Pendant que nous écrivons ces lignes, le service des Douanes du Mali a fait monter la tension d’un cran en bloquant au poste de Nioro, plus de 60 cargaisons transportant de la pomme de terre en provenance du Maroc à destination de Bamako. Et cela, dans le but de couper cours à la concurrence avec la pomme de terre commercialisée par Modibo Keita, PDG de la société GDCM (Grand Distributeur Céréalier au Mali). Se pose alors la question de l’impact de cet imbroglio sur la coopération bilatérale entre le Maroc et le Mali.

Situation bien embarrassante, voire très délicates que celle que traversent actuellement le Maroc et le Mali. Le vent frais qui circule entre Rabat et Bamako a fini par geler les chaudes relations qui ont toujours uni les deux parties, symbolisée, entre autres, par des accords agricoles et les négociations avancées en cours pour un accord de libre échange. Autant dire que la coopération bilatérale ne tient qu’à un fil… diplomatique très tendu.

Pour la simple déraison que malgré la levée d’intention d’importation (signée en bonne et due forme par la DNCC, depuis le début du ramadan) des opérateurs économiques maliens, les Douanes du Mali ont décidé de bloquer  les véhicules transportant  de la pomme de terre, en provenance du Maroc pour Bamako. Afin de permettre à un coquin, d’écouler sur le marché malien, son produit jugé de piètre qualité par les consommateurs.

Avec cette stratégie, dans plus de 5 magasins de GDCM au Grand Marché de Bamako, tous remplis de pommes de terre pourries, de nombreuses femmes, n’ayant visiblement pas le choix, sont obligées d’en acheter. Depuis, le PDG du groupe, Modibo Keita, ne fait plus de cadeau puisqu’il est rassuré d’avoir le monopole de la vente de la pomme de terre au Mali.

De nos jours, le dédouanement d’un camion de pomme de terre avoisine les 3 millions FCFA, malgré les accords que le Mali a signés avec le Maroc concernant les échanges commerciaux.

  Tout cela à cause d’un homme qu’on veut protéger pour, dit-on, protéger la production intérieure. Les autres exportateurs ont été partout. Notamment, à la DNCC,  la CCIM, la Douane pour tenter de trouver une solution à cette situation. Mais il leur a été signifié que la décision vient d’en haut et qu’ils n’y peuvent rien.  Et c’est cette situation qui entraîne, aujourd’hui, une flambée des prix de la pomme de terre. Surtout qu’auparavant, avant la récolte chez GDCM, Modibo Keïta avait même envoyé des gens pour acheter de la pomme de terre dans les marchés de Sikasso. Tout cela pour avoir le monopole.

Toutefois, il semble évident que l’attitude relativement passive de Bamako et son manque d’attention dans la gestion de ce dossier ont fini par encourager la Direction des Douanes. Qui a fait monter la  pression d’un cran.

Jean Pierre James  

Source: Nouveau Réveil