céréales, notamment au niveau de la Direction générale des marchés publics. En effet, ces dernières années, la reconstitution des stocks publics est toujours retardée, voire empêchée par les procédures de la DGMP, qui sont très lentes par rapport à l’évolution des prix sur les marchés, ont dénoncé les spécialistes de l’analyse des marchés.
Synthèse
Moriba COULIBALY
Source: essor