J’ai participé avec le Djoliba, le seul club que j’ai connu, à plusieurs finales de la Coupe du Mali de football. Dans chaque pays où le football se pratique, il y a une Coupe nationale. Donc, la Coupe du Mali est la coupe nationale. La Coupe du Mali, après la fête de l’indépendance nationale célébrée le 22 septembre, c’est l’événement qui attire le plus de monde. Sur toute l’étendue du territoire, toutes les équipes participent à ses éliminatoires. Le souhait de tout joueur, c’est de jouer une finale de la Coupe du Mali et être le champion pour entrer dans les annales du football malien.
A défaut de remporter la Coupe du Mali, même dans les coins les plus reculés, tous ceux qui jouent une Coupe du Mali sont fiers de le faire. Car c’est une fête nationale, la fête du ballon rond.
Les matches des finales que j’ai eu à jouer ne se ressemblent pas. Souvent, nous jouions contre des équipes rivales comme il en existe dans tous les pays du monde, notamment le Stade malien de Bamako et l’AS Réal, l’outsider ; dès fois, c’est contre des équipes des régions qui, par la magie du football, arrivaient en finale. J’avoue que les finales, à notre temps, étaient formidables, à l’issue souvent pathétique. Jouer une, deux, trois, quatre et X fois des finales avec des succès et des défaites, c’est cela même qui fait la beauté du football.
A notre époque, quand on jouait, depuis l’annonce de la date de la finale, les états-majors se réunissaient. Et pendant toute une semaine, toutes les maisons, les voitures, sur toute l’étendue du territoire, chacun mettait l’effigie ou les couleurs de son équipe pour faire le tapage, l’animation. Vraiment, les finales des Coupes du Mali étaient des moments très importants pour tous les joueurs avec la concentration qu’il faut, les préparatifs des dirigeants, les supporteurs qui animent à leur manière avec les «dagas» (fétiches, Ndlr). Vraiment, c’était la fête, la véritable fête.
A part la fête d’indépendance, je n’ai pas vu une autre fête qui est célébrée autant que la finale de la Coupe du Mali. La Coupe du Mali, c’est la mobilisation générale des dirigeants, du ministère des Sports, de la Fédération malienne de football, des supporteurs et des joueurs qui avaient une pression terrible sur leurs têtes depuis l’annonce de la finale. C’était la fête de tout le peuple malien.
Pour moi, parler de football, parler d’un joueur dans son palmarès, c’est d’abord la Coupe du Mali, ensuite le championnat, puis les autres comme la Coupe d’Afrique. L’équipe qui arrive à gagner la Coupe du Mali ou le championnat sort en compétitions africaines. Mais, c’est la Coupe du Mali qui prime tout. Il y a beaucoup de joueurs, de grands joueurs qui sont partis en Europe et qui n’ont pas eu la chance de remporter une Coupe du Mali. Une fois que tu participes à la Coupe du Mali, ton nom sera gravé à jamais dans l’histoire du football malien. La finale de la Coupe du Mali est diffusée sur toute l’étendue du territoire national.
Les finales que j’ai eu à jouer et qui m’ont marqué, c’est d’abord en 1976. La finale Djoliba-Avenir de Ségou. Il y avait la tension entre des dirigeants et qui se sont répercutées sur la finale. Même au niveau du gouvernement, le problème était pris très au sérieux. Et ensuite, tellement il y avait la pression jusqu’au coup d’envoi, les joueurs ont subi des pressions terribles.
Ce qui fait que tous les joueurs ont donné le meilleur d’eux-mêmes. Au finish, c’est le Djoliba qui a remporté la coupe au bout de deux éditions : 0-0 et 2-1.
La finale de la Coupe du Mali de 1978 contre l’AS Réal était le prolongement de la finale de 1976 avec les mêmes pressions et son lot d’incompréhensions et de grande rivalité entre les dirigeants. En ce moment, il y avait trop de tensions dans le football à cause de la passion. Mais, c’est aussi ce qui fait toujours la beauté du football. Là aussi, le Djoliba avait enlevé le trophée au terme de la 2e édition : 1-1 puis 2-1.
Il y a eu une autre finale que je n’ai pas jouée parce que nous avons été éliminés aux préliminaires, mais qui m’a beaucoup impressionnée. Parce que cette finale a suscité la mobilisation de toute une région. C’était la finale qui a opposé l’AS Réal au Sigui de Kayes, en 1987.
Les ressortissants de Kayes à Bamako et sur tout le territoire ont pris cette finale à bras le corps. Et cela a payé, avec la victoire finale du Sigui par 2 buts à 1.
Il faut maintenir la Coupe du Mali dans le bon sens parce que sans la Coupe du Mali, le football malien n’est rien.
A la veille de cette édition qui oppose le Stade malien de Bamako à l’AFE, je profite de cette page pour adresser un message qui invite tous les acteurs du football malien, que ce soit les dirigeants, le ministère des Sports, les joueurs, femmes et hommes, les supporteurs, à relever les causes individuelles et collectives pour maintenir ou rehausser le niveau du football au Mali.
Je souhaite une bonne fête de football à tous les participants. Que le meilleur gagne !”
Réalisé par El Hadj A.B. HAIDARA
Source: Aujourd’hui-Mali