Cinq soldats burkinabè ont été tués dans la nuit de jeudi à vendredi au cours d’une embuscade dans le nord-ouest du Burkina Faso, tout près de la frontière malienne, et un pont sur un axe stratégique du Nord a été détruit à l’explosif.
“Une patrouille militaire a été attaquée hier (jeudi) dans la nuit lors d’une embuscade menée par des individus armés aux environs de Toeni (localité située dans la province du Sourou). Cinq soldats sont décédés et un autre élément a été blessé”, selon une source sécuritaire.
“La riposte a aussitôt été apportée par les éléments (loyalistes) et un renfort a été déployé en vue d’assurer un ratissage”, a indiqué une deuxième source sécuritaire, qui a confirmé l’attaque sans donner de bilan.
Mi-août, quatre militaires avaient été tués sur l’axe Toéni-Loroni, dans la province du Sourou.
– ‘Coup dur’ –
Egalement dans la nuit de jeudi à vendredi, le pont de Boukouma, sur la route reliant Djibo à Dori, deux des grandes villes du nord du Burkina Faso, a été détruit à l’explosif, selon des habitants joints par l’AFP.
“Le pont reliant Arbinda (entre Djibo et Dori) à Dori a été détruit partiellement. Des individus armés ont tenté de le faire sauter à l’aide d’engins explosifs”, a dit sous couvert de l’anonymat un élu local, joint par l’AFP depuis Ouagadougou.
“C’est un coup dur car c’est le principal axe empruntée par les populations, les autorités et même par les FDS (Forces de défense et sécurité) lors des patrouilles. D’autres routes existent pour relier les deux localités, mais elles sont moins sûres et souvent plus longues”, a-t-il souligné, rappelant que des jihadistes présumés avaient déjà tenté de détruire un pont sur la route Inata-Tièmbolo, dans le Soum (Nord).
– Couper le Nord du reste du pays –
Selon une source sécuritaire, après avoir récemment attaqué des convois de vivres, les jihadistes pourraient être en train de tenter de couper le Nord du reste du pays et de créer des enclaves facilitant leur contrôle de certains secteurs.
La zone autour de Djibo et Dori est particulièrement touchée par les attaques jihadistes qui ont entraîné la fuite de milliers d’habitants.
Le président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, en visite à Bobo-Dioulasso (deuxième ville du pays, dans l’Ouest) a évoqué vendredi l’attaque de Toeni : “Il est important qu’au niveau de l’ensemble du peuple burkinabè nous soyons conscients que nous avons notre part à jouer dans cette lutte-là (contre les jihadistes) (…) Nous devons nous armer de courage et de détermination pour en arriver à bout”.
Le Burkina Faso, pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, est pris depuis quatre ans et demi dans une spirale de violences, attribuées à des groupes armés jihadistes, certains affiliés à Al-Qaïda et d’autres au groupe Etat islamique.
Depuis début 2015, les attaques jihadistes, de plus en plus fréquentes et meurtrières, en particulier dans le Nord et l’Est, ont fait plus de 570 morts, selon un comptage de l’AFP.
Sur la période de 2015 à 2019, on a enregistré environ 440 événements de ce type au Burkina Faso, selon le gouvernement burkinabè.
L’armée burkinabè, qui subit de lourdes pertes, semble incapable d’enrayer les attaques, tandis que la menace, d’abord concentrée dans le Nord, touche plusieurs autres régions du pays, dont les régions de l’Est et de l’Ouest.
La semaine dernière, le Burkina avait accueilli un sommet extraordinaire de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sur “la lutte contre le terrorisme”. Les Etats, qui craignent que les attaques jihadistes ne s’étendent du Mali, Burkina et Niger aux autres pays, sont convenus d’un plan d’un milliard de dollars de lutte contre le jihadisme sur cinq ans.