La Société Brasserie du Mali (BRAMALI) est à la croisée des Chemins. En conflit ouvert avec les revendeurs de ses boissons, notamment les grossistes, suite à sa nouvelle politique commerciale. Ces derniers, très remontés contre la récente décision de la direction de la société, menacent de boycotter les produits BRAMALI. Des échos qui nous sont parvenus, une rencontre de dernière chance est prévue aujourd’hui entre les deux parties afin d’aplanir la controverse.
La Brasserie du Mali (BRAMALI) est une entreprise qui fabrique et commercialise des boissons gazeuses, bières et eaux minérales destinées aux clients et consommateurs sur l’ensemble du territoire malien et la sous-région.
Au plan national, la société, pour la commercialisation et l’écoulement de ses produits, a tissé un vaste réseau des partenaires, à travers les grossistes. Si cette lune de miel a longtemps duré grâce à un partenariat de confiance entre les deux parties, force est de constater que cette relation de collaboration est en train de prendre le plomb dans l’aile.
Des échos qui nous sont parvenus, cette détérioration de confiance dans les relations d’affaires entre les deux camps fait suite à la volonté manifeste de la direction de la BRAMALI qui a imposé ces derniers temps des nouvelles mesures qui sont en train d’impacter négativement les activités commerciales des commerçants grossistes au point que ces derniers comptent mettre fin à leur collaboration avec la société.
C’est du moins la révélation faite par un représentant des grossistes, qui explique les vraies raisons de cette levée de boucliers contre la Brasserie du Mali.
« Auparavant, nous prenions les produits auprès de cette société. C’est après-vente que nous remboursons aussitôt notre fournisseur. Mais, maintenant la société exige qu’elle soit payée d’abord en espèce avant toute livraison de ses produits», a déclaré ce dernier. Et d’ajouter un autre point de discorde, selon lequel la BRAMALI exigerait ensuite que les grossistes, avant toute livraison, les apportent l’équivalent des casiers vides du produit qui sera livré.
Ces nouvelles mesures pour les moins impopulaires, nous a-t-on confié, ont été même décriées par le Directeur commercial de la société répondant au nom de Hyacinthe Amegnaglo qui aurait prévenu ses responsables sur le fait que ces décisions risqueraient de provoquer une continuation de baisse des activités commerciales. Car, selon les estimations, les ventes de la société sont en nette diminution de plus de 15% cette année par rapport à la même période l’année dernière.
En tout état cause, Il se trouve après enquête que ces mesures sont les faits du Directeur administratif et financier, Peton Raphael, et du directeur technique, Carlos Loureilo.
Selon certaines indiscrétions, le nommé Peton Raphael a déposé ses valises au Mali après un passage décrié en Guinée Conakry au sein de la Brasserie de Guinée, où il aurait pris les mêmes mesures qui ont été malheureusement fatales à la Brasserie de Guinée, laquelle était obligée de mettre la clé sous le paillasson.
Voilà ce qui justifie l’inquiétude des grossistes et de certains travailleurs qui craignent qu’avec cette nouvelle politique de vente, cela n’entraine pas la mort lente mais certaine de la BRAMALI dans notre pays.
Et déjà, un cadre du Service commercial, sentant cette fin proche de la société, a claqué la porte le mois dernier pour une autre entreprise concurrentielle.
Comme pour ne rien arranger de la situation, le Directeur technique, le portugais Carlos Loureilo, a lancé sa propre marque de bière dénommée «Toubabou» qui est déjà sur le marché local.
Le hic est que celui-ci se servirait, selon certains travailleurs, du personnel de BRAMALI pour la production de sa bière. Toute chose qui constitue à leurs yeux une concurrence déloyale.
«Même la cuve qui sert à la production de cette bière a été fabriqué à BRAMALI. Avec toutes ces pratiques, on ne peut que craindre du pire pour l’entreprise», ajoutent les mêmes sources.
D’après plusieurs personnes aux fins de ces pratiques, la grogne est maintenant présente à tous les niveaux, car les grossistes aussi bien que le personnel voient une épée de Damoclès sur leurs têtes face à ces pratiques peu orthodoxes et personnes ne bronche que ce soient les cadres maliens ou le personnel en général.
D’ailleurs, certains pensent à une complicité des cadres maliens notamment le Directeur des ressources humaines tendant à précipiter la descente aux enfers de l’entreprise. Et le pas est vite franchi pour accuser le DRH d’avoir contribué au licenciement de près de 70 personnes à Manutentions africaines. L’homme est également indexé d‘une remise en cause de certains acquis du personnel, notamment les primes lors de sa négociation avec la direction.
Voilà pourquoi les grossistes et une part non négligeable du personnel invitent le Directeur général de BRAMALI à mettre un terme à cette situation intolérable. Ce d’autant plus que ce sont des milliers d’emplois qui sont créés par la société BRAMALI avec des centaines de millions FCFA comme impôts et taxes à l’Etat.
«Si cette entreprise va en faillite, ça sera un coup de massue pour l’économie malienne » ont-ils averti.
En tout cas, la rencontre d’aujourd’hui dite de dernière chance entre la Direction et le Collectif des grossistes permettra soit de sceller une fois pour tout le sort de BRAMALI ou de la donner un nouveau souffle. Mais à condition que la direction de la société fasse un repli stratégique…
Affaire à suivre.
Par Mohamed D. DIAWARA
Info-matin