Au Burkina Faso, les tractations en vue de mettre sur pied une équipe chargée de la transition se poursuivent, sur fond de tensions et de débordements. Un civil est mort lors de la descente de jeunes manifestants dans les bâtiments de la radio télévision nationale dimanche. Bien qu’en voie d’apaisement, la situation demeure confuse. L’homme fort de la transition, Yacouba Isaac Zida, continue de recevoir et de consulter.
En l’espace de quinze minutes, dimanche 2 novembre, deux personnalités – l’une civile, l’autre militaire – se sont rendues à la radiotélévision du Burkina Faso pour tenter de se déclarer aptes à prendre les commandes de la transition. Des militaires ont eu recours à des tirs de sommation nourris pour disperser des hordes de jeunes manifestants exaltés. Ils étaient venus encourager l’opposante Saran Sérémé à s’exprimer sur les ondes.
Ces nouveaux tirs dans la capitale, qui ont fait un mort, et le violent reflux de manifestants, interviennent alors que les contours de la transition peinent à se dessiner. Dans une déclaration, le porte-parole du lieutenant-colonel Isaac Zida a mis en garde les forces vives qui seraient tentées de recourir à la rue.
Délégation de l’opposition
Le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida a néanmoins reçu en fin d’après-midi, alors que le calme était revenu, une importante délégation de l’opposition. Les entretiens semblent s’être déroulés dans une atmosphère cordiale. De nouvelles tractations sont prévues. L’homme fort de la transition a ensuite accordé des audiences à plusieurs diplomates occidentaux, notamment les ambassadeurs des Etats de l’Union européenne et de la France. Ces derniers semblent approuver les pressions de l’Union africaine, qui souhaite que des civils organisent la transition. Mais ce n’est pas si simple, car, les ambassadeurs le reconnaissent volontiers : l’opposition burkinabé est fragmentée.
Au Conseil économique et social, le lieutenant-colonel Zida s’est enfin entretenu avec l’ancien chef de l’Etat burkinabè, Jean-Baptiste Ouédraogo. Ce dernier a saisi l’occasion pour lancer un appel au calme au peuple burkinabè.
« Je voudrais lancer un appel simple : que les gens s’adonnent au travail. Qu’ils laissent tomber tout ce qui les pousse à se poursuivre les uns les autres », a déclaré Jean-Baptiste Ouédraogo. « Il faut absolument que l’on crée des conditions de confiance pour réattirer tous les acteurs qui peuvent participer au développement de notre pays, parce que notre pays a encore besoin de tous ses fils et de toutes ses filles. »
L’ancien chef de l’Etat a invité les Burkinabè à aller par-delà leurs craintes : « C’est cet appel-là que je veux lancer, parce que je sais qu’il y en a qui sont terrés, qui ne veulent pas mettre le nez dehors. Il y en a qui ont peur. Il faut que cette situation se décrispe, qu’on puisse se tendre la main pour entreprendre ce travail fastidieux qui nous attend. »
Mission conjointe
Toujours ce dimanche, une mission conjointe des Nations unies, de l’Union africaine et de la Cédéao a rencontré tous les acteurs concernés par la crise que vit le Burkina Faso depuis la démission de Blaise Compaoré. Cette mission a demandé le retour à l’ordre constitutionnel et la mise en place d’autorités civiles.
En brandissant des menaces de sanctions contre le Burkina Faso, la mission internationale conduite par le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’Afrique de l’Ouest a lui aussi demandé le retour à l’ordre constitutionnel. Pour Mohamed Ibn Chambas, la transition qui commence doit être dirigée par un civil. Il a fait part de ce souhait aux nouvelles autorités : « La Cédéao, l’Union africaine et les Nations unies sont encouragées à continuer leurs consultations avec les uns et les autres, les parties prenantes burkinabè, pour trouver une porte de sortie conforme à la Constitution, notamment la mise en œuvre d’un organe constitutionnel avec un leader civil. »
Autre préoccupation du représentant spécial du secrétaire général des Nations unies : la sécurité des personnalités politiques du pays. « Il faut tout faire pour assurer la sécurité de tous les acteurs politiques burkinabè. C’est très important. » La mission a également plaidé pour la sécurité de la population et de ses biens ainsi que l’arrêt des cycles de vengeance
source : rfi