L’heure semble à l’apaisement au Burundi, alors que la tension ne cessait de monter depuis trois mois et l’adoption en catimini par le gouvernement d’un projet très contesté de révision de la Constitution issue de l’accord de paix signé à Arusha en 2000 et qui a permis le retour de la stabilité dans ce pays. Soumis à une forte pression interne et externe, le pouvoir a dû lâcher du lest. Depuis hier, le Parlement du Burundi a organisé un dialogue politique qui a pris fin aujourd’hui autour de ce projet, et qui a réuni des membres du gouvernement, du Parlement, de l’opposition, de la société civile et des confessions religieuses, avec pour objectif de sortir de la crise dans laquelle il était en train de s’engouffrer.
Cela a été deux jours de débats intenses et passionnés. Mais fidèles à leur réputation, les 170 personnalités burundaises présentes se sont affrontées sans jamais élever la voix. Au final, ils ont tous accepté de réviser la Constitution du Burundi, très rapidement, sur des propositions qui font l’unanimité, notamment le regroupement des scrutins ou encore l’adoption du bulletin unique pour les élections de 2015.
Jouer l’apaisement
Sur les questions qui fâchent, le troisième mandat pour le président burundais Pierre Nkurunziza ou la révision des dispositions qui assurent l’équilibre ethnique par exemple, ces personnalités ont décidé de jouer l’apaisement en recommandant de continuer à discuter sur ces points de divergence.
Ainsi, le président du parti Cndd-FDD au pouvoir au Burundi, Pascal Nyabenda : « Je demanderai à l’Assemblée nationale de tenir compte des résultats de cet atelier dans les prochaines délibérations, tout en sachant que tous les Burundais attendent des amendements de la Constitution qui rassurent tout le monde, mais aussi des amendements qui nous permettent d’avancer dans la démocratie ».
« Nous pouvons être déçus dans deux ou trois jours »
En aparté, l’opposition exulte et parle de victoire, même si officiellement elle fait dans la mesure. Le président de l’ADC-Ikibiri, Léonce Ngendakumana : « Nous sommes satisfaits des conclusions qui ont été arrêtées, pourvu qu’elles soient mis en application. Nous avons une triste expérience, nous pouvons être déçus dans deux ou trois jours ».
La balle est désormais dans le camp du Parlement burundais; il promet de tenir compte de ces recommandations.
Source : RFI