L’Allemagne a décidé, en juin 2015, de suspendre toute coopération avec le gouvernement burundais pour protester contre la candidature de Pierre Nkurunziza à un troisième mandat et les violences qui ont entouré le processus électoral. Depuis, le président burundais a été réélu. Et le ministère de la Coopération allemand est allé plus loin en décidant de suspendre tout soutien à la Communauté est-africaine (EAC), compliquant la participation des délégations gouvernementales burundaises à des conférences régionales. Berlin précise que cette mesure ne touche que les acteurs gouvernementaux et pas les représentants de la société civile ou du secteur privé. Une décision qui provoque une passe d’armes entre Bujumbura et le secrétaire général de la Communauté est-africaine sur fond de tensions entre le Burundi et le Rwanda.
C’est l’Allemagne qui prend la décision, mais c’est le secrétaire général de la Communauté est-africaine (EAC), le Rwandais Richard Sezibera, qui s’attire l’ire du gouvernement. Léontine Nzeyimana, la ministre à la présidence en charge des Affaires de la communauté est-africaine, l’accuse de mauvaise foi : « Cette décision, je n’ai rien à dire par rapport à cela parce que c’est une décision politique. Mais ce qui ne m’a pas beaucoup plu, c’est le fait que le secrétaire général ait eu cette notification, cette information. Il l’a gardée pour lui et a décidé de la diffuser dans d’autres médias. Et moi je l’apprends à travers ces autres médias. Je l’apprends aussi au moment où nos délégations devaient partir et n’ont pas pu partir bien sûr parce que c’est déjà notifié qu’ils n’allaient pas être pris en charge. C’est une attitude de très mauvaise foi et c’est un des actes qui montre sa mauvaise volonté par rapport à notre pays. »
C’est une « diversion ». Pourquoi s’en prendre au secrétaire général et pas à celui qui a pris la décision, dit-on du côté du secrétariat général de l’organisation sous-régionale qui dément avoir fait fuiter l’information dans les journaux et l’avoir obtenue avant le gouvernement burundais. « C’est parce qu’il est Rwandais », murmure-t-on du côté de Bujumbura qui entend demander lors du prochain sommet aux chefs d’Etat de la région de se pencher sur les tentatives de déstabilisation en provenance « d’un pays voisin, membre de la Communauté est-africaine ».
Source: RFI