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Cablegates ou les murmures de l’oncle SAM : Révélations autour d’un exercice d’entrainement mixte entre l’Armée malienne et les US forces en décembre 2009

Le 11 décembre 2009 a eu lieu à Gao la cérémonie de remise des diplômes d’un exercice d’entraînement mixte de l’armée malienne, Échelon Tactique Inter Armée (ETIA). Le 10ème  Groupe des forces spéciales de Fort Carson, au Colorado, dirigé par le capitaine Simon Powelson, dirigeait l’entraînement. Dans l’ensemble, Powelson a déclaré que les quelques 160 hommes ont beaucoup appris au cours des cinq semaines d’entraînement. L’exercice a été plus court que prévu à la suite d’un incident de prise d’otages qui a conduit à la suspension temporaire de l’entraînement par l’armée américaine, forçant l’équipe à limiter ses mouvements en dehors du camp.

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Le gouverneur de la région de Gao d’alors, le colonel Kalifa Keita, présida la cérémonie de remise des diplômes. Lui-même un produit de nombreuses formations aux États-Unis et récemment revenu d’une tournée de cinq ans à Addis-Abeba en tant qu’attaché militaire du Mali, Keita aurait fait montre un manque de respect envers les soldats qui étaient appelés à mener le combat contre AQMI. Il fit distraitement un signe de la main aux nombreuses troupes qui se tenaient au garde-à-vous devant lui sans rendre leur salut militaire, laissant la tâche à un autre officier. Lorsque le chef de mission adjoint l’interrogea sur la situation sécuritaire à Gao, Keita déclara qu’il considérait l’enlèvement du citoyen français, Pierre Cammatte, comme une escalade inquiétante, car AQMI s’était jusqu’à présent abstenu de prendre des otages sur le sol malien.

Après la cérémonie, Powelson appela un soldat. Il expliqua que malgré les apparences, ce soldat était l’un des meilleurs hommes de l’ETIA, notant qu’il avait été l’un des rares survivants d’une embuscade d’une patrouille d’Al Qaïda au Maghreb Islamique. L’on demanda au soldat comment l’entraînement s’était déroulé, il répondit que s’il savait, au moment de l’embuscade, ce qu’il avait appris au cours de la formation, cela ne serait jamais arrivé. Il a en particulier expliqué pourquoi et comment établir un poste de patrouille mobile, creuser des trous de renfort qui offrent une protection à 360 degrés contre les assaillants potentiels. Powelson expliqua que chaque soldat avait dépensé environ 1000 cartouches au cours de l’entraînement. Bien qu’un soldat des forces spéciales américaines peut dépenser autant en une journée d’entraînement, il a noté qu’un certain nombre de soldats maliens ont dit que c’était probablement plus que ce qu’ils avaient utilisé durant toute leur carrière.

La formation avait révélé, certaines lacunes. Par exemple, lorsqu’on demanda aux survivants de l’embuscade du 4 juillet 2009 pourquoi ils avaient laissé derrière eux tant de véhicules à la merci d’AQMI, ils ont dit que les conducteurs avaient été tués et que personne d’autre dans l’unité ne savait conduire. Lorsqu’on leur a demandé pourquoi ils n’avaient pas utilisé une mitrailleuse lourde pour se défendre, ils ont répondu que le seul tireur qui savait comment l’utiliser avait également été tué et qu’il y avait personne pour prendre sa place. Bien que ce ne fût pas prévu, les entraîneurs américains ont appris à tous les membres de l’ETIA à conduire une voiture, à tirer et à entretenir tous leurs systèmes d’armements.

Sur une échelle de 1 à 10 par rapport aux autres forces en Afrique et au Moyen-Orient, y compris les réguliers de l’armée irakienne, l’ETIA se classait à environ 6. Bien que la formation ait été un succès global, elle n’a pas été sans problèmes. Les 14 Land Cruisers désignés pour l’ETIA, qui faisaient partie des 37 que l’ambassadeur américain avait remis au ministre de la Défense, n’étaient pas arrivés à Gao à temps pour la formation. Les radios portatives qui auraient dû faire partie de l’attribution des véhicules n’étaient pas encore arrivées non plus. Seuls étaient sur place, environ les deux tiers de l’unité de 160 hommes portaient des bottes et des tenues militaires fournies par les États-Unis. Les bottes supplémentaires et les autres équipements sont arrivés le jour de la cérémonie.

Powelson inclut ces lacunes dans son rapport ; l’ambassadeur souleva le problème avec le président Amadou Toumani Touré. On peut constater qu’après tant d’années, les problèmes de l’armée malienne, bien que connus restent non résolus. Le manque de volonté politique et une corruption omniprésente au plus haut niveau, sont les raisons principales de l’état désastreux des forces armées. L’insécurité grandissante est l’une des conséquences de ce laxisme.

Amadou O Wane

Source: infosepte mali

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