Le lancement de la campagne 2019 /2020 s’est passé dans un contexte marqué par la recrudescence des attaques meurtrières perpétrées par des assaillants dont l’identité demeure encore un sujet à polémique. S’agit-il des terroristes ou des représailles inter communautaires ?
La confusion du discours officiel conjuguée à l’incapacité des autorités à fournir une preuve formelle sur leur identité ont ouvert la voie à toutes les hypothèses possibles. Main étrangère, terroristes, narcotrafiquants ou groupes d’autodéfenses ? Quel que soit l’identité des assaillants, ils ont transformé le centre du pays en enfer aussi bien pour les militaires que pour la population civile qui paye la plus lourde tribu. Les villages et les hameaux sont désertés par les survivants et les villes vivent dans l’angoisse d’une attaque.
Une situation qui menace la campagne agricole dont l’objectif est fixé à 11 millions de tonnes de céréales soit une hausse de 1 million par rapport à l’année passée et 8 millions de tonnes de coton. Aux dires des autorités, toutes les dispositions relatives aux intrants pour l’atteinte de cet objectif sont prises. L’ensemble du peuple ne peut que partager l’espoir d’une campagne agricole réussie. Cependant la persistance des attaques demeure un réel motif d’inquiétude. Aujourd’hui, plus que les aléas climatiques, l’insécurité se présente comme un l’obstacle majeur à toutes activités économiques et singulièrement à l’agriculture et assimilés qui se passent loin des grands centres urbains dotés d’un dispositif sécuritaire à hauteur de souhait. Outre l’agriculture, la crise sécuritaire pèse sur l’élevage, la pêche, la mobilité des personnes et le programme de vaccination des animaux dans de nombreuses localités du pays.
Les 11 millions de tonnes de céréales et les 8 millions de tonnes de coton ne sont pas hors de portée de nos paysans que l’on sait laborieux et courageux. Cependant, il faut plus que les intrants et outils de travail comme mesure d’accompagnement pour la campagne qui vient d’être lancée. L’Etat et les partenaires ainsi que l’ensemble du peuple doivent s’investir dans la lutte contre l’insécurité afin de créer un climat propice pour l’exercice des activités économiques aussi bien dans les villes que des zones rurales. Certes, depuis l’éclatement de la crise, la sécurité des personnes et de leurs biens est au cœur de l’action des autorités. La persistance du climat d’insécurité et la recrudescence des attaques meurtrières exigent des responsables du pays et de tous les partenaires plus d’efforts afin de trouver les réponses adéquates. Le Mali est fatiguée de compter ses morts et de subir des pertes matérielles.
Bouba Sankaré
Le Forum