Le 22 mai 2025 à la Cour d’assises spéciale pour les crimes économiques et financiers : Bouaré Fily Sissoko, ancienne ministre de l’Économie et des Finances, est arrivée à son procès allongée sur une civière, recouverte d’un drap.
Il n’en fallait pas plus pour faire couler des larmes aux plus durs : est-on capables de cela aussi ?
Avant cette nouvelle phase du procès, les avocats de Bouaré Fily Sissoko avaient alerté la Cour sur son état de santé, plaidant pour un report ou un aménagement des conditions de comparution. Malgré ces demandes, aucun changement.
Transportée en ambulance médicalisée, elle est entrée dans la salle d’audience, pâle et immobile, allongée sur une civière. Sa présence dans ces conditions a suscité une vive émotion, certains membres du public allant jusqu’à quitter la salle en larmes.
Depuis cet épisode, les réactions fusent. Jamais un tel événement ne s’était produit dans un procès d’envergure au Mali. Les uns et les autres ont demandé et retenu les noms des membres de la Cour.
La scène de Bouaré Fily Sissoko a suscité des interrogations sur l’équilibre entre justice et humanité, notamment dans les procès impliquant des personnalités politiques. Cette comparaison souligne à quel point ce procès est historique et pourrait redéfinir les normes judiciaires au Mali et sociétales, en particulier sur la prise en compte de l’état de santé des accusés.
L’ancien ministre de la Justice et des droits de l’Homme, Me Malick Coulibaly, a exprimé son indignation dans une tribune intitulée « Tempérance pour Bouaré Fily Sissoko ». Il s’est dit profondément peiné de voir une femme âgée ayant servi l’État, allongée sur une civière devant ses juges.
Il suggère un système de vidéoconférence, permettant à l’accusée de suivre et participer aux débats depuis l’hôpital, à condition que son état le permette et dans le respect de sa dignité.
« Que Dieu confère aux sages de la Cour d’assises spéciale la lucidité de percevoir ce qui est juste, le courage de le défendre et la volonté de l’appliquer », a-t-il écrit.
Ousmane Mahamane
Encadré
D’autres témoins
Des ajustements ont été opérés dans la composition des juges : deux des quatre conseillers ont été remplacés. Avec la reprise du procès, une vingtaine de témoins de premier plan seront entendus, parmi lesquels : Moussa Mara et Oumar Tatam Ly, anciens Premiers ministres et Madani Touré, ex-ministre du Budget au moment des faits.
Le 2 juin 2025, un tournant décisif pourrait être pris. Le pays entier observe avec attention les suites de cette affaire judiciaire hors du commun.
- M.
Source : Mali Tribune