C’est une tradition américaine. A chaque début d’année, le président s’adresse à la Nation, dans le discours sur l’état de l’Union. Ce mardi 28 janvier, Barack Obama se plie pour la sixième fois à l’exercice. Et c’est l’occasion de tracer une feuille de route pour les mois qui viennent. Après une année 2013 marquée par plusieurs échecs, Barack Obama est attendu au tournant. Il doit regagner la confiance des Américains et mobiliser ses troupes en vue des élections de mi-mandat de novembre prochain.
Ce discours sur l’état de l’Union (State of the Union address) est une tribune exceptionnelle. Quand le président prendra la parole à 21 heures (locales) depuis le Congrès, il sait que des millions d’Américains vont l’écouter. Mais il sait aussi que, d’après un récent sondage (Washington Post/ABC publié le 26 janvier 2014), il y en a 50% d’entre eux qui désapprouvent la manière dont il gouverne le pays.
Selon la Maison Blanche, ce sera un discours qui doit exprimer la volonté d’agir. Le président souhaite mettre le cap à gauche, réduire les inégalités sociales tout en continuant à relancer l’économie. Barack Obama veut faire oublier 2013, la première année de son second mandat qui a été marquée par plusieurs échecs : le début raté de la réforme de la santé, sans parler des projets de loi bloqués par le Congrès comme celui sur les armes à feu où l’aide aux chômeurs de longue durée.
Vers un virage volontariste
D’après les conseilleurs du président, Barack Obama pourrait se montrer plus offensif à l’égard du Congrès, voire le contourner pour faire passer des projets de loi. C’est ce qu’il a lui-même d’ailleurs laissé entendre il y a quelques jours : « J’ai un stylo et j’ai un téléphone, a-t-il prévenu l’opposition, et je peux utiliser ce stylo pour signer des décrets, des mesures administratives pour faire bouger les choses. »
Les démocrates saluent ce « virage » volontariste. « On espère qu’il se montrera plus dur avec les républicains qui ont empêché la mise en œuvre de ses initiatives », explique Constance Borde, présidente de Democrats Abroad en France. Les républicains, en revanche, considèrent l’annonce d’une gouvernance par décrets comme un aveu de faiblesse du président. Tom McGrath, président de Republicans Abroad en France, souligne que « les décrets n’ont pas le même impact qu’une loi et peuvent être abrogés par un président républicain ». Avant d’ajouter : « Cela montre aussi que le président ne croit pas vraiment que les démocrates puissent regagner le contrôle de la Chambre des représentants. »
Ce sont les élections de mi-mandat de novembre prochain qui vont rythmer l’agenda politique du président. Son discours aura donc forcément une connotation électorale car après tout, il doit aussi mobiliser ses troupes. Certains élus démocrates craignent que les ratages dans la mise en œuvre de la réforme de la santé puissent compromettre leur réélection lors des législatives de novembre prochain.
Consensus sur l’immigration
Malgré l’échéance électorale, il y a une réforme qui pourrait faire l’objet d’un consensus : il s’agit du chantier de l’immigration. Barack Obama souhaite faciliter la régularisation des sans-papiers, un projet sur lequel les deux partis pourraient s’entendre, estime le républicain Tom McGrath : « Le texte que le Sénat a adopté aura peu de chances d’être adopté à la Chambre mais le président va négocier un autre texte plus morcelé. Et il est dans l’intérêt des républicains de faire passer cette réforme. »
Coté démocrate, on se montre également confiant : « Oui, les deux partis vont s’entendre sur un projet de loi, assure Constance Borde, mais ce sera un compromis qui ne ressemblera pas au projet initial du président. »
Présidentielle en vue
De toute façon, le temps presse pour faire avancer les réformes. Après les élections de novembre prochain, les deux partis doivent commencer à préparer la présidentielle de 2016. Et côté démocrate, cela veut dire, construire l’héritage de Barack Obama : « On a deux ans pour montrer qu’il a été un bon président », explique Constance Borde.
Mais pour faire passer ce message, les démocrates doivent absolument garder le contrôle du Sénat. Sinon, souligne Tom McGrath, le président devient un canard boîteux, voire même « un homme du passé ». Et les débats risquent de se concentrer, selon lui, sur la prochaine présidentielle et « d’un futur duel entre Hillary Clinton et un candidat républicain qu’il reste à choisir ».
Source:RFI